Les eaux usées d'un million d'Américains contiendraient 13 millions de dollars de métaux précieux. © iStock Photos

La Belgique pourrait-elle s’enrichir grâce à ses eaux usagées ?

Stagiaire Le Vif

Selon une étude de l’Université d’Arizona, les eaux usées d’un million d’Américains contiendraient 13 millions de dollars de métaux précieux, dont de l’argent et de l’or. Un filon à exploiter, chez nous, pour renflouer les caisses ? Nous avons posé la question à François Dedoyard, chef adjoint de l’Intercommunale du Brabant Wallon (IBW).

En tant que membre de l’lBW, qui gère la plus grande station d’épuration du Brabant Wallon, le fait qu’il existe des métaux précieux (palladium, zinc, or…) dans les « eaux usagées » vous surprend-il ?

Non, ça n’est pas véritablement une grande nouvelle. Comme dans la terre, on trouve dans les boues issues des stations d’épuration toute une série de métaux précieux, ou non, en quantité plus ou moins importante.

Les particules métalliques qui arrivent par les eaux usées à la station ont plusieurs origines : incivilités (dépôts sauvages ou rejet à l’égout de produits), accidents, non-respect par des sociétés de leur permis de rejet d’eaux usées dans les égouts, lixiviats (liquide résiduel de produits chimiques) de décharge traité en station… En outre, beaucoup de matériels liés aux nouvelles technologies contiennent des éléments techniques constitués de métaux précieux (smartphone, tablette, écran plat). Si ces éléments ne sont pas convenablement recyclés, ils se retrouvent à terme dans les eaux de ruissellement, puis au niveau des stations.

Comment peut-on récupérer ces métaux ?

Les stations d’épuration sont constituées de bassins de décantation  » primaire » qui permettent de piéger les particules les plus importantes. Après le traitement biologique (étape principale de l’épuration), les boues biologiques constituées de bactéries sont séparées des eaux épurées par décantation « secondaire » (ou clarification). Les métaux qui pourraient se retrouver dans les eaux usées se retrouvent piégés dans ces bassins et donc dans les boues d’épuration qui vont soit en agriculture, soit en incinération.

Au Japon et aux États-Unis, certaines stations d’épuration commencent à extraire l’or des eaux usagées. Serait-ce possible en Belgique ?

Oui ce serait possible, mais pas rentable selon moi, car les quantités restent relativement faibles et nos stations sont de petite taille contrairement aux mégalopoles américaines et/ou japonaises. Les études mentionnées dans l’article parlent d’ailleurs de stations traitant l’eau de plus d’un million de personnes. Or, en Belgique, seule la station de Bruxelles est de cette taille.

Ensuite, c’est comme pour le traitement de l’eau : plus on va loin dans le traitement, plus cela coûte cher. Il faut donc être certain que le jeu en vaut la chandelle d’un point de vue économique. En plus, concernant les métaux précieux, je n’ai pas connaissance de technique actuelle disponible en Belgique qui permettrait de les récupérer. (Propos recueillis par A.V.)

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire