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Cinq ans après le tsunami, le point sur la situation à la centrale de Fukushima

Cinq ans après le tsunami de mars 2011, la centrale nucléaire Fukushima Daiichi n’est plus considérée comme une poudrière, mais si le danger est certes amoindri, il est impossible pour l’heure de prédire quand le Japon en aura fini avec cet accident d’une ampleur exceptionnelle.

– Réacteurs 1 à 3: ces trois unités, dont les coeurs ont fondu au moment de l’accident, sont toujours continuellement refroidies et le déblayage alentour se poursuit pour diminuer les radiations. Des robots télécommandés sont envoyés régulièrement dans les installations pour y retirer des décombres et effectuer différents examens afin de préparer des investigations plus cruciales sur la localisation précise du combustible fondu. Ces données doivent permettre par la suite de développer des procédés et technologies afin d’extraire ces « débris », opération la plus délicate et la plus longue dans le processus de démantèlement qui doit durer 40 ans.

Tepco a avoué il y a quelques jours que la fusion du coeur de ces réacteurs aurait pu être reconnue dès les premiers jours de l’accident, alors que le groupe avait refusé pendant deux mois de valider cette hypothèse formulée par divers experts extérieurs.

Les piscines de désactivation de ces réacteurs sont aussi refroidies avec une température maintenue entre 10 et 25°C.

– Réacteur 4: vide au moment du tsunami, son coeur n’a pas fondu. Toutefois, sa piscine de désactivation, pleine et fragilisée, représentait un important danger qui a été supprimé par le retrait, achevé en décembre 2014, des 1.533 assemblages de combustible qui s’y trouvaient.

Tepco effectue les préparatifs pour retirer aussi dans les prochaines années le combustible usé des autres piscines 1 à 3.

– Les réacteurs 5 et 6, plus à l’écart, ont été moins touchés et ne présentent pas les mêmes difficultés.

De l’eau toujours stockée

Quelque 810.000 mètres cubes d’eau sont stockés dans des cuves et citernes de différents types sur le site, et 61.000 m3 dans les bâtiments et tranchées sous la centrale.

Une grande partie de cette eau a été débarrassée de l’essentiel de ses éléments radioactifs, mais elle n’est pas pure au point d’être relâchée dans la nature. Il est toutefois fort possible, comme le recommandent nombre d’experts, qu’elle soit un jour déversée en mer, malgré la présence de tritium, compte tenu de l’impossibilité physique de la garder dans de telles conditions à long terme.

Le volume à stocker augmente en permanence, même si a été mise en place une déviation en amont qui permet de réduire la quantité d’eau souterraine nouvellement contaminée au contact des installations souillées lors de sa descente de la montagne vers la mer.

En attendant, Tepco doit réduire la vulnérabilité du site aux catastrophes naturelles et veiller en permanence pour que ne se produisent pas des fuites.

Par ailleurs, « la construction d’un mur de glace souterrain autour des bâtiments (gel du sol pour bloquer le flux vers l’Océan) va bientôt concrètement commencer et le pays s’impliquer pleinement dans la résolution de la crise de l’eau », a promis jeudi le Premier ministre Shinzo Abe.

Le gouvernement assure que « la radioactivité est pour ainsi dire absente en dehors du port de la centrale ».

Se pose aussi le problème du maintien d’intervenants compétents sur place pendant des décennies alors que les jeunes renâclent à entrer dans ce secteur discrédité aux yeux de la population.

Le contrôle strict de leur exposition aux radiations est un véritable défi.

En 5 ans depuis mars 2011, 46.490 personnes ont travaillé à Fukushima daiichi. Selon les évaluations de Tepco, 174 ouvriers ont été exposés à hauteur de plus de 100 millisieverts (msV), la limite quinquennale des travailleurs du nucléaire, et 9.624 ont reçu plus de 20 msV.

Quelque 7.000 à 8.000 personnes de centaines d’entreprises oeuvrent chaque jour dans des conditions qui restent pénibles mais se sont améliorées ces deux dernières années, grâce à une réduction de la radioactivité ambiante sur deux tiers du site et la construction de salles de repos.

Toutefois, comme l’ont rappelé plusieurs accidents mortels, la stricte vigilance ne peut en aucun cas être relâchée.

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