Gérald Papy

Un Nobel pour la paix en Syrie

Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) est couronnée par le comité norvégien. Après l’UE, c’est une autre institution qui est consacrée. Elle oeuvre à la destruction des armes chimiques en Syrie, petit pas vers la paix.

Après l’Union européenne en 2012, le comité norvégien du prix Nobel de la paix poursuit la promotion des institutions internationales en consacrant cette année l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC). Cette instance de l’ONU a été créée en 2007 pour vérifier et promouvoir l’application de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques signée en 1993. Le couronnement de l’Union européenne, légitime en soi, avait été critiqué en 2012 parce qu’apparaissant en contradiction avec une actualité fort marquée par la politique européenne d’austérité et ses ravages sur les populations de certains pays du Sud de l’Europe. Le sacre de 2013 évite ce reproche puisque l’actualité de la crise syrienne et du travail des inspecteurs de l’OIAC sur le terrain reflète opportunément la mission du lauréat. Mais, on pourra regretter que, par cet ancrage trop circonstanciel, la décision des experts du Comité Nobel manque de souffle et d’audace. Même si on perçoit que c’est l’action de l’OIAC depuis sa création qui est honorée.

Le comité Nobel est dans son rôle quand il sacre l’instrument d’un processus qui a évité une aggravation du conflit en Syrie. L’accord entre Américains, Russes et Syriens sur le démantèlement et la destruction de l’arsenal chimique du régime de Bachar el-Assad a repoussé la menace d’une intervention armée que les Etats-Unis et la France avaient agitée après le massacre au gaz sarin d’habitants de la région de la Ghouta, à l’est de Damas. Il prévoit l’élimination de ces armes d’ici au 30 juin 2014. Un défi que les inspecteurs de l’OIAC auront sans doute de la peine à relever vu le contexte de leur mission. Les affrontements n’ont en effet pas cessé entre l’armée gouvernementale et les rebelles en Syrie.
Si le message du comité Nobel stigmatise l’attitude du régime syrien (premier suspect de la tuerie de la Ghouta sans qu’une preuve définitive de sa responsabilité ait été apportée), il accorde aussi un soutien à son principal allié, la Russie à l’origine de cette sortie de crise diplomatique. Certains avaient même proposé Vladimir Poutine comme lauréat du Nobel de la paix. Une perspective que ne pouvait pas raisonnablement envisager le comité Nobel. Il lui a préféré un lauréat consensuel, même si, en Syrie, l’action de l’OIAC n’est qu’une contribution partielle à une paix véritable.

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