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Uber remplacera-t-il les bus De Lijn en zone rurale?

Plusieurs députés flamands du CD&V ont proposé samedi de remplacer quelques services de transport par bus de De Lijn en zone rurale par le dispositif de ride-sharing de la multinationale américaine Uber.

Leur proposition étayée dans le quotidien De Morgen ne convainc pas le sp.a, dans l’opposition au parlement flamand. Celui-ci soupçonne le gouvernement flamand de vouloir démanteler l’offre de transport public dans une grande partie de la Flandre rurale.

« Uber est une meilleure alternative que le bus à la demande », a expliqué le député CD&V Dirk de Kort, convaincu que le service proposé par Uber peut renforcer le transport en commun.

Les députés CD&V cités par De Morgen veulent encadrer les pratiques d’Uber à l’aide d’un « cadre légal minimum » pour « garantir la sécurité des passagers et assurer la concurrence dans le secteur du taxi ».

A la fin du mois de mars dernier, des députés de la majorité flamande N-VA/CD&V/Open Vld ont déposé une proposition de résolution au parlement flamand destinée à « donner aux nouveaux opérateurs de la mobilité une chance de pouvoir entrer dans l’histoire de la mobilité en Flandre », a quant à elle précisé samedi la députée N-VA Annick De Ridder.

Ce texte demande au gouvernement flamand d’adapter la législation sur le transport rémunéré des personnes pour autoriser l’innovation dans ce secteur, en concertation avec les utilisateurs, les fédérations, le secteur des taxis, les prestataires des plate-formes web de car-riding telles qu’Uber, les centres urbains, …

De son côté, le député Joris Vandenbroucke (s.pa) n’est pas du tout partisan de la proposition des quelques députés CD&V de remplacer quelques services de bus à la demande en zone rurale par le dispositif d’Uber, qui ne tient notamment « pas du tout compte de la nécessité de disposer d’un transport public payable et accessible », particulièrement indiqué pour une famille flamande sur six, privée de voiture.

Réaction de la FGTB transport

L’Union Belge des Ouvriers du Transport, centrale FGTB du secteur, s’est montrée très critique, à l’égard de cette proposition. « L’obsession des économies à réaliser motive certains à même collaborer avec des entreprises qui outrepassent la loi et organisent le dumping social », a ainsi commenté samedi le co-président de l’UBOT, Frank Moreels. Pour lui, la proposition émanant des rangs du CD&V défie toute imagination. A ses yeux, Uber n’est guère autre chose qu’une « multinationale qui enfreint la loi à dessein », recourt au service de conducteurs qui n’apportent aucune preuve de compétence et sont donc mal formés, ne disposent d’aucune certification médicale et représentent donc un risque sur le plan de la sécurité pour les passagers.

Le représentant du syndicat socialiste s’est par ailleurs demandé si les défenseurs d’Uber avaient conscience que la multinationale américaine ne fonctionnait qu’à l’aide de smartphones et de cartes de crédit. « Est-on conscient que les gens moins bien nantis et les plus âgés ne disposent pas de tels outils? Le transport public devient-il une affaire pour urbains jeunes et branchés? Ou prenons-nous tout le monde dans le bus », a encore demandé Frank Moreels. Celui-ci a enfin souligné que les chauffeurs de bus des sociétés privées qui assurent actuellement à peu près 500% de l’offre de De Lijn, « et certainement ceux qui affichent de nombreuses années de bons et loyaux services à bord de bus à la demande étaient très inquiets de la politique défendue par De Lijn et par le gouvernement flamand ».

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