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Trop de N-VA ne tue pas la N-VA

Nombre de politiques francophones optent pour la confrontation directe avec la N-VA. Une stratégie qui n’aide pas les opposants flamands aux nationalistes. Bien au contraire.

Les attaques francophones contre la N-VA créent l’impression que les partis flamands ne sont pas assez intelligents pour mener eux-mêmes leur propre lutte politique. En outre, elles renforcent l’image de Calimero du parti de Bart De Wever, une image qui permet généralement de marquer des points en Flandre. Les francophones ont moins à pâtir des conséquences électorales de leur stratégie anti-N-VA que les partis flamands.

L’approche flamande paraît donc meilleure que l’approche francophone. Au Nord, il semble se dessiner un revirement depuis la fin de l’année dernière. L’Open VLD et le CD&V surtout, les deux partis qui souffrent le plus du succès électoral de la N-VA, ont ajusté leur stratégie. Groen et le SP.A continuent de privilégier la confrontation directe, mais là aussi, d’autres voix commencent à s’élever. Ainsi, jusqu’en 2014, Johan Vande Lanotte ne veut plus parler de la N-VA, mais uniquement de son propre parti et du gouvernement. Cette approche paraît forcée et intenable, et peut sembler naïve : comme s’il suffisait de faire l’impasse sur un problème – car pour les autres partis, la N-VA en est un – pour qu’il disparaisse comme par enchantement.

Mais dans le fond, c’est le même message qui prévaut : ne nous focalisons plus sur la N-VA, cessons de réagir aussitôt à tout ce que dit ou fait ce parti et donc cessons de lui donner plus d’importance qu’il n’en a. Ne suivons plus la N-VA dans le débat, mais partons de notre propre force, de nos propres thèmes. Par cette nouvelle approche, les autres partis attirent la N-VA sur des terrains où ils peuvent montrer la même force, par exemple sur l’aspect socio-économique ou sur ce qu’il faut faire en Flandre de toutes les nouvelles compétences. Non pas que la N-VA affiche une plus grande faiblesse sur des thèmes autres que communautaires ou institutionnels, mais dans ces domaines, les autres partis se présentent au moins sur un pied d’égalité.

Même dans son « core business » – le revirement confédéral -, le parti de De Wever aura moins l’occasion de jouer son propre match. Wouter Beke (CD&V) a déjà donné à entendre qu’aucune réforme de l’Etat ne figure à l’agenda de son parti pour 2014. Kris Peeters (CD&V aussi) a proposé d’entamer éventuellement la discussion sur cette réforme de l’Etat au sein du nouveau Sénat. Bref : pour les démocrates-chrétiens flamands, la réforme de l’Etat n’est pas un thème pour la campagne ou la formation du gouvernement. Il sera dès lors plus difficile pour la N-VA de maintenir vivace ce thème, son thème, à défaut d’interlocuteurs.

Cette approche s’inscrit dans le prolongement de ce que les politologues appellent la « issue ownership theory ». Selon cette théorie, un parti qui est associé à un thème par les électeurs, comme s’il en était le propriétaire, est souvent considéré par ceux-ci comme plus crédible dans la discussion portant sur ce thème. Ce parti a donc le vent en poupe. Il est difficile d’établir quand un parti remporte ou perd une discussion, généralement les partisans et les opposants en ont une vision différente. Des études révèlent cependant que ceux qui peuvent déterminer les thèmes des discussions se présentent en position de force aux élections.

Le renoncement à la confrontation directe décidée par les partis flamands peut donc, sur le plan électoral, se révéler plus payant que la confrontation directe plaidée par les francophones. Plus on parle de la N-VA, plus la N-VA constitue un thème incontournable.

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