« Tant que des doutes existent, Tihange 2 devrait être mise hors service »

Oliver Paasch, le ministre-président de la Communauté germanophone, estime que la centrale nucléaire de Tihange 2 ne devrait pas être raccordée au réseau tant qu’existent des craintes quant à sa sécurité.

Aussi longtemps que des craintes existent quant à sa sécurité, la centrale nucléaire de Tihange 2 devrait être mise hors service et ne pas être raccordée au réseau, a déclaré mardi Oliver Paasch, le ministre-président de la Communauté germanophone, à l’issue d’une réunion entre des représentants de l’Euregio Meuse-Rhin, qu’il préside actuellement, et le ministre de l’Intérieur Jan Jambon. Cette position est partagée par l’ensemble de ce territoire comprenant le district de Cologne pour l’Allemagne, la province de Limbourg pour les Pays-Bas et les provinces de Liège, de Limbourg et la communauté germanophone pour la Belgique.

Jan Jambon s’est engagé à ce que les pays voisins de la Belgique puissent envoyer de façon illimitée des experts indépendants que ces Etats auront désignés dans les centrales nucléaires de Doel 3 et Tihange 2, touchées par des microfissures dans la cuve du réacteur.

Oliver Paasch a qualifié l’entretien de très franc et constructif, où la délégation a pu exprimer ses craintes et ses préoccupations. « Je suis très content de cette ouverture, qi n’était pas là dès le départ. Des doutes subsistent cependant toujours, surtout au niveau de la sécurité de ces réacteurs. L’Etat fédéral doit les prendre au sérieux. Nous avons besoin d’experts indépendants en la matière afin d’établir cette sécurité de façon contradictoire et objective et rassurer la population », a expliqué le ministre-président. Il a ajouté que le ministre de l’Intérieur n’avait pas formulé la moindre restriction à de telles visites, « bien au contraire ».

Il reste cependant à fixer un échéancier pour ces inspections. Ce n’est qu’une fois celles-ci effectuées et que les conclusions des experts indépendants auront été analysées que l’Eurégio acceptera le redémarrage des deux centrales.

La rencontre a permis aux représentants de ce territoire de faire entendre les craintes de la population. « L’entretien a particulièrement contribué à faire comprendre au ministre ce qui se passe dans nos régions. M. Jambon prend très au sérieux le concept de transparence et reconnaît les inquiétudes et angoisses de la population », s’est félicité Helmut Etschenberg, préfet de la région urbaine allemande d’Aix-la-Chapelle, frontalière de la Belgique. Celle-ci a introduit il y a une quinzaine de jours un recours devant le Conseil d’Etat contre l’autorisation de redémarrer le réacteur nucléaire de Tihange.

Une plainte à laquelle ne s’est pas jointe la communauté germanophone de Belgique. « Elle existe de toute façon. Notre adhésion n’y apporterait rien de plus. Nous ne savons pas non plus quels malentendus nous pourrions provoquer au sein de la population en agissant de la sorte », a justifié Oliver Paasch.

Selon le ministre-président, si sa communauté agissait de la sorte, « ce serait une première dans notre histoire. Cela n’est même pas envisageable car cela nous fermerait toutes les portes de la concertation en interne », a-t-il poursuivi.

« On nous affirme que Tihange 2 est aussi sûr que les autres centrales nucléaires en Allemagne. Mais j’ai besoin d’avoir un contrôle contradictoire d’une telle affirmation », a-t-il encore insisté.

Wolfgang Renneberg, membre du Bureau allemand de la sécurité nucléaire (Büro für Atomsicherheit), a abondé dans son sens. « Un réacteur avec des microfissures, c’est un cas qu’on n’avait jamais rencontré jusqu’à présent. La dangerosité des centrales n’a pas été chiffrée. Notre but n’est pas d’écarter certains experts mais de connaître les bases qu’ils ont utilisées », a assuré ce physicien, qui faisait partie de la délégation de l’Eurégio.

« On sait que la sécurité d’une centrale nucléaire n’est jamais absolue mais que les risques sont acceptables. Mais on ne nous donne pas d’informations sur ces risques. Et il faut que la population les connaisse », a-t-il conclu, plaidant pour une meilleure communication à l’attention de cette dernière.

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