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Stib : les coulisses de l’après-Flausch

Alain Flausch quittera ses fonctions de directeur général de la Stib en décembre. Qui pourrait le remplacer à la tête du mastodonte bruxellois, où les Flamands ont renforcé leur influence ?

Secrétaire général d’une organisation internationale : voilà une sinécure qui séduit de plus en plus de Belges ces temps-ci ! A la mi-septembre, on apprenait qu’Yves Leterme (CD&V), Premier ministre démissionnaire, quittait la vie politique belge avant la fin de l’année pour devenir, à Paris, secrétaire général adjoint de l’OCDE, l’Organisation de coopération et de développement économiques. Le 1er août, la présidente du SPF Mobilité et Transports, Carole Coune (PS), prenait, à Paris elle aussi, ses nouvelles fonctions de secrétaire générale du Forum international des transports (FIT). Jamais deux sans trois : dans le courant du mois de décembre, Alain Flausch (étiqueté MR), qui vient de démissionner avec fracas de son poste de patron de la Stib, deviendra secrétaire général de l’Union internationale des transports publics (UITP), organisation dont il était le président depuis 2009.

A la Stib, on nous confie que le « boss » n’était plus très présent dans la maison depuis quelques années déjà. « Souvent en mission à l’étranger, notamment pour l’UITP, il a laissé les commandes de la Stib au CD&V Kris Lauwers, un ancien du cabinet Chabert, bombardé directeur général adjoint sans procédure sérieuse de recrutement », glisse un administrateur. Cette situation se serait traduite par un renforcement de l’influence flamande à la Stib, selon notre interlocuteur.

D’autant que la société a pour ministre de tutelle Brigitte Grouwels (CD&V), considérée comme le « cheval de Troie » de la Flandre à Bruxelles. « Deux membres du cabinet Grouwels, le commissaire du gouvernement Jozef Ostyn et le chargé de mission Johan Van Looy, n’interviennent au conseil d’administration de la Stib que pour défendre les intérêts flamands, explique l’administrateur. Le lancement, en catimini, d’une ligne de bus express entre la gare de Jette et l’UZ Brussel, destinée aux travailleurs flamands, est l’une des dernières manifestations de cette influence flamande. Les bus étaient déjà équipés quand le projet a été stoppé. »

Pour remédier à ce déséquilibre, il est question d’entourer le successeur de Flausch, en principe un francophone, de deux directeurs généraux adjoints au lieu d’un : un néerlandophone et un francophone. « Ce n’est pas prévu dans les statuts, mais la désignation récente de cinq senior vice-présidents pour former le nouveau comité exécutif ne l’était pas non plus », constate une source interne.

Dans l’immédiat, le gouvernement régional a chargé Brigitte Grouwels d’organiser la succession de Flausch. La procédure de sélection visera à trouver un manager capable de diriger l’entreprise publique bruxelloise et ses 6 800 employés. « Juriste venu du privé, Flausch avait une vision de l’avenir de la Stib, mais cet homme impulsif s’est mis à dos le personnel et les syndicats, remarque un cadre de la société. Il avait aussi trop tendance à faire le pied de nez aux ministres bruxellois et à son conseil d’administration, mis devant le fait accompli pour des nominations. Il est entré en conflit frontal avec Ridouane Chahid, vice-président PS du conseil, très attentif au respect du contrat de gestion. »
Avant Flausch, les directeurs généraux de la Stib ont toujours été des ingénieurs, qui avaient fait toute leur carrière dans la société. Pour sa succession, il serait question de renouer avec cette tradition. On cite notamment le nom de Luc Bioul, le directeur du métro, dans le sérail depuis vingt-sept ans. Mais d’autres chefs de département, dont des proches de Flausch, pourraient également se porter candidats.

OLIVIER ROGEAU

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