« Soyons honnête : l’afflux de réfugiés constitue un défi économique énorme »

« Le sentiment de solidarité spontané de milliers de personnes qui apportent des vêtements et de la nourriture aux réfugiés est beau, mais il faut plus que ça. Beaucoup plus » écrit Ewald Pironet.

« L’Europe est de loin le continent le plus riche du monde, c’est un lieu de paix et de stabilité » a déclaré le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, la semaine passée. « Nous devons aider les gens qui fuient la guerre et l’oppression ». Quelques jours plus tard, l’Allemagne a décidé de réinstaurer les contrôles frontaliers avec l’Autriche et de freiner l’afflux massif de réfugiés. Ainsi, la chancelière allemande Angela – « Mutti » – a fait savoir que seule une approche européenne de la crise des réfugiés pouvait fonctionner.

La solidarité avec les gens qui fuient la guerre et la violence exige une solidarité entre les états membres européens et celle-ci est inexistante. Aujourd’hui, l’Union européenne fait preuve d’  » étroitesse d’esprit en 28 nuances » comme l’écrivait The New York Times. Un nouveau départ avec quelques pays noyaux comme l’Allemagne, la France et les pays du Benelux est ce qui peut lui arriver de mieux.

Personne n’a dit que la solidarité avec les réfugiés serait facile. Le sentiment de solidarité spontané de milliers de personnes qui apportent des vêtements et de la nourriture aux réfugiés est beau, mais il faut plus que ça. Beaucoup plus. Les réfugiés reconnus doivent trouver une place dans notre société. Les aider à trouver du travail est primordial. Les organisations d’employeurs FEB et Voka ont rapidement déclaré qu’elles étaient prêtes à aider. Unizo a installé une tente sur la place Maximilien pour informer les réfugiés sur ce qu’ils doivent faire pour commencer une entreprise ou trouver un emploi. On n’a presque pas entendu les syndicats. S’agit-il de protectionnisme social ? Craignent-ils que les réfugiés soient des concurrents bon marché sur le marché de l’emploi? Les syndicats ratent l’opportunité de se montrer solidaires à l’égard des plus faibles, car ce sont des gens qui fuient la guerre et les violences.

Soyons honnêtes: l’afflux de migrants représente un défi économique énorme

Soyons honnêtes : l’afflux de migrants représente un défi économique énorme. « Il arrive à un moment où le chômage est gigantesque, où les emplois sous-payés progressent et où l’automatisation poussée risque de faire encore plus de victimes » écrit le politologue Jonathan Holslag dans Knack.

Ce qui est beaucoup plus grave, c’est que l’emploi dans le secteur privé belge a baissé de 58 000 emplois depuis 2007. Les nouveaux jobs sont entièrement ou en grande partie subsidiés par l’état. Il s’agit de travail à l’état, dans l’enseignement, les soins de santé, la prestation de services sociaux et via les titres-services. En soi, c’est défendable, mais difficile à maintenir budgétairement si on ne crée pas suffisamment d’emplois dans le secteur privé. C’est là le grand défi auquel nous sommes de toute façon confrontés, et qui est encore plus considérable avec les réfugiés.

Le gouvernement Michel a fait de la création d’emplois son objectif principal. Pour cette raison, il a baissé la cotisation patronale pour la sécurité sociale de 33 à 25% du salaire brut, ce qui doit rapporter 25 000 nouveaux emplois. Il est incompréhensible que les organisations d’employeurs ne se soient pas engagées concrètement à ce moment-là et qu’elles n’aient rien dit d’autre que « tout dépend de la conjoncture ».

C’est clair: l’intégration et l’accueil de réfugiés coûtent de l’argent. D’après le premier ministre Charles Michel (MR), l’impact sur le budget belge sera de 280 millions d’euros supplémentaires cette année et de 600 millions d’euros l’année prochaine. D’après certaines estimations, la crise des réfugiés nous coûtera un milliard cette année.

L’année dernière, tous les niveaux de pouvoir de Belgique ont dépensé 218 milliards d’euros. Comparé à cette somme, le montant qu’il faut dégager pour accueillir et intégrer les réfugiés n’est pas très important, mais il faut le trouver. Nos gouvernements sont confrontés à des choix difficiles, car abandonner des personnes qui fuient la guerre et les persécutions à leur sort serait inacceptable.

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