Jacqueline Galant, ministre de la mobilité (MR) © BELGA/Dirk Waem

SNCB: Galant ne compte rien changer malgré la grève

« Le gouvernement ne va pas adapter son plan stratégique, ce serait une erreur », a indiqué jeudi à la Chambre la ministre de la Mobilité Jacqueline Galant interrogée sur la grève qui a partiellement paralysé le rail mercredi et jeudi, singulièrement dans la partie sud du pays.

La ministre MR a rappelé son ambition de mettre fin au gaspillage, moderniser l’entreprise en réalisant des économies, augmenter la productivité, améliorer la sécurité et la qualité du service.

L’appel à la mise en place d’un conciliateur social en cas de renoncement aux actions reste de mise, a-t-elle dit alors que le préavis de grève vaut pour cinq jours et que certains se disent prêts à des semaines d’actions.

Concernant le régime de travail des cheminots, Mme Galant a reformulé son intention de « corriger des anomalies » et de procéder à des « adaptations de la réglementation en vigueur » (calcul de jours de récupération, Ndlr) sans remettre en cause les 36 heures de travail par semaine ni d’autres avantages.

Elle a regretté l’impact économique de la grève, 40 millions d’euros par jour, soit 80 millions sur deux jours – selon des chiffres déjà donnés par le FEB – des milliers de navetteurs sur les routes et des étudiants stressés.

« Le problème, ce ne sont pas les économies mais les syndicats »

« Le problème, ce ne sont pas les économies mais les syndicats », a dénoncé la députée N-VA Inez De Coninck défendant la proposition de son président de parti Bart De Wever de scinder les lignes de chemin de fer à Bruxelles. « Voulez-vous que les navetteurs flamands restent les otages des syndicalistes wallons? », a-t-elle notamment lancé au sp.a. Disant regretter la grève mais comprendre l’inquiétude, le député David Geerts avait fustigé la proposition du « vrai premier ministre », celui qui appelle à « une Flandre indépendante, sans syndicats et sans socialistes ».

Ironique, Laurent Devin (PS) a remercié Inez De Coninck pour avoir « éclairé » ce qui se dessinait dans l’ombre, la régionalisation du rail. « Oui, le rail doit être régionalisé, il n’y a plus de place pour la concertation sociale, les extrémistes de gauche et les socialistes doivent arrêter de parler, la politique du rail national est terminée », a-t-il observé. Il a également pris à partie le CD&V qu’il a vu ennuyé par le discours nationaliste. Regrettant la grève et ne la comprenant pas, le chef de groupe CD&V Servais Verherstraeten a lancé à tous les acteurs un appel au dialogue et à la recherche de solutions. « Il ne sert à rien de crier et de se lancer des anathèmes, et je le dis aussi à certains dans la majorité, donner du gaz et jeter de l’huile sur le feu n’apportera aucune solution », a-t-il averti.

« Cette grève, c’est aussi votre échec »

Mais pour le député Gilles Foret, c’est au contraire le « flou » syndical (les ailes wallonnes ont maintenu les actions de grève, aux contraires de leurs consoeurs flamandes) qui a « entraîné un débat sur la régionalisation du rail que ne souhaite pas le MR ». Selon lui, ceux qui veulent défendre l’image positive du pays sont aujourd’hui « pris en otage par certains syndicats ». La grève n’est plus le dernier recours mais un « outil de chantage et de pression », a-t-il dénoncé.

« Cette grève, c’est aussi votre échec », a pour sa part jugé Georges Gilkinet (Ecolo), rappelant la responsabilité de la ministre de la Mobilité dans les choix budgétaires (2,5 milliards d’euros d’économies) et organisationnels. Le député écologiste a appelé Jacqueline Galant à cesser l’opposition entre cheminots et navetteurs et à sortir de la « logique mortifère » de son plan pour le train.

Le porte-parole du PTB Raoul Hedebouw a dénoncé le « scandale démocratique » de la non communication au parlement du nombre de travailleurs en moins à la SNCB d’ici 2019 (on évoque 6.000 personnes). Le député d’extrême gauche a promis de mobiliser les usagers des services publics face à cette « manière thatchérienne » de pousser à la réalisation du plan du gouvernement.

Le fond du problème, c’est l’absence de moyens, a constaté Isabelle Poncelet (cdH), qualifiant d' »irrespectueuse et absurde » la réponse apportée par la ministre aux cheminots et aux voyageurs.

Jacqueline Galant a également dit avoir été informée par Infrabel de « l’échec de 9 mois de négociations sur le service garanti », prévu par l’accord de gouvernement. « Vu le contexte, nous apprécierons les modalités et le moment de mise en oeuvre de ce service », a-t-elle indiqué alors que la députée Open Vld Sabien Lahaye-Battheu a pressé la commission de la Chambre de se réunir prochainement sur le projet du gouvernement en la matière. Elle a également appelé la Chambre à se saisir de sa résolution sur l’organisation d’élections sociales à la SNCB, ce à quoi a également appelé la N-VA.

Toujours aucun train sur les principaux axes wallons; 65% des trains circulent en Flandre

Aucun train n’a circulé, jeudi entre 16 et 17h00, sur les principaux axes ferroviaires wallons tandis qu’au nord du pays, 65% des trains ont assuré leur liaison durant ces heures de pointe. Au niveau national, « un peu moins de 40% des trains circulent sur les grands axes », selon les chiffres communiqués par la SNCB jeudi en début de soirée.

En Wallonie, « aucun train ne circule sur les axes Namur-Bruxelles, Charleroi-Bruxelles, Liège-Bruxelles ainsi que sur la dorsale wallonne ou encore entre Namur et Arlon. Cependant, un train circule entre Libramont et Arlon via Virton et un autre devrait prochainement effectuer la relation entre Arlon et Luxembourg », précise la compagnie de chemins de fer.

La situation est plus favorable en Flandre, « même si l’axe Bruxelles-Louvain(-Landen) reste perturbé, avec 40% des trains qui roulent ». Par ailleurs, un peu moins d’1 train sur 2 circule sur la ligne Anvers-Bruxelles (qui s’arrête à Charleroi) et d’autres lignes en Flandre sont également légèrement perturbées en raison des liaisons avec des villes wallonnes. C’est notamment le cas des lignes Welkenraedt-Courtrai ou Eupen-Ostende.

Enfin, un peu moins d’un un train sur deux assure la liaison avec l’aéroport de Bruxelles-National.

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