Michel Delwiche

Ryanair, des nuages dans le ciel de Charleroi ?

Michel Delwiche Journaliste

Ryanair annonce l’ouverture de dix nouvelles lignes, au départ de… Zaventem. Dont les dirigeants ne « savaient rien » et disent que Ryanair n’est pas le bienvenu. Grosse colère d’André Antoine, partisan d’un partage du ciel entre les lignes régulières à Bruxelles et les compagnies low-cost à Charleroi. Où on se demande ce qui va se passer.

Ryanair ouvre des lignes à Bruxelles National. Et alors?
On peut faire confiance à Michael O’Leary: il ne va pas se tirer une balle dans le pied en se concurrençant lui-même. Par contre, s’il peut gagner un cent de plus, il le fera, comme il l’a toujours fait. Or, il existe une clientèle potentielle pour des vols au départ ou vers Bruxelles, capitale de l’Europe, c’est la clientèle du monde économique, des affaires et des entreprises, qui ne veut plus se permettre d’acheter cher des vols luxueux, mais est néanmoins prête à payer un peu plus pour voler de capitale à capitale.

Ryanair annonce donc des vols Zaventem-Fiumicino (les aéroports sont déjà sur son site internet) qui sont de vrais vols Bruxelles-Rome destinés à des voyageurs qui n’ont pas envie d’attendre parfois longtemps une place dans un autocar qui les emmènera (en une heure) vers le départ, et pareil à l’arrivée.

Ce qui est le cas pour Gosselies et Ciampino, les aéroports de base Ryanair de Bruxelles-Sud et du sud de Rome. Time is money, et une soixantaine d’euros de suppléments (les fameuses taxes d’aéroport) compenseront largement le temps regagné.

Affaires et tourisme

Ryanair ne devrait donc pas délaisser l’aéroport de Charleroi, et dit vouloir plutôt y ajouter cette clientèle particulière. Mais évidemment, l’exemple de Jetairfly suscite des craintes. Au début de ce mois, la compagnie a en effet annoncé qu’elle allait délocaliser de Liège à Bruxelles ses vols vers Tel Aviv, en Israël, tout en maintenant à Liège ses autres destinations. Elle expliquait que cette décision correspondait aux souhaits du marché, et que les vols vers la capitale israélienne ne concernaient pas que les touristes. Ce matin, Michaël O’Leary, le patron de la compagnie irlandaise, a affirmé qu’il y aurait « un marché pour Zaventem et Charleroi », mais il a aussi annoncé d’autres destinations au départ de Bruxelles, qui ne sont pas toutes des capitales ni des destinations d’affaires. Ibiza, Venise ou Palma de Majorque sont purement touristiques.
La réaction de BAC (Brussels Airport Company) est surprenante. Ryanair annonce son arrivée imminente, mais la direction de BAC dit n’être au courant de rien! Et ajoute que, même s’il ne peut refuser l’accès à ses pistes, « Brussels Airport ne peut que désapprouver les manoeuvres de Ryanair dont la présence à Brussels Airport ne cadre pas avec la stratégie de développement de l’aéroport ». BAC qui accueille néanmoins easyJet, autre compagnie low cost qui s’est développée sur le même segment des vols européens que Ryanair.

La colère d’André Antoine

Encore plus surprenante la réaction d’André Antoine, qui plaide pour un partage du ciel entre low-cost et lignes régulières entre Charleroi et Bruxelles, mais qui oublie qu’il a lui-même tenté d’attirer Brussels Airlines à Charleroi. On sait que le ministre CDH wallon des aéroports a la tête près du bonnet, mais la rapidité et la virulence de sa réaction d’hier ont surpris. Ryanair a décidé, ok, cela relève de sa stratégie commerciale, expliquait-il dans un communiqué, mais il s’en prenait aussitôt à « l’attitude déloyale de Brussels Airport Company qui attaque à intervalles réguliers l’aéroport de Charleroi ». Il vise ainsi « le dépôt d’une nouvelle plainte de Brussels Airport Company auprès de l’Europe à propos d’une prétendue aide d’Etat » et, en conséquence, il « étudiera les conditions d’aménagement des infrastructures de Zaventem ». Attention à l’expression populaire qui dit qu’il n’y a que celui qui a des puces qui se gratte…

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