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Rififi entre la N-VA et les partis flamands

Les nationalistes flamands ont réagi avec force et fracas à la chambre. Des échanges parfois vifs ont fusé entre la N-VA et les partis flamands de la majorité. La N-VA et les écologistes ont confirmé jeudi qu’ils n’accorderaient pas la confiance, pour des raisons divergentes, au nouveau gouvernement Di Rupo nommé lundi par le Roi, après quelque 540 jours d’une crise politique sans précédent.

Ironisant sur l’issue des discussions en vue de la formation du gouvernement, le chef de groupe N-VA a félicité le premier ministre Elio Di Rupo « qui a su rendre le processus de négociations interminable, tout le monde finissant par s’irriter, les marchés compris, de sorte que les autres partis ont fini par entrer dans votre logique ». A cet égard, tous les moyens étaient bons, a dit Jan Jambon, évoquant le recours à « la famille royale » et « la menace de la crise financière ». « Avec cet accord, vous ne sauvez pas l’Etat providence, vous sauvez l’Etat PS », a lancé le chef de file N-VA à l’adresse des députés CD&V et Open Vld.

Pour la N-VA, ce gouvernement, minoritaire en Flandre, ne tient pas compte de l’électorat du nord du pays, demandeur de réformes socio-économiques d’envergure et d’une large autonomie flamande. Or, « ceci est un gouvernement taxateur dominé par les francophones », a fait observer Jan Jambon. « Les Flamands avaient demandé du lourd, pas un gouvernement obèse », a-t-il conclu. Jan Jambon a été à plusieurs fois interrompu par des représentants des partis flamands de la majorité qui lui ont reproché des prises de position « hypocrites », « populistes », « mensongères ».

« Il y a des limites à la décence politique »

Patrick Dewael (Open Vld) a dit se souvenir que lorsqu’il était dans l’opposition, au-delà des critiques, il venait avec des propositions. Il a également replacé les négociations dans leur contexte des élections de juin 2010. « A Vollezele, vous avez offert le poste de Premier ministre à M. Di Rupo. A l’époque, vous n’exigiez même pas de revoir la loi de financement. Vous avez ensuite choisi de rester à quai. Il y a des limites à la décence politique », a-t-il dit.

Dans son intervention, le nouveau chef de groupe CD&V, Raf Terwingen a également épinglé la N-VA, estimant que l’accord de gouvernement correspondant dans les grandes lignes au programme électoral du cartel CD&V-N-VA aujourd’hui disparu. Il s’inscrit également dans la foulée de l’accord de gouvernement flamand, a-t-il ajouté, précisant que la meilleure preuve était que la N-VA ne l’avait pas quitté. On nage en pleine schizophrénie, si la N-VA peut l’accepter en Flandre, pourquoi ne peut-elle pas l’accepter à la Chambre », a renchéri Patrick Dewael dont le parti est dans l’opposition au Parlement flamand. « Le gouvernement flamand est performant et son budget en équilibre », a répliqué Jan Jambon.

Les écologistes non plus n’accorderont pas la confiance au gouvernement

Les écologistes non plus n’accorderont pas la confiance au gouvernement, a confirmé le chef de groupe des Verts Stefaan Van Hecke. La crise est à nos portes et au lieu de tirer les leçons des plans d’austérité inefficaces lancés à l’étranger, les partis du nouveau gouvernement, « mis sous pression par un parti qui n’est plus, depuis longtemps, à la table des négociations, et qui probablement n’a jamais voulu s’y asseoir, ont jeté par-dessus bord toutes leurs considérations sociales, suivant par là la logique d’autres pays ». Tout le monde s’entend pour dire que le système est injuste, que le monde financier est en train de détruire l’économie mondiale et l’environnement. « Cela doit s’arrêter, mais ce n’est pas ce gouvernement qui le fera », a dit Stefaan Van Hecke.

Le député a par ailleurs une nouvelle fois fustigé la décision de la nouvelle majorité de supprimer une grande part des réductions fiscales pour les investissements économiseurs d’énergie. Cela fait partie de l’accord institutionnel, conclu à huit, a rétorqué la chef de groupe sp.a Karen Temmerman, rappelant que dorénavant les Régions disposent de ces compétences. Mais dans l’attente de leur mise en oeuvre, il y aura un vide d’un ou deux ans durant lesquels les citoyens et entreprises actives dans le secteur n’auront rien ; on aurait pu se concerter avec les Régions, a précisé Stefaan Van Hecke. Ce dernier a cependant confirmé que les Verts seront loyaux à l’égard des accords institutionnels et de la réforme de la loi de financement conclus à huit partis. Stefaan Van Hecke a toutefois dit espérer que les six autres partis seront tout aussi loyaux.

Le nouveau gouvernement sera « réformateur ».

Sans surprise non plus, les groupes PS et MR, ont pour leur part assuré le gouvernement de leur soutien. Le contexte socio-économique n’est pas évident et des dizaines de milliers de manifestants sont descendus à deux reprises dans la rue ces derniers jours pour le rappeler. « Ils ont raison. Il faut remettre le monde de la finance au pas, il ne suffit pas de le dire, il faut le faire. Et ce gouvernement va adopter des mesures importantes visant à renforcer la régulation », a rappelé Thierry Giet (PS), insistant sur les efforts qui ne manqueront pas d’être entrepris au niveau européen.

Le chef de groupe MR Daniel Bacquelaine a indiqué que le nouveau gouvernement sera « réformateur ». Il a pu être mis sur pied grâce au retour des libéraux, écartés des négociations pendant un an, a-t-il répété. Le MR sera « loyal, constructif, attentif et vigilant », a dit M. Bacquelaine. « Nous voulons poursuivre l’égalisation du statut social des indépendants en matière de pension et d’allocations familiales ; pour le MR, un enfant égale un enfant », a-t-il dit, se réjouissant par ailleurs des mesures de réduction de charges favorisant l’engagement des trois premiers emplois dans les PME.

LeVif avec Belga

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