Olivier Maingain. © Belga

Quand le FDF faisait peur aux Américains

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Né il y a cinquante ans, le parti communautaire a rapidement inquiété les diplomates en poste à Bruxelles qui le comparaient à Rex ! Son radicalisme institutionnel a irrité le CVP, fâché le palais royal et provoqué la rupture avec le MR. C’est ce que raconte FDF, 50 ans d’engagement politique, qui sort aujourd’hui chez Racine.

Cinquante ans que le FDF chatouille le monde politique belge avec son intransigeance institutionnelle et sa défense inconditionnelle des francophones. A l’occasion de cet anniversaire, une équipe de chercheurs, historiens et politologues, sous la direction de Vincent Dujardin et Vincent Delcorps (UCL), retrace le parcours étonnant de cette formation atypique. Le Vif/ L’Express a pu consulter en primeur l’intégralité de ce document de 520 pages qui réserve bien des surprises et dresse le portrait d’un parti précurseur à bien des égards, mais souvent taxé d' »extrémiste ».

Quand le FDF voit le jour, le 11 mai 1964, notre pays vit une période charnière de son histoire, dans un contexte de violence, parfois physique. La « bataille de Bruxelles » entre dans une phase aiguë, le Mouvement flamand multipliant les marches sur la capitale pour témoigner de son appétit pour la ville. Politiquement, le débat institutionnel devient virulent. Né d’une fédération d’associations citoyennes, le FDF dérange d’emblée. A son programme, essentiellement communautaire au début : suppression des lois linguistiques, élargissement de la Région bruxelloise, référendum d’initiative populaire pour les communes de la périphérie… Après un premier succès probant aux élections de 1965, le parti s’impose comme le premier de l’agglomération bruxelloise en 1970.

Plusieurs ambassades s’inquiètent ouvertement de ce succès, dans des rapports dévoilés par les auteurs du livre. Louis Boochever, ministre-conseil à l’ambassade des Etats-Unis, qualifie au début des années 1970 le FDF de « mouvement extrémiste ». Il écrit en 1971: « La menace posée par le FDF pour le fonctionnement de la démocratie parlementaire en Belgique est comparable à celle que représentait Rex », le mouvement fasciste des années 1930. Mais, ajoute-t-il, les brillants intellectuels fondateurs du parti, André Lagasse, responsable de la faculté de droit à l’UCL à Louvain, et Lucien Outers, auteur du Divorce belge, n’ont pas la « présence charismatique » de Léon Degrelle, fondateur de Rex. A l’ambassade de Grande-Bretagne, on met sur le même pied le FDF, le Rassemblement wallon (RW) et la Volksunie (VU) en les qualifiant d’ « extreme Walloon and Flemish groups ». « C’est une réussite remarquable, mais potentiellement inquiétante », analyse, en 1977, l’ambassadeur britannique Muirhead. Etienne de Crouy-Chanel, ambassadeur de France en Belgique, estimait à la fin des années 1960 que le succès du FDF et de ses semblables wallon et flamand venait « confirmer l’audience que trouve de plus en plus la violence »

Cinquante ans que le FDF chatouille le monde politique belge avec son intransigeance institutionnelle et sa défense inconditionnelle des francophones. A l’occasion de cet anniversaire, une équipe de chercheurs, historiens et politologues, sous la direction de Vincent Dujardin et Vincent Delcorps (UCL), retrace le parcours étonnant de cette formation atypique. Le Vif/ L’Express a pu consulter en primeur l’intégralité de ce document de 520 pages qui réserve bien des surprises et dresse le portrait d’un parti précurseur à bien des égards, mais souvent taxé d' »extrémiste ».

Quand le FDF voit le jour, le 11 mai 1964, notre pays vit une période charnière de son histoire, dans un contexte de violence, parfois physique. La « bataille de Bruxelles » entre dans une phase aiguë, le Mouvement flamand multipliant les marches sur la capitale pour témoigner de son appétit pour la ville. Politiquement, le débat institutionnel devient virulent. Né d’une fédération d’associations citoyennes, le FDF dérange d’emblée. A son programme, essentiellement communautaire au début : suppression des lois linguistiques, élargissement de la Région bruxelloise, référendum d’initiative populaire pour les communes de la périphérie… Après un premier succès probant aux élections de 1965, le parti s’impose comme le premier de l’agglomération bruxelloise en 1970.

Plusieurs ambassades s’inquiètent ouvertement de ce succès, dans des rapports dévoilés par les auteurs du livre. Louis Boochever, ministre-conseil à l’ambassade des Etats-Unis, qualifie au début des années 1970 le FDF de « mouvement extrémiste ». Il écrit en 1971: « La menace posée par le FDF pour le fonctionnement de la démocratie parlementaire en Belgique est comparable à celle que représentait Rex », le mouvement fasciste des années 1930. Mais, ajoute-t-il, les brillants intellectuels fondateurs du parti, André Lagasse, responsable de la faculté de droit à l’UCL à Louvain, et Lucien Outers, auteur du Divorce belge, n’ont pas la « présence charismatique » de Léon Degrelle, fondateur de Rex. A l’ambassade de Grande-Bretagne, on met sur le même pied le FDF, le Rassemblement wallon (RW) et la Volksunie (VU) en les qualifiant d’ « extreme Walloon and Flemish groups ». « C’est une réussite remarquable, mais potentiellement inquiétante », analyse, en 1977, l’ambassadeur britannique Muirhead. Etienne de Crouy-Chanel, ambassadeur de France en Belgique, estimait à la fin des années 1960 que le succès du FDF et de ses semblables wallon et flamand venait « confirmer l’audience que trouve de plus en plus la violence ».

Le dossier spécial dans le Vif/L’Express de demain. Avec :

– L’hostilité du CVP

– Les relations tendues avec le palais royal

– Le mariage houleux avec le MR

– Olivier Maingain : « Tôt ou tard, si la Flandre souhaite avoir davantage d’autonomie encore, il y aura un débat sur les frontières »

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