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Des candidats inaptes à la police? « Tellement grossier qu’on ne saurait y croire »

En raison de la pénurie d’agents de police, de nombreux candidats jugés insatisfaisants durant la sélection peuvent néanmoins entreprendre la formation de police, rapporte De Standaard samedi. Des allégations « grossières », juge le ministre de l’Intérieur Jan Jambon.

Qui souhaite intégrer la police, doit faire preuve d’un comportement « irréprochable », stipule le réglement. Selon De Standaard, il semble toutefois que des candidats au passé de criminels, bagareurs ou actifs dans le milieu des drogues dures passent pourtant la sélection. Et ce, souvent en dépit d’avis négatifs formulés par le service de sélection et des scores insuffisants que ces candidats ont obtennus.

Taux de réussite

Des personnes qui ont déjà été essuyé un refus lors de sélections passées en raison de leur comportement mensonger, de leurs liens avec des combattants en Syrie ou présentant un danger dans leur environnement, ont récemment été admis à la formation de police.

En raison de la pénurie d’agents de police, le ministre des Affaires intérieures Jan Jambon (N-VA) souhaite procéder à 1.400 embauches par an. Pour atteindre ce chiffre, des campagnes sont organisées, mais le taux de réussite des sélections doit aussi augmenter. Mais le niveau d’exigence ne peux pas être abaissé, selon ministre.

Sous pression

Ce qui met les personnes impliquées dans le processus de sélection sous pression. « Nous sommes constamment et massivement mis sous pression pour respecter les objectifs », affirme une source anonyme dans un comité de sélection. « Le niveau est presqu’au plancher ».

Les chiffres indiquent que le pourcentage de candidats inspecteurs – la majeure partie des aspirants – qui passent la sélection, a doublé de 7 à 14% entre 2014 en 2017. Cette année, cette proportion doit encore augmenter. Le taux de réussite de la formation est de 95% environ.

Réaction de Jan Jambon

Contacté par l’agence Belga, son porte-parole réfute en bloc, qualifiant ces allégations de « grossières ».

Selon le cabinet du ministre de l’Intérieur, la police fédérale a reçu ordre de faire la lumière sur ces témoignages et de démêler le plus rapidement possible le vrai du faux.

Entre-temps, le cabinet réfute toute pression politique. « A aucun moment, il n’a été question d’exercer des pressions pour laisser passer des candidats, bien au contraire », a affirmé le porte-parole de M. Jambon, Olivier Van Raemdonck.

« Nous voulons des agents de qualité », insistent les syndicats policiers

Si des candidats jugés inaptes réussissent la procédure de sélection menant à la formation de police, « c’est une énorme gifle et une très mauvaise publicité », réagit Joery Dehaes, du syndicat ACV Politie. De leur côté, la CGSP-Admi et le SNPS insistent sur « la qualité des agents dont la fonction régalienne ne peut être bradée au prix de critères de sélection moins exigeants ».

« Nous n’avons aucune indication pouvant confirmer les informations » relayées par De Standaard, indique Joery Dehaes, mais « il y a des signaux qui laissent penser que certains candidats n’ont pas le niveau requis ».

D’après le SNPS, sur les 1.400 inspecteurs de police recherchés cette année, seule la moitié a pu être recrutée. « Il est certain que des choses doivent être améliorées au sein du service de recrutement de la police fédérale qui ne parvient pas à suivre sur le plan administratif. Mais il est hors de question d’abaisser les critères de sélection », abonde Eddy Quaino, de la CGSP-Admi. Par ailleurs, la campagne visant à constituer la nouvelle Direction de la Sécurisation (DAB) semble patiner. Selon les syndicats, les candidats sont rares et le taux de réussite à l’épreuve de sélection est faible. « Le ministre a proposé d’alléger les critères en matière sportive, ce que les syndicats ont refusé », commente le permanent syndical Frédéric Fortunato (SNPS). « Nous sommes intransigeants quant à la qualité de ces agents qui devront, à terme, assurer les tâches auparavant dévolues aux militaires qui patrouillent en rue ».

La nouvelle direction, qui doit compter 1.600 équivalents temps plein, devra assurer notamment la sécurisation des infrastructures du SHAPE et de l’OTAN, des bâtiments des autorités nationales et internationales, les sites nucléaires, les cours et tribunaux et les infrastructures de Brussels Airport.

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