Bart De Wever © BELGAIMAGE

‘Patriot Act’ à la belge: « La peur est mauvaise conseillère », rappelle Geens

Même si elle peut être concrète et compréhensible dans le chef de la population, la peur est mauvaise conseillère pour les dirigeants, réagit dimanche le ministre de la Justice, Koen Geens, à la proposition de Bart De Wever de rédiger une version belge du « Patriot Act » américain.

« Je ne peux pas faire fermer une maison suspecte, je ne peux pas mettre de téléphone sur écoute ou faire enfermer quelqu’un de manière préventive. Avec une gouvernance renforcée, ce serait possible », souligne le président des nationalistes flamands pour justifier sa proposition.

« Je plaiderais davantage pour une poursuite du renforcement de la législation existante, comme l’a fait le ministre français de la Justice la semaine passée », répond M. Geens.

La réponse à la peur passe par des actes concrets et non par des grandes phrases, poursuit-il.

Le ministre souligne que de nombreuses dispositions qui tomberaient sous le coup du « Patriot Act » sont déjà possibles en Belgique à l’heure actuelle ou le seront prochainement. M. Geens cite notamment la législation sur les techniques d’enquête particulières et l’élargissement de la détention préventive pour les suspects de terrorisme. Ces nouvelles mesures sont toujours introduites « avec le contrôle nécessaire et sous la surveillance des instances compétentes », insiste Koen Geens.

La justice étant une question d’équilibre et de mesure, (…) il semble préférable d’éviter les exagérations et la polaristaion, conclut le ministre.

« Après le Patriot Act, les Etats-Unis ont eu besoin d’un Freedom Act »

« Après le Patriot Act, les Etats-Unis ont eu besoin d’un Freedom Act pour rétablir leur liberté », a réagi pour sa part la présidente de l’Open Vld, Gwendolyn Rutten, à la proposition du bourgmestre d’Anvers, Bart De Wever, de rédiger une version belge de la loi antiterroriste votée par le Congrès américain dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001.

« C’est quand même fou que je ne puisse intervenir qu’après une infraction, alors que je sais où se trouvent les jeunes radicalisés. Je ne peux pas faire fermer une maison suspecte, je ne peux pas mettre de téléphone sur écoute ou faire enfermer quelqu’un de manière préventive. Avec une gouvernance renforcée, ce serait possible », justifie le président des nationalistes flamands.

Mme Rutten rappelle de son côté que les Etats-Unis ont voté l’année dernière un Freedom Act pour imposer notamment de nouvelles limites à la National Security Agency (NSA), qui s’était vue accorder des droits supplémentaires pour massivement collecter des informations après le 11 septembre.

« Dire qu’il faut choisir entre sécurité et liberté, c’est créer un faux dilemme », affirme la présidente des libéraux flamands. « Une démocratie place la barre haut et ne choisit pas entre l’un et l’autre. Nous pouvons et voulons avoir les deux. »

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