"Tout ce qui reste de la pièce maîtresse de 400.000€, ce sont quelques souches jonchant la chaussée", note le journaliste du Guardian. © BELGA

Mons ridiculisée par The Guardian : « Les Montois attendent avec plus d’impatience l’arrivée d’Ikea »

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

En fin d’année, la presse étrangère, dont CNN, citait Mons comme destination incontournable en 2015. Seulement, une fois arrivés sur place, les journalistes déchantent. C’est le cas de ce reporter du journal anglais The Guardian qui a fait le tour de ce que la ville proposera aux visiteurs en tant que Capitale européenne de la Culture.

Le lancement officiel de « Mons 2015, Capitale européenne de la Culture », est prévu pour le 24 janvier prochain. Des journalistes se sont toutefois déjà rendu sur place pour prendre le pouls de ce que la ville hennuyère offrira aux quelque deux millions de visiteurs attendus tout au long de cette année de célébration. Parmi les événements marquants, citons une nouvelle exposition Van Gogh, trois festivals artistiques multidisciplinaires, de nombreuses installations publiques et des événements mêlant art et fête.

Dans un article publié cette semaine, Oliver Wainwright, un journaliste du Guardian spécialisé en design et architecture, n’est pas tendre avec les choix de la ville. D’emblée, son introduction est sans équivoque sur le ton donné à son compte-rendu:« La ville belge sera-t-elle le dernier clou du cercueil des Capitales européennes de la Culture ? ».Le reporter est, entre autres, effaré par le sort de l’oeuvre d’Arne Quinze , »The Passenger », qui a dû être complètement démontée suite à des problèmes de stabilité et à la chute de quelques morceaux de bois. Il déclare : « Seul l’un des nouveaux bâtiments est prêt, mais sa pièce maîtresse doit être démontée après que des morceaux soient tombés… ». Embrayant: « Tout ce qui reste de la pièce maîtresse de 400.000 euros, ce sont quelques souches jonchant la chaussée. » Inaugurée le 2 décembre dernier, l’imposante oeuvre en bois était censée rester en place pendant cinq ans dans les rues de la cité du Doudou.

« The First and the Last »

Et le journaliste de pointer d’autres ratés de la ville : « cet effondrement annonce un début difficile pour une année de célébrations culturelles qui a jusqu’ici été marquée par une absence notable des projets promis« . Le reporter critique aussi la future gare dessinée par Calatrava « qui, pour l’instant, n’en est qu’à la fondation en béton », arguant que l’architecte de renommée internationale est aussi tristement réputé pour ses budgets astronomiques souvent dépassés. Selon le Britannique, « c’est comme des enfants dressant leur liste de cadeaux pour Noël. Cela amène les bourgmestres à rêver à de grands et luxueux bâtiments dont ils n’ont pas besoin et qu’ils ne peuvent se permettre financièrement, délaissant trop souvent un grand nombre de monuments surdimensionnés sous-utilisés dans son sillage. » Oliver Wainwright fait aussi remarquer que les cinq nouveaux musées « sont encore en construction et ouvriront, au plus tôt, en avril ».

Mons est surnommée par les Britanniques « The First and the Last », car le premier et le dernier soldat britanniques y sont morts durant la Première Guerre mondiale, le journaliste d’outre-Manche tourne alors cette formule en dérision : « Cela pourrait aussi être le sous-titre de son année culturelle : la première à avoir postulé et la dernière à être prête« .

Seul point positif de Mons 2015 relevé par The Guardian: le nouveau Centre de Congrès,  » un des projets réalisés dans le respect des délais et du budget prévu « . Le reportage se clôture par une confidence d’un porte-parole de la ville : « La majorité des Montois attendent avec plus d’impatience l’arrivée d’Ikea« .

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