Michel et Magnette © Belga

Magnette menace de pas ratifier le CETA

Alors que le ministre-président wallon Paul Magnette a renouvelé mardi la menace de ne pas ratifier le CETA, s’attirant de la part du Premier ministre un rapprochement détonant avec Marine Le Pen, la Wallonie continue de promouvoir le traité de libre-échange avec le Canada, à travers son agence à l’exportation (AWEX).

Dans sa lettre d’information de février, l’AWEX qualifiait le vote du CETA par le Parlement européen le 15 février d' »excellente nouvelle pour nos entreprises exportatrices, en particulier les PME ». Ces dernières « vont désormais pouvoir exporter au Canada en franchise de droits de douanes (pour plus de 90% des produits), auront désormais accès aux marchés publics canadiens tant au niveau fédéral que provincial et bénéficieront d’une réduction substantielle des obstacles réglementaires ».

Dans l’opposition, la députée Virginie Defrang-Firket (MR) n’a pas manqué l’occasion d’interroger, ce mardi en commission du parlement wallon, le ministre de l’Économie Jean-Claude Marcourt sur ce qu’elle considère comme un paradoxe: menacer le CETA et le promouvoir en même temps. Mais pour le ministre Marcourt (PS), « l’AWEx reste parfaitement dans son rôle lorsqu’elle informe les milieux exportateurs sur les opportunités d’affaires découlant des accords de commerce négociés ou conclus par l’Union européenne ».

« Je n’y trouve rien à redire. Et ce d’autant moins que le gouvernement wallon a entre-temps donné son aval pour la signature du traité en question, traité amendé en fonction des avancées âprement négociées par la Wallonie, ce qui ne veut pas dire que nous l’avons ratifié puisque nous sommes toujours en attente d’assurances sur différents points) ».

Ch. Michel dénonce le combat isolationniste dans lequel se rejoignent Magnette et Le Pen

Le Premier ministre Charles Michel a rejeté mardi devant un parterre de chefs d’entreprise le projet isolationniste du président américain Donald Trump, y voyant un motif de « rupture du partenariat classique Europe-Etats-Unis ». M. Michel a fait un parallèle avec ce qu’il a vécu dans la négociation du CETA, entre l’Europe et le Canada, lorsque la Région wallonne a bloqué un temps l’accord de libre échange au profit de certaines revendications. Il y voit un combat dans lequel se rejoignent la gauche et l’extrême-droite de Marine Le Pen.

« Il y a un raisonnement idiot selon lequel on devrait se replier sur soi, c’est la thèse portée par la gauche ou par la gauche extrême, par la droite et par la droite extrême, ce sont les deux extrêmes qui se rejoignent pour combattre. De la même façon que c’était la gauche et l’extrême gauche, c’était Marine Le Pen en Europe qui reprochait les initiatives de type accords commerciaux », a-t-il relevé au Cercle Chapel de Waterloo. Le Premier ministre « n’a pas dit que Paul Magnette mène le même combat que Marine Le Pen, et il ne le pense pas, y compris sur le CETA », a toutefois nuancé son porte-parole. « Il a comparé la situation en France et en Wallonie, avec une tendance au repli sur soi qui s’est notamment manifestée lors du débat sur le CETA, porté médiatiquement par Paul Magnette, non en tant que personnalité politique mais comme ministre-président », a-t-il précisé.

De son côté, Paul Magnette estime que « implicite ou explicite, ce genre de comparaison avec l’extrême-droite, visant à discréditer un adversaire, est utilisée quand on est à court d’argument ». Le ministre-président wallon estime que le débat politique « vaut mieux que cela » et mérite une approche « plus respectueuse ». Sur le fond, Paul Magnette se dit « fasciné par la manière dont le gouvernement fédéral appréhende le vécu des Wallons par rapport à la construction européenne et à la mondialisation »; faire croire que « ‘tout va très bien’ alors que ce n’est pas du tout ce qu’ils vivent ». « Après le père Michel et les 4.800 euros des enseignants, nous avons le fils qui chante ‘vive le libéralisme, vive la mondialisation' », a déploré M. Magnette

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