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M. Martin: la plupart des éditorialistes francophones ne condamnent pas la décision

Au-delà de plusieurs titres-chocs, la décision du tribunal d’application des peines de Mons de remettre Michèle Martin, l’ex-épouse de Marc Dutroux, en liberté conditionnelle a suscité mercredi de nombreux commentaires dans la presse écrite. La plupart des éditorialistes francophones n’ont globalement pas condamné une décision dont ils ont mis en avant la difficulté.

« Une peine dure, mais pas une double peine », écrit Béatrice Delvaux dans « Le Soir ». Pour elle, « il n’y a aucune faute commise dans cette décision légaliste ». On peut estimer que Michèle Martin est libérée trop tôt, mais pas question de verser dans le lynchage. Il faut dans ce cas changer la loi. Béatrice Delvaux estime par contre qu’il y a un doute énorme sur le lieu de réinsertion choisi: un couvent « coupé du monde, géré par des femmes retirées volontairement de la vie réelle ».

Pour Jean-Claude Matgen, dans la Libre Belgique, il faut « dépasser sa répulsion ». Personne ne pourra jamais oublier que Michèle Martin a pu faire au-delà de tout entendement humain. Certes la loi votée par certains de ceux qui aujourd’hui la vilipendent est perfectible, estime-t-il, « mais la libération conditionnelle plus chichement accordée aujourd’hui qu’hier répond légitimement au souci de la société de ne priver personne de tout espoir de sortir un jour de son enfermement. Il ne serait pas raisonnable d’en contester le principe en fonction de la personnalité de celui qui la sollicite ».

Philippe Martin, dans l’Avenir, juge que l’incompréhension dominante prouve que « justice et morale sont parfois difficilement compatibles ». L’éditorialiste souligne qu’au regard du droit, Michèle Martin répond à tous les critères pour bénéficier d’une libération conditionnelle, « des critères objectifs applicables à tous quel que soit leur nom ». Philippe Martin a par ailleurs rappelé que les conditions de libération ont été revues dans l’émotion de l’affaire Dutroux. « Même si émotion et opportunisme électoral aidant, des partis comme le MR et el cdH réclament à présent des peines de prison incompressibles », a-t-il dit.

Pour les éditorialistes flamands, raison et émotion entrent en collision

La possible libération anticipée de Michelle Martin provoque une collision entre raison et émotion. La décision du tribunal d’application des peines de Mons est correcte sur le plan strictement juridique, mais elle achoppe sur le sentiment de justice de la plupart des gens, ressort-il des éditoriaux diffusés mercredi dans la presse néerlandophone. « Michelle Martin doit sa probable libération anticipée à de mauvaises lois », écrit l’éditorialiste du « Laatste Nieuws » pour qui seize ans de prison pour celle qui a collaboré volontairement et consciemment aux horribles faits de Marcinelle est « scandaleusement peu ».

La loi s’applique aussi à Michelle Martin, « mais nous pouvons comprendre la colère, les frustrations, l’amertume, et sentiment d’injustice des familles », ont écrit les quotidiens Het Belang van Limburg et Gazet van Antwerpen dans leurs éditos.

Pour Het Nieuwsblad, « la raison et le coeur butent sur la question de savoir si cette femme peut bénéficier d’une libération anticipée ».
Le Standaard estime qu' »il y a clairement quelque chose qui ne va pas avec la sanction dans la société ». Par ailleurs, Michelle Martin sortira quoiqu’il advienne un jour de prison. Enfermer tous les condamnés plus longtemps n’est pas la solution, estime le quotidien de tendance chrétienne-démocrate.

La plupart des journaux ont enfin souligné que l’accord de gouvernement prévoyait un renforcement de la durée de séjour minimum en prison en cas de condamnation à 30 ans et plus. La ministre de la Justice Annemie Turtelboom (Open Vld) déposera un projet de loi qui devrait être voté dans ce sens d’ici la fin de l’année.

Avec Belga

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