Joëlle Milquet, la ministre de l'enseignement. © BELGA

Le premier bulletin de Milquet

Soraya Ghali
Soraya Ghali Journaliste au Vif

Ministre de l’Enseignement depuis juillet dernier, Joëlle Milquet a importé du fédéral sa méthode : la tactique du  » chacun pour soi « . Et imposé son style :  » C’est moi qui décide.  » Quant à son bilan  » des 100 jours « , il est difficile à établir. Eclairage.

Joëlle Milquet est en quelque sorte le n°1 du gouvernement communautaire. Ses fonctions pèsent presque 90 % du budget de la Fédération Wallonie-Bruxelles. De fait, elle a hérité d’un portefeuille important mais fourre-tout (enseignement, bâtiments scolaires, petite enfance et culture). Ce 8 décembre, la CDH franchira le cap des cent jours passés à la tête du ministère de l’Education. Généralement, les politiques n’aiment pas cette théorie des cent jours. « Laissez-moi arriver ! », a- t-elle ainsi plaidé lors de la rentrée scolaire, le 1er septembre dernier. Il est sage de se rappeler qu’un mandat se juge à son terme et non à son commencement. Encore qu’il soit indispensable de ne pas rater ses débuts.

Son poste, son parti « y tenait fort ». Et, elle, la première. Elle adore cette matière. Pour mieux convaincre, elle rouvre l’album familial : le métier d’enseignant, c’est celui de son père, de sa mère, de sa belle-soeur. Elle a aussi assuré qu’elle jouerait « avec plaisir » les professeurs durant une semaine, même dans une école difficile. Sans cesse citée pour le job, elle était donc prête. D’autant que lorsque Joëlle Milquet était présidente du CDH, elle ne lâchait pas Marie-Dominique Simonet, au point d’être considérée comme la vraie ministre de l’Enseignement. Personne, donc, ne met en question ses qualités intellectuelles et la solidité de son expérience. Mais son caractère très affirmé inquiète ses collaborateurs et les syndicats enseignants. Elle souffrirait du complexe « J’arrive, je fais, je décide, surtout seule. » Ce qu’on lui pardonne sans doute le moins, c’est l’entêtement dont elle peut faire preuve.

Sa méthode, aussi, interpelle. Elle veut tout maîtriser et lorsqu’elle n’est pas présente, rien n’avance. Les intercabinets, auxquels participent ses collaborateurs, la satisfont rarement. On verrait ainsi ses directeurs de cabinet demander auprès de leurs collègues de nouvelles réunions, parce que la ministre n’aurait pas obtenu ce qu’elle souhaitait. En dehors du gouvernement, même constat. Du coup, les dossiers tardent.

Joëlle Milquet n’est donc pas de ceux dont la main tremble. A l’Enseignement, on attendait quelqu’un de ferme et endurant, bien capable de résister. Or, jusqu’ici, elle se révèle plutôt ronde. Dès son arrivée, elle a multiplié les propos louangeurs à l’égard des enseignants. Depuis des semaines, elle se démène aussi pour défendre leurs prépensions, allant même rencontrer le ministre des Pensions, au fédéral.

Milquet en est persuadée : elle est investie d’une mission, elle veut être celle qui aura sauvé l’école. Son grand chantier, ce sera le « Pacte pour un enseignement d’excellence », qui doit aboutir sur le vote d’un décret. Avec une certitude : « Ce pacte, on le fera avec les enseignants, en les valorisant. » Tous les représentants de l’école – enseignants, parents d’élèves, chercheurs, pouvoirs organisateurs… – seront convoqués. Dans l’esprit de la ministre, il s’agit carrément de refonder l’école. Pour l’instant, rien de concret dans ce pacte. On en connaît les idées générales, mais ses contours demeurent flous.

Le dossier dans Le Vif/L’Express de cette semaine

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire