© Frédéric Pauwels

Le Mrax zappe le génocide juif

Dans ses nouveaux statuts, le Mrax ne fait plus référence à la défense de la mémoire des victimes du nazisme pour lequel il avait été créé, après la Seconde Guerre mondiale.

Le rapport de l’assemblée statutaire du Marx (Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie) du 27 juin 2010, déposée au greffe du tribunal de première instance de Bruxelles, le 30 décembre 2010, révèle que l’objet social du Mrax a été modifié. Dans l’ancienne version de l’article 2 de ses statuts, l’association était sensée contribuer « à la défense de la mémoire des victimes de persécutions racistes, commises notamment sous le nazisme ». La nouvelle version indique la volonté du Mrax de défendre « la mémoire des victimes de persécutions racistes, commises notamment lors d’un génocide ».

Zappée, la Shoah. Oublié, le vécu douloureux des anciens du Mrax, des résistants et des communistes de l’après-guerre souvent d’origine juive. Généreusement, ils voulaient fédérer tous ceux « qui entendent s’opposer aux discriminations, aux haines, aux préjugés fondés sur une prétendue race, la nationalité, la langue, la culture, l’origine nationale ou ethnique, la couleur, la confession ou les convictions philosophiques ». Ils prônaient « l’amitié et la paix entre les peuples » et promouvaient « l’égalité et la fraternité entre les êtres humains ». Ces beaux mots sont restés dans la version 2010 des statuts du Mrax. Sauf la référence à la Shoah.

Cet oubli s’inscrit dans une démarche de concurrence des victimes, qui a percolé jusque dans les Assises de l’interculturalité, lancées par la ministre de l’Egalité des chances, Joëlle Milquet (CDH). Dans leur rapport, déposé en novembre 2010, les Assises recommandaient de modifier la loi de 1995 réprimant le négationnisme du génocide commis par le régime nazi, soit disant pour y intégrer la lutte contre d’autres formes de négationnisme. Les génocides arménien et tutsi sont historiquement et politiquement reconnus. Mais après ? Le drame palestinien et la traite négrière pourraient-ils être qualifiés de « génocides », comme le réclame une extrême gauche identitaire ? La ficelle était grosse. La ministre Milquet s’est désolidarisée des Assises sur ce point, après sa rencontre avec les plus hauts représentants de la communauté juive de Belgique.

MARIE-CECILE ROYEN

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