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Le monde politique rend hommage à « un homme d’Etat hors du commun »

Le Vif

Après de premières réactions à chaud sur le réseau social Twitter, les hommes politiques belegs et européens rendent hommage à l’ex-premier ministre Jean-Luc Dehaene décédé ce 15 mai d’une chute en France.

Le roi Philippe a présenté jeudi ses condoléances à l’épouse de Jean-Luc Dehaene, a indiqué le Palais à l’agence Belga. L’ancien Premier ministre, est décédé à Briec, en France, à l’âge de 73 ans. En plus de ses condoléances adressées par télégramme, le roi Philippe ira également s’incliner devant la dépouille du ministre d’Etat afin de lui rendre hommage. Jean-Luc Dehaene avait été Premier ministre de 1992 à 1999.

« Un homme d’état hors du commun »

La Belgique et l’Europe perdent un homme d’Etat hors du commun, un guide expérimenté et une référence pour beaucoup de femmes et d’hommes politiques, a commenté jeudi après-midi le Premier ministre Elio Di Rupo disant avoir appris « avec infiniment de tristesse » le décès de l’ancien Premier ministre Jean-Luc Dehaene. L’actuel Premier ministre a dit se souvenir avec émotion des années de travail passées aux côtés de celui qui fut un de ses prédécesseurs. « Jean-Luc Dehaene fut un compagnon de route précieux, avec qui j’ai toujours travaillé en toute confiance. J’ai gardé avec lui des relations amicales et sincères. Jean-Luc Dehaene a rendu des services exceptionnels à la Belgique, tant sur le plan socio-économique que sur le plan institutionnel. Il avait par ailleurs une vision claire d’une Europe beaucoup plus forte et proche des citoyens », a a commenté Elio Di Rupo, dans un communiqué.

Joëlle Milquet fait part de son « immense tristesse »

La vice-Première ministre Joëlle Milquet (cdH) a salué la mémoire de l’ancien Premier ministre. Faisant état de sa « réelle affection » pour lui, elle décrit un « homme d’Etat à l’intelligence remarquable, à la bonhomie naturelle, à la créativité remarquable et au légendaire franc-parler ». « Homme de compromis au caractère fort, au leadership charismatique, d’une discrétion rare et précieuse lors des négociations, Jean-Luc Dehaene était doté d’une extraordinaire faculté d’anticipation et pouvait trancher aux moments-clefs des décisions difficiles », témoigne encore la Vice-première ministre démocrate-humaniste.

« Un homme jovial et sociable »

Le président de la N-VA, Bart De Wever, a salué en Jean-Luc Dehaene « un homme jovial et sociable, doté d’un grand coeur et d’une incroyable vision politique ». « J’ai collaboré étroitement avec lui au moment du cartel CD&V/N-VA. En tant que jeune politicien, ce fut un écolage solide, dont j’ai beaucoup retiré », a souligné M. De Wever dans un communiqué. .M. De Wever souligne que Jean-Luc Dehaene a joué un rôle crucial dans la fédéralisation du pays. « Il prit un certain nombre de décisions très courageuses durant les périodes de crise. Dans les années 90, sa politique fut décisive pour ramener notre pays sur de bons rails économiques et pour entrer dans l’euro. A ce titre aussi, il restera dans nos mémoires ».

Les présidents de partis francophones déplorent la perte d’un homme d’Etat

Le président du PS Paul Magnette a salué jeudi la mémoire « d’un homme politique qui a marqué de manière indélébile l’histoire de notre pays et de l’Europe ». Charles Michel, le président du MR, a lui loué « un grand Européen convaincu » tandis que Emily Hoyos et Olivier Deleuze, co-présidents d’Ecolo, estiment que « ses extraordinaires qualités de négociateur, sa force de travail (et) son sens inné de la stratégie » manqueront à la politique belge. Le président du cdH Benoît Lutgen retiendra quant à lui « sa loyauté et son sens du compromis ». Jean-Luc Dehaene « représentait le pragmatisme politique allié à la finesse de l’analyse », a déclaré le président des socialistes francophones. « C’était un homme d’Etat et en quelque sorte le Père de notre modèle fédéral. »Charles Michel a estimé que Jean-Luc Dehaene « a réussi à louvoyer subtilement entre les velléités communautaires et les difficultés économiques qu’a connu notre pays dans les années 90 ». « Prenant des décisions terriblement impopulaires afin de ramener les finances publiques à l’équilibre, Jean-Luc Dehaene faisait partie de ces hommes politiques qui ont toujours fait passer le sens du bien commun et de l’Etat avant les calculs politiciens et les stratégies électorales », a-t-il ajouté. Emily Hoyos et Olivier Deleuze ont encore souligné « sa jovialité, sa chaleur humaine et un sens de l’humour tout empreint d’une auto dérision typiquement belge ». Benoît Lutgen a vanté les qualités du « capitaine » Dehaene. Il « a tenu fermement la barre du bateau Belgique menacé par plusieurs tempêtes dont les conséquences de l’affaire Dutroux », selon le présidentdémocrate-humaniste. Le président des FDF Olivier Maingain a, pour sa part, vu en lui « un des derniers dirigeants flamands qui avaient le sens de l’Etat et considéraient que le respect des accords politiques était la meilleure garantie de l’avenir du pays et par ailleurs un homme plus déterminé encore, en raison de son engagement européen, à tenir en échec la montée des nationalismes qui menacent la construction politique de l’Europe.

Les présidents des partis flamands saluent la mémoire de l’homme de compromis

« Le décès de Jean-Luc Dehaene est une grande perte pour le pays. Dans des temps presque aussi difficiles qu’aujourd’hui, il a pris ses responsabilités de beaucoup de manière », a déclaré le président du sp.a Bruno Tobback à Belga. Gwendolyn Rutten, la présidente de l’Open Vld, déplore la disparition d’un « maître du possible ». « La Belgique récolte encore en 2014 les fruits du travail de Jean-Luc Dehaene », estime Bruno Tobback. « Son décès est regrettable pour sa famille et pour le pays. » Le président des socialistes flamands ne pense pas que l’ancien Premier ministre démocrate-chrétien aurait encore joué un rôle important dans la politique nationale. « Je n’ai pas l’impression qu’il s’occupait encore de cela, bien qu’il donnait encore régulièrement son avis. »Gwendolyn Rutten qualifie M. Dehaene de « grand homme d’Etat ». « Jean-Luc Dehaene était un bâtisseur de ponts. Son engagement et son envie d’endosser des responsabilités en faisaient un maître du possible. Wouter Van Besien, le président de Groen, s’est dit « abattu » par la mort de l’ancien Premier ministre. « Je me souviendrai de Jean-Luc Dehaene comme d’un homme de solutions. Il a joué un rôle crucial dans l’histoire politique de la Belgique. Il avait la faculté de déminer des situations impossibles en cherchant sans relâche des solutions », commente le président des écologistes flamands. « C’était un homme intelligent et bon vivant qui s’investissait à 100% dans la recherche de réponses aux crises institutionnelles et économiques. »

Flahaut salue l’initiateur des réformes institutionnelles

Le président de la Chambre, André Flahaut, a salué jeudi la mémoire de l’ancien premier ministre Jean-Luc Dehaene. M. Flahaut a mis en avant l’important « initiateur des réformes institutionnelles en Belgique » que fut le premier ministre et le « rôle indéniable que ce chef d’équipe a joué au service de notre pays et del’Europe ». »Nous nous souviendrons de son sens aigu du compromis et de son aptitude à arbitrer les conflits les plus épineux », a-t-il ajouté.


« L’un des pères de la Belgique moderne »

L’ancien premier ministre Yves Leterme (CD&V) s’est dit abattu par l’annonce du décès de Jean-Luc Dehaene. « C’est une perte terible. Il était l’un des pères de la Belgique moderne », a-t-il déclaré. »Jean-Luc Dehaene laissera un grand vide. Il a été l’un des plus grands Premiers ministres de ce pays, avec Wilfried Martens, et l’un des pères du fédéralisme actuel. Et sur le plan humain, c’est également une très grande perte », a-t-ajouté. En 2007, M. Dehaene est revenu une première fois sur le devant de la scène politique belge en tant que médiateur désigné par le roi après les élections législatives. En 2009, il a fait une nouvelle apparition en tentant de trouver une base de compromis communautaire entre les partis flamands et francophones, qui aurait ensuite permis au Premier ministre Yves Leterme de reprendre des négociations alors bloquées, mais sa mission a échoué. « Il était toujours disponible pour tout le monde et ne s’imposait jamais. Il avait trente ans d’expérience, était extrêmement intelligent et fut un excellent conseiller, y compris dans les temps difficiles », a ajouté M. Leterme qui a été le premier chrétien démocrate flamand à occuper à nouveau le poste de Premier ministre après le renvoi du CD&V dans l’opposition en 1999.

« Un gars agréable qui va manquer à toute l’Europe »

Guy Verhofstadt (Open Vld) a été « frappé de stupeur » par le décès de Jean-Luc Dehaene. L’ex-Premier ministre libéral et ancien partenaire de coalition de M. Dehaene au gouvernement fédéral (1985-1988) loue notamment les convictions pro-européennes de celui qui lui a aussi précédé au 16 rue de la Loi. « C’était un gars agréable qui va manquer à toute l’Europe. » « C’est un triste jour pour la Belgique et pour l’Europe. Je tiens d’abord à présenter mes condoléances à sa femme Celie, à ses enfants et à ses petits-enfants », a déclaré M. Verhofstadt à l’agence Belga. »J’ai encore échangé quelques messages avec Jean-Luc après son traitement contre le cancer. Je suis totalement frappé de stupeur. Nous étions tous très heureux que son traitement se soit bien déroulé. L’annonce de sa mort est donc est très difficile à encaisser. Pour moi, mais également pour le reste du Parlement européen, car il a toujours tiré le projet européen vers l’avant ». Guy Verhofstadt admet que M. Dehaene et lui divergeaient fortement en matière de style, « mais un accord avec lui était un accord ». « Tout le monde collaborait volontiers avec lui. Je l’ai moi-même vécu lorsque je lui ai succédé en tant que Premier ministre et j’ai gardé un excellent contact avec lui. Je garde de bons souvenirs du gouvernement Martens que j’ai aidé à former avec lui ».

L’un des leaders les plus importants de l’après-guerre

Jean-Luc Dehaene a été l’un des leaders les plus importants de Belgique de l’après-guerre, a commenté jeudi l’ancien premier ministre Mark Eyskens (CD&V). »Dehaene a piloté la Belgique vers la zone euro », a souligné M. Eyskens, insistant sur la réduction de la dette publique belge qu’il avait favorisée Eyskens retient également le rôle joué par M. Dehaene dans la réforme insitutionnelle de la Belgique. »Il a doté les Régions de leur propre parlement, le morceau final de la structure fédérale de la Belgique ».

« Un artisan de solutions »

Le ministre-président wallon et de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Rudy Demotte, a salué le double engagement fédéraliste, pour la Belgique et l’Europe, de l’ancien Premier ministre belge Jean-Luc Dehaene. »Dans un pays qui eut souvent besoin de démineurs, Jean-Luc Dehaene a incontestablement compté parmi les artisans de solutions », a affirmé M. Demotte (PS) dans un communiqué, rappelant le dialogue renoué par M. Dehaene en 1993 pour dégager l’accord aboutissant à la 4e réforme de l’État. »Ce fut longtemps la plus longue crise gouvernementale traversée par la Belgique. (…) C’est de cet accord que devait naître une Belgique fédérale stabilisée institutionnellement pour deux décennies et qui put s’attaquer aux défis budgétaires et socio-économiques », rappelle M. Demotte, dans une analogie non dissimulée à la crise politique de 2010-2011, la 6e réforme de l’Etat et la volonté de ses signataires de s’attaquer au socio-économique pour la prochaine législature. Demotte souligne cette même conviction fédérale de Jean-Luc Dehaene pour l’Europe, « à laquelle il aurait pu apporter plus encore ».

« Un négociateur brillant et compétent »

Avec le départ de Jean-Luc Dehaene, nous perdons un grand chrétien-démocrate et un homme d’état qui a joué un rôle-clé dans la structure politique belge des dernières décennies et dans l’Europe unie au sein de laquelle nous vivons aujourd’hui, a affirmé le ministre-président flamand Kris Peeters, à l’annonce du décès de l’ex-Premier ministre Jean-Luc Dehaene. »Il était un négociateur brillant et compétent, quelqu’un qui avait une maîtrise inouïe des dossiers. Il a toujours mis ces forces au service de la société. Il avait le don de rassembler des opinions diverses et de dégager une solution. Dans quelque circonstance, quelque fonction, que ce fût, il mettait toujours à l’avant plan les réalisations concrètes au profit des gens », a commenté le chef de file du CD&V au gouvernement flamand. Kris Peeters a également évoqué « le père de la Belgique fédérale », la force motrice de l’accord de la Saint-Michel qui avait approfondi la réforme de l’Etat. Celui-ci n’a pu voir le jour que grâce à la confiance et l’autorité que M. Dehaene avait acquise auprès de tous les partis du gouvernement et par son talent de conciliateur.Il a enfin souligné son rôle dans la réduction de la dette de l’état belge, qui a permis à la Belgique de ne pas manquer son accession à l’eurozone.

La mémoire de l’ancien Premier ministre saluée par les figures européennes

Les dirigeants de l’Union européenne ont salué jeudi la mémoire de l’ancien Premier ministre belge Jean-Luc Dehaene, dont ils ont souligné le rôle important sur la scène continentale. « Jean-Luc Dehaene restera à juste titre dans les mémoires comme un homme d’unification, tant pour la Belgique pendant son mandat de Premier Ministre pour 7 ans, que pour sa contribution exceptionnelle à une Europe plus forte et unie. Son rôle de médiateur a brillé à travers toute son oeuvre », a souligné le président de la Commission, José Manuel Barroso. « Toute la famille européenne a perdu un homme d’inspiration, de direction et d’engagement », selon lui. Le président du Parlement, par ailleurs candidat socialiste à la succession de M. Barroso, Martin Schulz, salue « l’Européen convaincu, qui joua un rôle exceptionnel en tant que vice Président de la Convention » à l’origine du traité de Lisbonne. »Récemment, Jean-Luc et moi avons travaillé dur ensemble sur la cadre financier multi-annuel pour un budget européen plus ambitieux. Je me souviens de son dévouement et de sa compréhension profondes des enjeux », ajoute M. Schulz. Son concurrent conservateur, Jean-Claude Juncker, déplore la perte d' »un homme d’Etat, d’un voisin d’un allié proche et d’un vrai ami ». « Même s’il n’est plus avec nous, sa vision d’une Europe unie, d’une Europe courageuse, survivra », ajoute M. Juncker, la figure de proue du PPE – le parti de M. Dehaene – aux élections européennes.Le président du PPE, Jospeh Daul, qui a succédé cette année à Wilfried Martens après le décès de ce dernier, fait lui aussi part de sa « grande tristesse ». « En à peine une demi année, la famille du PPE a perdu deux grands hommes d’Etat », relève-t-il.

« L’architecte de la Belgique fédérale »

Si Bruxelles est aujourd’hui la capitale de l’Europe, c’est en grande partie à Jean-Luc Dehaene qu’elle le doit, a estimé jeudi l’ancien vice-Premier ministre SP du premier gouvernement Dehaene, l’ancien secrétaire général de l’OTAN Willy Claes. Avec un autre Premier ministre CVP, Wilfried Martens décédé en octobre dernier, Jean-Luc Dehaene « a été l’architecte de la Belgique fédérale », a affirmé Willy Claes. »Il a eu un mérite tout particulier à assainir le pays d’un point de vue budgétaire. Sans la crise financière, la dette publique serait grâce à cela descendue sous les 80% du PIB ». L’ancien vice-Premier cite en outre une troisième raison « souvent oubliée » pour laquelle la Belgique se rappellera longtemps cette figure politique de premier plan. « Si Bruxelles est aujourd’hui la capitale de l’Europe, avec le siège de la Commission et du Parlement, c’est en grande partie grâce à lui: c’est en effet pendant la présidence belge de l’Union, en 1993, que cette localisation a été fixée dans les traités européens ». Willy Claes se remémore aussi la manière de travailler « très directe » de Jean-Luc Dehaene. « C’était un homme d’Etat qui ne s’attachait pas au protocole, mais à l’efficacité », conclut-il.

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