Joëlle Milquet, ministre de la Culture de la Fédération Wallonie-Bruxelles. © BELGA

Le cours de philosophie et citoyenneté approuvé en séance plénière

Les députés de la Fédération Wallonie-Bruxelles ont approuvé mercredi soir le projet de décret instaurant un cours de philosophie et de citoyenneté dans l’enseignement obligatoire. Le texte a été approuvé par la majorité PS-cdH, appuyée par l’opposition FDF. Le reste de l’opposition, à savoir le MR, les Ecolo, le PTB et le PP, s’est abstenue.

Le projet de décret prévoit l’introduction d’un cours de philosophie et citoyenneté dès septembre 2016 dans les six années du primaire, et dès 2017 dans tout le secondaire.

Ce nouveau cours, qui sera obligatoire dans tous les établissements et y fera l’objet d’évaluations, a pour ambition d’initier les élèves aux différents courants de pensées et religions, d’écouter et respecter les autres convictions, mais aussi d’argumenter leurs choix éthiques et philosophiques propres.

Face à l’évolution multiculturelle de la société, cet enseignement veillera aussi à favoriser le vivre-ensemble, mais également à faire connaître aux jeunes les principes et fondements de la démocratie, ses institutions, des droits fondamentaux, etc.

Un référentiel commun à tous les réseaux sera élaboré dans les mois qui viennent pour garantir que ces objectifs soient partout atteints. Sa mise en oeuvre concrète variera toutefois selon les réseaux. Ainsi, dans l’enseignement officiel organisé (ex-Etat) ou subventionné (Cocof, communes et provinces) par la Fédération, ce cours sera dispensé à raison d’une période hebdomadaire, en remplacement d’une des deux heures de morale ou religion aujourd’hui dispensées.

Les élèves de l’enseignement officiel qui solliciteront la dispense de ces cours confessionnels comme le permet un récent arrêt de la Cour constitutionnelle se verront offrir une seconde période de philosophie et citoyenneté.

Dans l’enseignement catholique, qui forme un élève sur deux en Fédération, ce nouvel enseignement à la philosophie et citoyenneté ne fera pas l’objet d’un cours propre. Son contenu y sera dispensé, à raison de 30 périodes par an, au travers des cours de religion, de français, voire d’histoire selon les modalités que choisiront les direction d’écoles.

Le décret laisse une certaine flexibilité pour l’organisation concrète de ces cours, notamment concernant le choix des titulaires durant les premières années. Ce n’est qu’à partir de la rentrée de septembre 2020 que les enseignants de ce cours de philosophie et citoyenneté devront obligatoirement disposer du titre pédagogique requis pour pouvoir le dispenser.

D’ici là, et pour préserver l’emploi, des profs de religion pourront aussi assumer ce nouveau cours.

Une situation qu’a d’ailleurs tenu à dénoncer mercredi le centre d’action laïque (CAL), l’un des fers de lance du combat pour l’instauration d’un cours de philosophie à l’école.

« Comment procéderont les professeurs accrédités par les différents cultes pour aborder les questions de philosophie et de citoyenneté en s’émancipant des positions adoptées par ceux-là mêmes qui les ont nommés? », interroge le CAL. « Prenons un exemple simple de sujet citoyen: les attaques contre l’IVG en Europe. Un professeur de religion pourra-t-il en parler sereinement si le chef du culte qui l’a nommé a clamé haut et fort que l’IVG est un péché mortel? Poser la question, c’est y répondre… ».

Mercredi dans la presse, les syndicats disaient également redouter les effets à terme sur l’emploi des profs de religion. Un millier d’entre eux pourraient ainsi disparaître à terme.

Devant le Parlement, la ministre de l’Education, Joëlle Milquet (cdH), s’est toutefois voulue rassurante mercredi, rappelant que d’importants efforts en formation continue seront réalisés « pour permettre à tous les professeurs d’arriver » à décrocher le titre requis.

Trois cent mille euros supplémentaires ont ainsi déjà été prévus pour soutenir l’Institut de formation continue de la Fédération, lequel aura pour tâche de former d’ici Pâques 2016 les professeurs de primaire qui devront donner ce nouveau cours dès la prochaine rentrée de septembre.

Le calendrier reste toutefois très serré pour le nouveau cours.

L’administration et les différents réseaux vont en effet devoir s’atteler à l’élaboration des référentiels pour ce nouveau cours de philosophie et citoyenneté, et ce pour les six années de l’enseignement primaire. Pour le secondaire, ils disposent toutefois d’une année supplémentaire pour s’y préparer.

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