Christophe Lacroix. © Belga

Lacroix défend son budget: des mesures « socialement raisonnées »

Quatre-vingts pour cent de l’effort budgétaire demandé par le gouvernement wallon concerne des mesures qui n’ont pas d’impact sur le citoyen, a affirmé mercredi le ministre du Budget Christophe Lacroix, à l’occasion du débat budgétaire au parlement wallon.

Christophe Lacroix estime que les mesures restantes sont « socialement raisonnées, en fonction de la capacité contributive de chacun ».

« Il n’y aura pas d’autres mesures d’économies que celles annoncées », a ajouté le ministre socialiste, comme en écho aux déclarations du vice-Premier ministre fédéral Didier Reynders (MR) qui avait dit craindre que la Belgique ne doive prendre de nouvelles mesures d’économies.

« Le gouvernement a choisi la responsabilité pour ne pas reporter la dette sur les jeunes Wallons, tout en préservant la capacité de redéploiement de l’économie et, autant que possible, le citoyen », a-t-il ajouté.

M. Lacroix a rappelé que la trajectoire budgétaire de la coalition PS-cdH devait permettre un retour à l’équilibre pour 2018 et de financer des mesures nouvelles dans le cadre du plan Marshall 4.0.

Concernant la transparence budgétaire (création d’un comité de monitoring, d’une agence de la dette, engagement à rentrer les documents budgétaires à temps), « j’ai rencontré tout récemment Moody’s et pas plus tard qu’hier le FMI afin de leur présenter cette nouvelle ligne de gouvernance budgétaire ; à ce stade ils semblent l’avoir accueillie positivement ».

Le chef de groupe de l’opposition MR, Pierre-Yves Jeholet, a relevé cette volonté de travailler dans la transparence. Il a toutefois noté que le gouvernement reconnaissait que 20% de l’effort affectera le citoyen, soit à ses yeux 130 millions d’euros sur les 650 millions d’efforts budgétés.

Le gouvernement wallon, confronté à un déficit initial de 1,1 milliard, défend un budget 2015 en déficit de 450 millions d’euros (soit 650 millions d’efforts), limité essentiellement grâce à des reports d’investissements et des réductions de dépenses publiques, mais sans impôts nouveaux.

Le MR a relevé les divergences au sein de la majorité sur l’opportunité de compenser, pour la Fonction publique, l’effet du saut d’index décidé par le fédéral. Il n’a pas manqué de rappeler la réduction envisagée du bonus-logement, la réduction de l’avantage fiscal sur les titres-services, le « vaudeville » sur la taxe outillage, etc.

M. Jeholet a également insisté sur son opposition avec la philosophie d’un gouvernement qui selon lui touchera à la classe moyenne en annonçant une réforme de sa fiscalité vers plus de progressivité de l’impôt. « Il y a certes des choses qui vont bien en Wallonie, mais les indicateurs d’organismes indépendants ne restent pas bons. Où est le frémissement de redressement wallon dont vous parlez ? », a demandé M. Jeholet.

Pour Ecolo, Stéphane Hazée a une nouvelle fois critiqué le choix de trajectoire budgétaire, qui fait peser 60% de l’effort sur la première année. La Wallonie bascule ainsi à ses yeux dans l’austérité sans offrir de réelles perspectives d’emploi, et réduit les soutiens publics à l’énergie et au logement.

Pour Frédéric Gillot (PTB), le gouvernement wallon a choisi de réduire la voilure de l’Etat tout comme le fait le fédéral. La taxe outillage, « seule mesure qui allait chercher de l’argent chez les entrepreneurs, a été retirée », a-t-il déploré. André-Pierre Puget (PP) a dénoncé un budget qui handicape à ses yeux les entreprises et le citoyen, et un gouvernement qui ne cesse d’incriminer le fédéral.

On ne peut débattre du budget sans envisager les contraintes extérieures qui ont forcé le gouvernement à faire des économies, répond pour sa part Christophe Collignon (PS). Il rappelle le contexte de « déraillement du système mondial capitaliste » depuis 2008, les nouvelles normes comptables européennes, l’assainissement nécessaire de l’Etat belge, soit autant d’éléments « qui ne sont pas dus à une mauvaise gestion de la Wallonie ».

Dimitri Fourny (cdH) a en outre rappelé les secteurs immunisés d’efforts, comme les pôles de compétitivité et le Plan Marshall, la formation professionnelle et en alternance, les cofinancements européens, le fonds des communes, etc.

Les débats sur l’ajustement du budget 2014 et l’initial 2015 se poursuivent au finish en cette fin de journée. Jeudi, le parlement se réunit à nouveau en plénière pour débattre du décret-programme.

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