Le prince Laurent durant une visite à l'Armée de Salut à Bruxelles, 22 mars 2018 © BELGA

La Chambre approuve la réduction de la dotation du prince Laurent

Après un vote secret en séance plénière, la Chambre a approuvé vendredi après minuit une réduction de 15% de la dotation du prince Laurent, par 93 voix pour et 23 contre. La sanction fait suite à la participation du prince en uniforme de l’armée à une réception de l’ambassade de Chine, sans en avoir reçu l’autorisation préalable requise.

Le prince avait été défendu la semaine passée devant une commission spéciale de la Chambre par son avocat. La plaidoirie n’avait pas convaincu les députés, qui avaient alors validé par 12 voix contre une la sanction proposée par le gouvernement, soit la réduction de 15% des la dotation princière durant un an. La séance plénière devait encore se prononcer sur la sanction.

Avant le vote, vers 23h00 jeudi, le président de la Chambre, Siegfried Bracke (N-VA) a lu une lettre adressée aux députés par le prince Laurent. Dans cette missive, empreinte d’émotion, Laurent dénonçait l' »acharnement » dont il se dit victime. « Cette dotation, que l’on parle de réduire ou supprimer au gré des vents politiques ou médiatiques, est le prix d’une vie, le prix de ma vie, qui est largement derrière moi aujourd’hui », a rédigé le prince.

Le député N-VA Peter Buysrogge a affirmé que son parti n’était pas « euphorique » mais qu’une sanction était bel et bien nécessaire, suggérant que le prince a outrepassé ses compétences à plusieurs reprises.

Le socialiste Ahmed Laaouej (PS) a pour sa part relevé que le gouvernement avait mal géré le dossier, et que cela figurait aussi au rapport de la commission spéciale.

Quant à David Clarinval (MR), il est évident selon lui que la commission a établi que Laurent n’avait pas respecté les obligations liées à sa dotation.

« Que vous soyez pour ou contre le Palais, personne ne peut réfuter que beaucoup a changé. Des règles déontologiques et des sanctions sont possibles », a pour sa part souligné Sonja Becq pour le CD&V. Cette procédure a été « pour la première fois appliquée, et, espérons-le, pour la dernière fois ».

« Il en va du contenu de la dotation, pas d’une sanction », a encore observé Patrick Dewael (Open VLD). Les princes et princesses ne sont pas tenus à demander une dotation. « S’ils le font, alors ils ont des obligations à respecter », illustre-t-il. « Je souhaite demander au prince qu’il ne s’apitoie pas trop sur son sort », a suggéré le député en référence à la lettre du prince. « Si le prince refuse la dotation, il peut alors donner un nouveau tournant à sa vie ». Les membres des libéraux flamands ont été invités à voter en libre conscience.

Annick Lambrecht (SP.A) a aussi estimé que le gouvernement n’avait pas toujours bien approché le dossier, mais son parti a décidé de soutenir la décision de l’exécutif. « Les règles ont été violées et le parlement ne peut rien faire d’autre que d’appliquer la loi », a-t-elle assuré.

Du côté d’Ecolo-Groen, Gilles Vanden Burre a aussi affirmé que Laurent n’avait pas respecté les règles de la dotation, tout en soulignant également que le gouvernement avait fait preuve d’une « mauvaise gestion » du dossier. Olivier Maingain (DéFI) a exprimé de similaires critiques au sujet de la procédure enclenchée par le gouvernement.

Francis Delpérée (CDH) s’est retranché derrière le secret du vote, et n’a pas tenu à s’exprimer sur le sien ou celui de ses collègues. Il s’est toutefois interrogé sur la proportionnalité de la sanction. « A chacun de nous de juger », a-t-il souligné.

Dans les rangs du Vlaams Belang, Barbara Pas a rappelé que son parti soutenait « toute réduction de la dotation, même cette toute petite ». Les dotations doivent disparaitre à ses yeux.

Marco Van Hees (PTB) a enfin estimé que la sanction reste légère, mais il a quand bien même soutenu la proposition du gouvernement. « Le prince a affirmé qu’il n’avait pas choisi d’être prince. Libérons-le et rendons-lui sa liberté de sorte qu’il puisse gagner sa vie ».

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