La bêtise du gouvernement fédéral est impardonnable

Le gouvernement dirigé par Elio Di Rupo (PS) est l’équipe des occasions manquées. Selon le bureau de statistiques européen Eurostat, la dette publique belge atteindra bientôt 105 pour cent du produit intérieur brut (PIB) alors que nous avons promis à l’Europe de la faire passer sous la barre des 100 pour cent d’ici la fin de l’année.

L’aumônier du gouvernement Di Rupo, le ministre des Finances Koen Geens (CD&V), se montre pourtant apaisant : les caisses de l’état seront surtout alimentées à la fin de l’année. Il s’attend à ce que d’ici fin 2013 la dette retombe à 100,5 pour cent du PIB – ce qui dépasse toujours nettement les 93 pour cent de dette de la zone euro globale.

Par ailleurs, notre « véritable » dette publique est beaucoup plus élevée que ces 100,5 pour cent. En effet, si l’on tient compte des engagements du gouvernement à l’égard des futurs retraités le thinktank Itinera prévoit une augmentation de 558 pour cent, ce qui signifie que notre dette publique totale s’élève à plus de 650 pour cent du PIB, un chiffre astronomique.

Cette dette publique élevée indique que nous ne pouvons plus nous permettre de ne rien faire: si le gouvernement ne prend pas les bonnes mesures, nous succomberons sous les coûts de retraite et de santé liés au vieillissement. Nous le savons depuis longtemps : les premiers rapports sur les coûts liés au vieillissement datent de 2000. Les gouvernements successifs n’ont apporté aucune solution. Entre 1999 et 2007, les gouvernements violet et arc-en-ciel de Guy Verhofstadt (Open VLD) ont manqué l’occasion de créer un tampon sérieux pour les coûts liés au vieillissement malgré des recettes fiscales supplémentaires et une bonne conjoncture. Pire encore: ils ont dépensé sans compter tout en apaisant les gens en créant le Fonds de Vieillissement, une idée de Johan Vande Lanotte (SP.A).

Aujourd’hui, il s’avère que sa caisse est presque vide et qu’en plus on ne peut pas y toucher tant que notre dette publique dépasse les 60 pour cent. Cela peut durer encore vingt ans, mais les coûts de vieillissement augmentent déjà. La conclusion est inévitable : le Fonds de Vieillissement est la plus grande tromperie budgétaire de notre histoire nationale.

Le gouvernement dirigé par Elio Di Rupo (PS) est l’équipe des occasions manquées. C’est la conclusion de deux experts en budget, Wim Moesen (KU Leuven) et Herman Matthijs (UGent et VUB). À la demande de nos confrères de Knack, ils ont analysé plus de 400 mesures budgétaires du gouvernement actuel avant de conclure que le gouvernement Di Rupo, contrairement à ce que martèle l’opposition, n’est pas tant un gouvernement d’impôts, mais plutôt un gouvernement de mesures uniques. C’est bien pire, parce que le copier-coller que Di Rupo a présenté comme budget ne générera pas d’assainissement structurel de nos finances publiques. Le cadavre budgétaire est à nouveau repoussé après les élections de mai 2014. C’est au prochain gouvernement à résoudre le problème avec les responsables des administrations régionales et locales, qui se sont vus transférer une partie de la misère budgétaire par la réforme de l’état.

Dans son livre « Domheid voor beginners – een stoomcursus » (La bêtise pour les débutants, un cours intensif), Matthijs van Boxsel distingue trois époques de la bêtise. Tout d’abord il y a la bêtise classique, caractérisée par une naïveté fondamentale : « Seigneur, pardonnez-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font ». Ensuite, il y a la bêtise moderne : « Seigneur, ils ne savent pas ce qu’ils font et c’est tant mieux ». À l’heure actuelle, nous sommes à l’ère de la bêtise moderne : « Seigneur, ils savent ce qu’ils font, mais le font quand même ». C’est la bêtise des gouvernements fédéraux de notre pays : depuis 2000 ils savent quels défis gigantesques nous attendent – certainement à la lumière de nos finances publiques précaires. Et pourtant ils ont agi comme si de rien n’était. Une telle bêtise est impardonnable.

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