Molenbeek © BELGAIMAGE

La Belgique clouée au pilori par certains médias américains

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Réputée à l’étranger pour toutes sortes de choses « aimables », son chocolat, sa bière, ses bandes dessinées, etc. , la Belgique est à présent dépeinte dans les médias américains comme un « failed state », un terme utilisé pour désigner un état qui n’arrive pas assurer ses missions fondamentales et qui est généralement réservé à des pays du Tiers-monde.

Intitulé « Belgium is a failed state », le billet de l’agence de presse américaine Politico voue notre pays aux gémonies. Tim King, l’auteur de l’article, se demande comment la situation à Molenbeek a pu s’enliser à ce point. Alors que dans pratiquement tous les pays européens, écrit-il, le combat contre le terrorisme comprend une plus grande centralisation du pouvoir, du personnel et d’argent, la Belgique, prisonnière de sa politique linguistique, prend la direction opposée et renforce le pouvoir des régions.

C’est ce manque de coordination entre les différents niveaux de pouvoir qui aurait conduit à une communication défaillante à propos des auteurs des attentats de Paris. « Dans une large mesure, la classe politique s’est résignée à ces dysfonctionnements, les acceptant comme le prix à payer des dissensions linguistiques et opportunistes. Cependant, comme l’ont montré les événements du 13 novembre à Paris, c’est le reste de l’Europe qui paie le prix des échecs belges » conclut durement le journaliste.

Même son de cloche du côté du quotidien The Washington Post, qui évoque « l’énorme Palais de Justice, autrefois un monument étincelant dédié aux valeurs démocratiques, mais à présent recouvert d’échafaudages si décrépits, qu’il symbolise la négligence belge à l’égard du law and order« . Outre la politique européenne de frontières ouvertes et les dissensions linguistiques qui sèment la confusion bureaucratique au niveau de la justice et de la sécurité, le journal fustige le manque de centralisation à Bruxelles et critique l’existence de six zones de police alors qu’à New York, une ville de 8,4 millions d’habitants, il y en a qu’une seule.

Liste de suspects

Le New York Times a quant à lui interrogé Françoise Schepmans (MR), la bourgmestre de Molenbeek, qui déclare qu’elle a reçu une liste de noms et d’adresses de plus de 80 personnes suspectées d’extrémisme islamiste résidant dans sa commune. Selon les informations du New York Times, la liste, basée sur des données des services de sécurité belges, comprenait notamment le nom d’Abdelhamid Abaaoud, le cerveau présumé des attentats de Paris. « Qu’est-ce que j’étais censée en faire ? Ce n’est pas mon boulot de traquer d’éventuels terroristes. Cela relève de la responsabilité de la police fédérale » confie Schepmans au quotidien américain.

Comme le souligne Michiel Vos, correspondant pour les États-Unis à New York, dans le quotidien De Morgen, « si Bill De Blasio, le (seul) bourgmestre de New York avait été cité de cette façon dans le journal, il serait à la rue le lendemain – sans boulot. » Il constate également que l’Amérique, il est vrai hantée par le risque d’attentats depuis le 11 septembre, s’étonne de plus en plus de ce qui se passe en Belgique et du laxisme des autorités à l’égard de listes de suspects comme celle transférée à la bourgmestre de Molenbeek par la police fédérale. Aux États-Unis, les politiques qui ne s’occupent pas suffisamment de la sécurité de leurs concitoyens sont en effet sanctionnés sans pitié aux élections.

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