Les contrôles de l'Afsca concernent aussi la nourriture pour chiens. © Maitrise/Imagedesk

L’Afsca en fait-elle trop ?

Laurence Van Ruymbeke
Laurence Van Ruymbeke Journaliste au Vif

Née dans la foulée de la crise de la dioxine, l’Agence pour la sécurité de la chaîne alimentaire passe pour la (trop) bonne élève de la classe européenne. En tout cas auprès des petits producteurs qui trinquent. En contrepartie, les Belges vont bien, merci.

L’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire, créée en 2000 à la suite de la calamiteuse crise de la dioxine, n’a pas que des amis parmi les éleveurs, producteurs de produits laitiers, bouchers, restaurateurs et autres boulangers qu’elle contrôle sans relâche. Mais 93 % des consommateurs se disent satisfaits de son travail. « Pour le consommateur, la naissance de l’Agence représentait une excellente nouvelle, résume Jean-Philippe Ducart, directeur de la communication chez Test-Achats. Certes, il finance indirectement ces contrôles, à hauteur d’environ 10 euros par an. Mais il en tire un bénéfice en termes de sécurité alimentaire. Pour les entreprises, en revanche, c’est un mal nécessaire. »

Pas pour toutes : celles qui exportent et qui profitent de l’excellente réputation de l’Afsca, en raison de la sévérité de ses contrôles, se frottent les mains. La Belgique expédie ainsi du lait en poudre vers la Chine, totalement rassurée par le feu vert de l’Afsca. Idem pour les poires belges qui s’envolent vers le Brésil. Même parmi les milliers d’entreprises tournées vers le marché intérieur, l’Agence bénéficie d’une image plutôt positive : 91 % la jugent professionnelle. Celles qui sont épinglées lors de contrôles restent très minoritaires: l’an dernier, 4,5 % des opérateurs contrôlés ont écopé d’un procès-verbal, assorti d’une amende, généralement comprise entre 500 et 1 000 euros. L’an dernier, 3,3 millions d’euros sont ainsi venus garnir les caisses de l’Agence.

Sans surprise, c’est du côté des petites exploitations que les critiques sont les plus virulentes. « Notre secteur n’éprouve plus que de la crainte par rapport à l’Afsca, affirme Yvan Roque, président de la Fédération Horeca de Bruxelles. Or, il faudrait un dialogue. » L’Agence est accusée, pêle-mêle, d’appliquer trop strictement des règles souvent en décalage avec la réalité de terrain, de faire le jeu des grandes entreprises de la distribution alimentaire au détriment des petits producteurs artisanaux, et de pousser vers la sortie nombre d’entre eux, incapables de réaliser les investissements nécessaires pour se conformer aux normes de l’Afsca.

« L’Afsca va trop vite, trop fort et trop dans l’excellence, mitraille Yves Noirfalisse, président de l’Association professionnelle du libre-service indépendant en alimentation. Ses règles sont trop complexes à comprendre et à appliquer. Elles sont écrites par des gens qui vivent dans leurs bureaux, et qui n’ont aucun sens de l’opérationnel. Ces législations sont en outre changeantes. Quant à la simplification administrative dont on parle depuis trente ans, laissez-moi rire ! On n’en voit pas la trace. »

Le dossier, dans Le Vif/L’Express de cette semaine. Avec :

  • la défense de l’Afsca
  • les réalités des contrôles
  • l’avis du ministre de tutelle- impact économique négatif ?

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