Jeux olympiques : pourquoi si peu de médaillés belges ?

Neuf fois champion de Belgique, le joueur de badminton originaire du Limbourg et tout jeune médecin de 28 ans Yhan Tan tirera sa révérence après Rio, les seconds et derniers Jeux olympiques auxquels il participe. En arrière-plan, le défi de cumuler l’entraînement et ses stages en hôpital témoigne de la difficulté d’être un champion en Belgique.

Depuis la Guerre froide, Etats-Unis et Russie n’ont eu de cesse de s’attribuer la part belle des médailles olympiques. Enjeu géostratégique et affirmation de puissances, bien sûr. Les premiers mirent en place un système lié aux universités, pépinières de sportifs de haut niveau auxquels on accorde tous les avantages et toutes les facilités non seulement pour l’entraînement mais aussi pour passer leurs examens. Les Soviétiques et autres Allemands de l’Est ou Roumains étaient quant à eux de véritables athlètes d’Etat, de vrais fonctionnaires assurés d’une rente appréciable tout au long de leur vie et d’une retraite en or. Habitués des anecdotes, les Russes avaient coutume de dire de leurs médaillés d’argent : « Il a raté l’or, il n’aura pas de bidet. » Aujourd’hui, les sponsors sont venus perturber le système. En parallèle et jusqu’à aujourd’hui, l’actuelle Russie est aidée dans ses performances par un dopage apparemment systématique tandis que les Etats-Unis, à la pointe du progrès, semblent chercher des voies apparemment légales mais toutefois un peu limites, en attestent les taches de dalmatiens qui garnissent le corps de Michael Phelps, séquelles d’un procédé de récupération qui amène le sang plus rapidement aux muscles. C’est légal… Si l’athlétisme américain a été sali par le dopage, ce n’est peut-être que le sommet de l’iceberg. Comme dit l’adage : il n’est pas interdit de tricher, il est interdit de se faire prendre.

Aujourd’hui, la nouvelle grande puissance olympique est la Chine qui fonctionne peu ou prou comme l’ex-Union soviétique en pire avec ses « élevages » de champions précoces qui quittent l’environnement familial pour des centres d’entraînement spartiates en province. Beaucoup d’appelés, peu d’élus et, comme les castrats d’antan, un pourcentage d’échecs soigneusement dissimulé.

Il est notoire que notre pays n’est ni une fabrique de champions, ni une usine d’artistes de haut niveau.

Même s’il ne faut évidemment pas adopter ce type de méthodes dans notre pays, avec nos 3 médailles engrangées en 2012 et 3 pour le moment à Rio, nous faisons figure de parent pauvre.

Nos piètres performances seraient-elles dues à un respect de l’éthique olympique ? Nos athlètes seraient particulièrement peu dopés ? Possible. Mais il est notoire que notre pays n’est ni une fabrique de champions ni une usine d’artistes de haut niveau. Le sport « basique » (comme les académies de dessin ou de musique) est très accessible financièrement mais pour les surdoués, l’infrastructure reste quelque peu bancale, en attestent les coups de gueule du père des jumeaux Borlée qui s’entraînent substantiellement aux Etats-Unis. L’escrime attire votre petit garçon ? Votre portefeuille souffrira peu mais l’enfant se retrouvera au milieu de 25 élèves face à un maître.

Le nonuple champion de Belgique de badminton, Yuhan Tan, tout jeune docteur en médecine originaire du Limbourg, a fait récemment cet aveu : « Je n’ai pas eu une préparation facile. Je me levais tôt pour m’entraîner avant d’aller suivre mon stage à l’hôpital. » Certains sportifs belge ont un job à plein temps et s’entraînent tôt le matin ou tard le soir après le boulot. Histoire aussi de bénéficier d’une certaine tranquillité (pensons aux nageurs dans les piscines publiques). Impossible de rivaliser avec les grandes ou moyennes puissances olympiques…

D’autant que la Belgique ne compte que 11 millions d’habitants. Elle ne peut afficher autant d’athlètes que les Etats-Unis (proportionnellement, nos 3 médailles en 2012 multipliées par 30 pour atteindre les 330 millions d’Américains donneraient 90 médailles à la Belgique contre 103 aux Etats-Unis ).

Il est toutefois navrant de constater que nos voisins néerlandais, 17 millions d’âmes, ont collecté 20 médailles lors des derniers Jeux d’été. D’autres pays peu peuplés comme la Nouvelle-Zélande, 4 millions d’habitants qui a amassé 13 médailles à Londres ou la Hongrie, pas moins de 13, attestent qu’il est déplacé d’évoquer l’exiguïté de la Belgique comme excuse. Peut-être devrions-nous, comme la Roumanie, nous concentrer sur une ou deux disciplines ? Etre plus sélectifs quant aux athlètes éligibles aux Jeux et n’envoyer que la crème de la crème ?

S’il est clair que la quête de médailles n’est pas un but en soi, ,nous sommes devant un choix de société. Pour briller aux Jeux olympiques, il faut adopter un autre état d’esprit, se réconcilier avec des impératifs tels que l’esprit de compétition et l’élitisme et accepter que le sport de haut niveau est avant tout un don.

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