Charles Michel et Vladimir Poutine © BELGA

Expulsions de diplomates russes: « La Belgique aboie, mais ne mord pas »

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Le Premier ministre Charles Michel (MR) a annoncé que la Belgique procéderait au renvoi d’un membre du personnel diplomatique de la mission russe. Sa décision d’expulser un seul diplomate ne fait pas l’unanimité et se heurte aux critiques de ceux qui y voient un « compromis classique à la belge ».

Après quelques hésitations, la Belgique a donc décidé de suivre l’exemple des États-Unis, du Canada, de l’Australie et de seize pays européens. Elle expulse un diplomate russe pour dénoncer l’empoisonnement de l’agent Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia.

Selon le quotidien De Morgen, le diplomate russe expulsé, dont on ignore l’identité, a 48 heures pour quitter le pays. L’OTAN a également décidé de retirer l’accréditation de sept membres de la mission russe et de refuser l’accréditation demandée pour trois autres. En tout, il y a en Belgique 227 Russes munis d’un passeport diplomatique, 103 assurent les contacts bilatéraux entre notre pays et la Russie. Les autres travaillent pour l’Union européenne et l’OTAN.

Compromis à la belge

Charles Michel, le seul à s’opposer à un renvoi de diplomates russes à Moscou lors du sommet européen de vendredi dernier, a finalement cédé aux partis flamands du gouvernement, favorables à l’élan de solidarité occidentale. En n’expulsant qu’un seul diplomate, il conclut toutefois un compromis « à la belge ».

Désireux de préserver ses efforts de diplomatie déployés à Moscou en janvier dernier, Charles Michel continue en effet à plaider pour un « dialogue franc et ouvert avec la Russie sur les sujets d’intérêt général ». Si le gouvernement parle d’un « signal fort », le journaliste de la VRT Johan Depoortere estime qu’il s’agit là de pratiques diplomatiques dont « le sens lui échappe ». « C’est vouloir aboyer, mais ne pas oser mordre », déclare-il au Morgen.

Le quotidien De Standaard estime également que la Belgique envoie un signal ambigu. D’une part, elle fait preuve de solidarité avec ses alliés occidentaux, d’autre part la sanction n’est pas assez importante pour rompre les relations entre Bruxelles et Moscou. Le journal y voit une manoeuvre destinée à remporter un siège temporaire au Conseil de sécurité des Nations-Unies en 2019. La Belgique souhaite garder son rôle de conciliateur.

Nouvelle Guerre froide

Interrogé par De Morgen, le professeur en politique internationale David Criekemans (Université d’Anvers) voit la décision de la Belgique d’un mauvais oeil. « Ce qui s’est passé à Salisbury est scandaleux, mais c’est un pas dans la mauvaise direction. Elle contribue à un climat déjà dégradé dans la direction d’une nouvelle Guerre froide ». Il s’agit pour lui d’une politique purement symbolique. « Manifestement, la pression politique de suivre nos pays voisins était devenue trop importante », explique-t-il. Il estime que la Belgique aurait mieux fait d’attendre la décision de l’Organisation pour l’Interdiction des Armes chimiques.

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