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« Elio Di Rupo est le meilleur premier ministre wallon qu’on n’ait jamais eu »

Walter Pauli
Walter Pauli Walter Pauli est journaliste au Knack.

Nos confrères du Knack se sont entretenus avec Hugo De Ridder. Âgé de 81 ans, ce rédacteur et essayiste politique est considéré comme le patriarche des journalistes flamands.

Hugo De Ridder: Vous savez, j’aime bien me rendre à l’hôtel Hilton pour y lire les journaux étrangers. Ce qui me frappe chaque fois, c’est la façon ingénieuse, presque silencieuse, dont un petit pays comme la Belgique traverse la crise. Hormis les chômeurs, personne n’a dû se serrer la ceinture. Les pensions n’ont pas été réduites, l’index a été maintenu, aucun fonctionnaire ne gagne moins. Comparez notre situation à celle de l’étranger. Partout, les fonctionnaires doivent accepter des réductions de salaire et les pensions ont baissé. Comment se fait-il que ce petit pays garde sa prospérité malgré nos coûts salariaux élevés, notre fiscalité lourde et la structure de l’état compliquée ? Nous continuons à accorder des préretraites et arrivons toujours à placer 325 milliards d’euros sur nos livrets d’épargne. C’est réjouissant, non ? Nous les Belges sommes les vrais débrouillards de l’Europe. Je me demande seulement combien de temps nous allons tenir . Si nous ne sommes pas assis sur une bombe à retardement. Mais reste le fait que nous sommes en train de traverser cette grande crise sans grands efforts et sans pauvreté généralisée. Chaque mois, on épargne un milliard et demi d’euros en plus. Et on continue à se plaindre !

Avons-nous une image trop négative de nous-mêmes ?

De Ridder: Cela peut sembler ironique pour ceux qui connaissent un peu l’histoire, mais il faut le dire: Elio Di Rupo est le meilleur premier ministre wallon que nous n’ayons jamais connu. Je suis étonné de tout ce qu’il accomplit. Les Flamands ont une image fausse de la Wallonie et des Wallons. Chaque fois que je suis en Wallonie, et c’est souvent le cas, je vois une révolution économique : une montée de PME qui fait penser à la Flandre pendant les années soixante. Mais nous les Flamands, nous ne voyons pas cela. Nous continuons à nous fixer sur Charleroi et à parler en clichés du PS. Il va de soi que ce parti compte également des esprits avisés. Jean-Pascal Labille, par exemple, n’est vraiment pas un imbécile.

La critique flamande principale à l’égard du gouvernement Di Rupo porte sur le fait que ce cabinet fait peut-être ce qui est nécessaire, mais qu’il ne prend pas les décisions essentielles pour protéger l’avenir.

De Ridder: Cette critique contient un fond de vérité, même si ce reproche valait également pour les autres gouvernements : Het Ultieme Transfer, mon livre sur le problème des (pré)retraites date de 1992. Entre-temps, on réalise heureusement que nous allons tous devoir travailler plus longtemps. Un gouvernement qui anticipe ce sujet peut aller loin. Il ne faut pas exciter les gens avec des phrases du genre  » à partir de maintenant tout le monde doit travailler jusqu’à septante ans ». Le ministre des Pensions ferait mieux d’établir un plan par étapes : quelqu’un qui a 45 ans maintenant devra travailler jusqu’à 62 ans, quelqu’un qui a 40 ans devra travailler jusqu’à 64 ans, etc. Ce serait beaucoup mieux accepté que lesdites « thérapies de choc ».

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