Pierre Havaux

Domb et le coup de bambou sur la bonne gestion flamande

Pierre Havaux Journaliste au Vif

Bart De Wever a créé la surprise en se payant la tête des pandas « subsidiés » de Pairi Daiza. Eric Domb, patron du parc wallon, en a aussi une bien bonne à raconter : les zoos flamands sont pris en flagrant délit d’assistanat. Et ceci n’est pas une plaisanterie.

On cherche Eric Domb ? On le trouve. Bart De Wever a cru malin de tester la chose. Sa réincarnation en panda version peluche, le temps d’une prestation télévisée, devait être un morceau d’anthologie : la salle a bien ri en découvrant le président de la N-VA dans son élément. « Je n’étais ni à l’hôpital, ni en Suisse. Non, j’étais à Mons où mon bon ami Elio m’avait offert un emploi (…) 700.000 euros par an et la même somme pour mon ami. »

Humour bien sûr. Juste teinté de quelques lourds sous-entendus qui ne laissent jamais la Flandre profonde insensible : le train de vie des deux pandas hébergés comme des rois à Pairi Daiza relèverait de l’assistanat. Cette spécialité wallonne bien connue, qui consiste à s’abreuver à la manne publique.

Eric Domb, patron du parc animalier wallon, n’a pas voulu laisser dire n’importe quoi. Il a chargé ses deux hôtes chinois de marque de corriger eux-mêmes le président de la N-VA : « c’est Pairi Daiza, jardin privé, qui paie pour nous, pas le contribuable. »

Assez ri. Après l’ amuse-gueule, le plat de résistance. Et le vrai coup de bambou, c’est la Flandre qui se le prend à présent en pleine face. La Flandre de la « goed bestuur » naguère tant vantée par Yves Leterme. La Flandre bien gérée, économe, toujours soucieuse des deniers publics. Qui ne se shoote pas, ELLE, aux subsides généreusement déversés, par exemple sur aéroports régionaux wallons. Parce que la Flandre n’est pas, ELLE, une vilaine profiteuse.

Eric Domb a la dent dure. En bon manager, il sait calculer. En bon communicateur, il exhibe le caillou planqué dans la chaussure flamande. 97 millions de fonds publics flamands ont été déversés en dix ans dans les caisses des zoos d’Anvers et de Planckendael : c’est pas un peu déloyale, « cette subsidiation massive qui fausse le marché ? », s’interroge le patron du parc animal wallon. La Région wallonne ne se montre pas aussi généreuse : à peine dix millions de coup de pouce sur la même période. Pareille « injustice » ne peut perdurer. S’il le faut, c’est aux tribunaux, même européens, qu’il appartiendra de mettre fin à ce manège.

A moins qu’il s’agisse d’autre chose. D’une gestion flamande défaillante… Qu’à cela ne tienne, Eric Domb pourrait être ce Wallon providentiel que la Flandre n’attend pas. Il pourrait se poser en candidat repreneur des deux zoos flamands qu’il se fait fort de développer « sans injection de capitaux publics flamands. »

A ce stade, la riposte tourne au supplice. Cela s’appelle appuyer là où ça fait mal : sur la bonne gouvernance flamande ainsi mise en doute. Allô Bart ? Ceci n’est peut-être pas de l’humour.

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