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Didier Reynders en RDC à l’approche des « concertations nationales »

Le Vif

Le chef de la diplomatie belge, Didier Reynders, entame dimanche une visite de trois jours en République démocratique du Congo (RDC), un pays en proie à une instabilité chronique dans la partie est de son immense territoire et alors que se préparent à Kinshasa des « concertations nationales » destinées à renforcer la cohésion nationale face à la guerre au Kivu.

M. Reynders, dont ce sera la quatrième visite en RDC depuis son arrivée aux Affaires étrangères, s’y rend pour réaffirmer la nécessité d’appliquer l' »accord-cadre » signé en février à Addis Abeba par onze pays de la région des Grands Lacs pour stabiliser l’est congolais après des décennies de troubles, a indiqué son entourage.

Cet accord n’a toutefois pas encore permis de neutraliser les nombreux groupes armés qui sévissent dans les deux Kivu, dont la rébellion du Mouvement du 23 mars (M23), présumée soutenue par le Rwanda et l’Ouganda voisins – qui démentent toute ingérence.

L’accord, qui s’est traduit par le déploiement – toujours en cours – d’une brigade de Casques bleus africains au mandat renforcé au sein de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en RDC (Monusco), contient aussi des engagements pris par le président congolais Joseph Kabila pour « consolider » l’autorité de l’Etat à l’est, réformer le « secteur de la sécurité » (armée et police) et promouvoir la réconciliation nationale, la tolérance et la démocratisation.

Lors de son séjour à Kinshasa, de dimanche soir à mercredi soir, M. Reynders entend rappeler ces engagements aux autorités congolaises et s’enquérir de « cas individuels » de personnes aux prises avec la justice (comme le Belge d’origine congolaise Eric Kinkunda, condamné en mars 2010 à dix ans de prison pour « tentative d’insurrection »), a expliqué son entourage.

Aucun entretien n’est à priori prévu avec M. Kabila, mais il n’est cependant pas exclu, souligne-t-on de source diplomatique. Le ministre belge devrait toutefois rencontrer notamment le nouveau « patron » de la Monusco, l’Allemand Martin Kobler, son homologue congolais Raymond Tshibanda, et le président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), l’abbé Apollinaire Malu-Malu.

Il évoquera encore avec les responsables congolais la création d’une commission bilatérale pour traiter des questions économiques, dont les investissements que des entreprises belges pourraient réaliser en RDC.

M. Reynders lancera aussi le chantier de la construction de la nouvelle chancellerie, destinée à accueillir les services de l’ambassade de Belgique en RDC – l’un des gros postes diplomatiques belges – sur le boulevard du 30 juin, la principale artère kinoise.

Le Conseil d’Etat a récemment contraint les Affaires étrangères à lancer un appel d’offres, plutôt que de passer par une procédure négociée, pour ce chantier d’une dizaine de millions d’euros. L’appel d’offres a été publié le 31 juillet.

M. Reynders se rendra enfin dans la province du Bas-Congo (nord-ouest), qui abrite deux des atouts pour le développement économique de la RDC: le port de Matadi, le plus important du pays, jumelé depuis 2003 avec celui d’Anvers qui lui fournit une assistance technique en matière de gestion et de réhabilitation, et les gigantesques barrages hydroélectriques d’Inga I et II sur le fleuve Congo. Les quatorze groupes de ces deux centrales, mises en service en 1972 et 1982, d’une puissance totale de 1.780 mégawatts (MW), pourraient alimenter en électricité des régions entières de la RDC en plus des pays voisins (Zambie et Zimbabwe) acheteurs d’une partie de la production. Mais ils ne fonctionnent qu’à environ 40% de leur capacité, faute d’entretien.

La RDC projette toutefois d’y construire la plus grande centrale hydroélectrique du monde, baptisée Grand Inga, en partenariat avec l’Afrique du sud, à partir d’octobre 2015.

La première phase de ce projet pharaonique, avec une production prévue à terme de 40.000 MW – de quoi fournir en électricité la moitié du continent africain -, Inga 3 Basse Chute, doit avoir une puissance de 4.800 MW. Pour un coût de dix milliards de dollars (quelque sept milliards d’euros) à financer par un partenariat public-privé, selon la Société nationale d’électricité (Snel).

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