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Di Rupo : monument en péril ?

Nicolas De Decker
Nicolas De Decker Journaliste au Vif

On dit Elio Di Rupo déclinant. On le dit contesté. Et si ce qui se passait dans sa bonne ville de Mons expliquait tout de l’état de ses relations avec la droite, avec la gauche de la gauche, avec ses successeurs potentiels et avec les syndicats ?

On a dit d’Elio Di Rupo qu’il incarnait Mons au-delà de ce que pouvaient écrire tous les dictionnaires à l’entrée « incarnation ». Elio Di Rupo et Mons, c’est si fort que l’un a cité le nom de l’autre à l’Assemblée générale des Nations unies, à New York. C’est si puissant, entre Mons et Elio Di Rupo, que les plus fidèles parmi ses plus proches sont soit à son service à son cabinet à Mons, soit à son service à son cabinet au Boulevard de l’Empereur, soit les deux successivement. C’est si fusionnel que dans le groupe socialiste à la Chambre des représentants, ils ne sont pas loin de la moitié à penser que si le PS a été si clément avec Jacqueline Galant lorsqu’elle était ministre de la Mobilité, c’est parce qu’il ne fallait à aucun prix compromettre le pénible achèvement de la coûteuse gare de Mons. C’est si intense que le balcon de l’hôtel de ,ille un dimanche de Doudou est devenu, depuis une douzaine d’années au moins, l’endroit le plus décisif de la Belgique politique.

On a dit qu’Elio Di Rupo était le régent du Royaume et que sa cour siégeait à Mons. Que c’était là qu’il décidait de tout, chez lui, rue du 11 novembre, où bien devant une pâte à la Table des matières, rue du Grand Trou Oudart.

Tout cela est vrai, au moins un peu.

Mais la Table des matières va fermer.

Et on a dit, aussi, que depuis quelque temps le régent montois du Royaume de Belgique n’allait plus si bien. Qu’il n’était plus maître du jeu. Car Elio Di Rupo, dont la formation est dans l’opposition fédérale et en baisse dans les sondages, est contesté dans son parti et déprécié en dehors.

Et comme on a dit que Mons s’incarnait en Elio Di Rupo, ce sont nécessairement des moments montois de la vie de l’insaisissable Monsieur Elio qui donnent de la chair à cette hypothèse du déclin. Il y en a quatre.

Mardi 19 avril, Bruxelles, fin de matinée : le MR est viré, question locale

Le téléphone d’Olivier Chastel vibre. Sur l’écran du smartphone présidentiel, le nom d’Elio Di Rupo. Le président socialiste respecte son homologue libéral, hennuyer comme lui, qui a été son ministre du Budget, et que Charles Michel a placé à la tête du MR pour ne pas envenimer encore les relations avec le PS. Depuis des mois, dans les couloirs de la Chambre, Elio Di Rupo demande à Olivier Chastel de brider le Montois Georges-Louis Bouchez, échevin de plein droit depuis fin 2012, échevin empêché car député wallon depuis l’été 2014. Lorsque Di Rupo appelle le Carolo, ce mardi, l’empêchement de Georges-Louis Bouchez a pris fin depuis quelques dizaines d’heures à peine. Jacqueline Galant a quitté son ministère fédéral, et récupère son siège au parlement wallon.

Son suppléant revient donc au collège. Mais les échevins socialistes n’en veulent plus. Olivier Chastel le sait. Il le sentait. A l’automne, lorsque Jacqueline Galant avait traversé cahin-caha la tempête Clifford Chance, des socialistes, à Mons, avaient fait le serment d’empêcher, à tout prix, le retour du jeune importun au collège communal. A 30 ans, celui-ci, suprêmement doué pour la politique, cajole petit peuple et journalistes autant qu’il agace camarades et adversaires. Dans son parti, son ambition effraie. Ses qualités même font peur. Surtout que ni discipline ni docilité n’y figurent. Pour s’imposer parmi les siens à Mons, il a marché sur la tête des plus anciens avec la très timide complicité de Richard Miller, patron historique mais distrait des libéraux montois. Les anciens lui en gardent une éternelle rigueur. Mais ce sont des anciens.

Au Parlement wallon, il s’est si rapidement rendu important que, dans le groupe MR, les ricaneurs le surnomment Conchita Wurst, « question de look, oui, mais aussi parce qu’il fait beaucoup de bruit et que ça ne sonne pas toujours très bien », nous dit-on. Olivier Chastel lui-même n’est pas le plus enthousiaste soutien de son jeune talent montois. Plusieurs fois il l’a rappelé à l’ordre, sans avoir l’impression d’être écouté. C’est pourquoi, donc, l’annonce d’Elio Di Rupo, ce 19 avril, ne surprend pas Olivier Chastel. Il en prend acte, avec l’âcre satisfaction de ceux qui voient se produire un malheur qu’ils avaient prédit. Son ordre de mission à la tête du parti autant que son aversion pour le conflit le contraignent à circonscrire la rupture du pacte de majorité à une affaire purement locale d’inimitié personnelle. En 2018, il aura besoin des socialistes pour entrer ou rester dans des majorités dans les provinces, dont la sienne, le Hainaut, et dans les grandes villes, dont la sienne, Charleroi.

Ça tombe assez bien : Elio Di Rupo non plus n’a aucun intérêt à nationaliser le débat montois. Alors, auprès d’Olivier Chastel, Elio Di Rupo utilise précisément l’argument de 2004, lorsqu’il avait jeté le MR de Louis Michel des majorités régionales. A l’époque, c’était le G9 des Van Cau et autres Daerden qui avait refusé de prolonger avec le MR de l’alors jeune mais déjà importun Charles Michel, et, avait dit Di Rupo, il n’avait rien pu y faire. Ce 19 avril, sa volonté n’a pas contesté celle de ses échevins socialistes non plus. La conférence de presse que convoque Elio Di Rupo dans l’après-midi fera l’ouverture des JT du soir, et la une des grands quotidiens du lendemain. Mais la hiérarchie réformatrice, d’Olivier Chastel à Denis Ducarme, y lâche publiquement Bouchez. « Le PS ne pouvait pas faire autrement », dira même Richard Miller. La dite hiérarchie fait ce cadeau à Elio Di Rupo. Pas gratuitement, mais parce qu’elle a besoin de lui.

Elle aura aussi besoin de Georges-Louis Bouchez, plus tard. Une fois la tempête médiatique passée, il reçoit donc le soutien de cette même hiérarchie. Celle-ci ne le décourage même pas de vouloir, à la fin de l’année, ravir la présidence d’arrondissement du MR à Jacqueline Galant. Celle-ci lui offre, à dater du 1er juillet, un poste de délégué à l’animation politique et à la prospective au Centre Jean Gol, centre d’étude administré par Richard Miller d’un parti présidé par Olivier Chastel et dirigé par Charles Michel. Mais surtout celle-ci a vachement écrasé devant Elio Di Rupo, qui reste ainsi maître du jeu dans les grandes villes et les provinces wallonnes. Ces futures majorités se sont-elles dès lors nouées par ce coup de fil d’un mardi d’avril ?

Vendredi 22 avril, Mons, fin de matinée : le PTB est viré, question nationale

Le temps est au gris sur la Grand-Place. Il pleut. Germain Mugemangango accompagne son camarade John Beugnies à l’hôtel de ville de Mons. Le premier est carolo et président du PTB hennuyer. C’est un des cadres du parti de la gauche de la gauche. D’un naturel jovial, il est presque né dans le parti. Il sait faire de la politique, celle des phrases coupantes et des arguments contondants. Le second, employé dans une briqueterie d’Hautrage, est conseiller communal PTB depuis 2012. Avant ça, il avait un peu milité chez Ecolo. En ces lieux que le second connaît mieux que le premier, c’est pourtant le premier qui guide le second. Car il faut parler politique. Tous les deux sont invités par le bourgmestre de Mons pour négocier l’entrée du PTB dans la majorité municipale.

Leur parti dispose d’un siège au conseil communal, celui de John Beugnies. Le PS en a vingt-neuf. Il n’a pas besoin d’un partenaire pour diriger le chef-lieu du Hainaut. Mais depuis son accession au mayorat, en 2000, Elio Di Rupo a toujours refusé de gouverner seul, que cela soit possible ou pas. La discussion cordiale, d’une bonne heure, se termine dans un éclat de rire. Et sur la promesse de se revoir la semaine qui suit. Elio Di Rupo, flanqué de Nicolas Martin et de Marc Barvais (président du CPAS), n’a pas cligné les yeux lorsque Germain Mugemangango a dénoncé « ce cadre de l’austérité qui est celui des politiques qu’applique le PS ». Il avait posé son projet de ville sur la table, et a continué à répondre aux questions. L’austérité, a-t-il rétorqué, est imposée par le FMI et l’Union européenne. Nicolas Martin a ajouté que le centre-ville profitait assez largement – si largement que l’on pût du reste difficilement en envisager davantage – de la manne des fonds européens Feder. Il n’empêche : on a aussi causé de réfection de voiries, de l’éclairage du Beffroi. Et même d’une réforme de la fiscalité locale : « maintenant ! », a-t-on exigé au PTB, « après 2018 », a répondu le banc PS.

Bref, ce jour-là, à Mons, chef-lieu du Hainaut, sociaux-démocrates et gauche de la gauche se sont parlé vraiment pour discuter de l’éventualité d’une coalition inédite. « Il n’y avait rien d’imbuvable a priori pour le PS dans ce qu’ils ont avancé ce jour-là », précise un socialiste bien informé. Le patron du PTB hennuyer ajoute : « Elio Di Rupo nous avait dit avant ça qu’il s’agissait d’une vraie démarche, et qu’il avait l’ambition de lancer avec nous un projet particulier sur Mons. ». Particulier et universel, en fait : pareil accord, conclu dans sa ville par le président du Parti socialiste aurait eu des répercussions nationales. Le pacte socialiste-libéral de 1999 qui allait régenter la Belgique au tournant du siècle avait été consacré par une réplique montoise, scellée en 2000 entre Elio Di Rupo, président du PS et bourgmestre de Mons, et Richard Miller, plus proche camarade de Louis Michel et désormais échevin. Celui noué entre PS et PTB au même endroit allait-il engager la Wallonie ? Germain Mugemangango a senti le piège. « C’était une arnaque. Sérieusement, avec un élu contre vingt-neuf, comment voulez-vous peser dans une coalition? », dit-il.

Le samedi, en accord avec sa hiérarchie nationale, il fait publier un communiqué sur le site du parti. Il s’intitule « pourquoi le PTB ne participera pas à la majorité communale montoise ». Les négociations sont rompues. Le PS choisira le CDH et ses trois élus (contre vingt-neuf toujours, donc). L’incident communal n’est pas clos pour le président socialiste. Sur les plateaux de télévision, il tire de ce refus local des leçons nationales : le PTB ne veut pas gouverner. Il n’est pas un parti responsable. Il ne sert à rien de voter pour lui. Ni aux communales, ni aux régionales, ni aux législatives, ni aux européennes. Jamais. L’avenir de la gauche en Wallonie s’est-il ainsi décidé à l’hôtel de ville de Mons, au cours de cette matinée sous la pluie ?

Dimanche 1er mai, Baudour, fin de matinée : Nicolas Martin est le patron des socialistes montois

Il fait très frais pour un premier mai, mais le souffle des militants rassemblés comme d’habitude sous un chapiteau à Baudour sature l’atmosphère de moiteur. La hiérarchie socialiste est bien établie : Elio Di Rupo est le premier assis au premier rang. Juste à sa droite, Nicolas Martin, premier échevin de Mons et, surtout, nouveau président de la fédération socialiste d’arrondissement. Celui-ci sera l’avant-dernier à prendre la parole, et celui-là, bien entendu, le dernier. Les journalistes qui assistent au meeting ne prêteront guère attention au discours du second. Ils sont là pour entendre l’ancien Premier dénoncer l’actuel. Le 1er-Mai socialiste de Mons et celui, libéral, de Jodoigne, se confrontent en Belgique francophone depuis plusieurs lustres maintenant. Une autre compétition, depuis deux ou trois ans, occupe les rédactions nationales presque autant que les esprits des cadres socialistes. Car depuis deux ou trois ans en effet, Paul Magnette, depuis le grand auditorium de l’Université du travail de Charleroi, emperle là punchlines antilibérales et imitations gouailleuses.

Et, depuis deux ans, les journaux du 2 mai font meilleure place aux invectives carolorégiennes qu’aux saillies montoises. C’est un signe auquel on est attentif, au Boulevard de l’Empereur.

Et depuis trois ans au moins, à Mons, on s’en inquiète, mine de rien.

C’est que Paul Magnette, qu’Elio Di Rupo pensait avoir politiquement fabriqué, s’est émancipé de la magistrale tutelle. Successeur moins désigné que suggéré, il a aujourd’hui pris tant de place qu’il pense pouvoir tout faire. Y compris, par exemple, court-circuiter les sorties médiatiques de son président, y compris évoquer publiquement une succession qui « sera négociée avec Laurette Onkelinx », a-t-il dit dans Le Soir, y compris donner un avis différent du patron sur l’allocation universelle ou sur la stratégie à suivre dans l’opposition fédérale ou à l’égard du PTB. Pareilles dissonances n’étaient jadis que l’apanage d’éléments isolés au PS, d’Anne-Marie Lizin à José Happart, de Claude Eerdekens à Jean-Claude Van Cauwenberghe.

Cette liberté laissée à l’héritier, c’est un des indices d’une autorité moins incontestée que naguère. Le signe, également, que le surmoi d’un polyglotte surdoué jusqu’à l’indolence pèse peu, face à celui d’un orphelin besogneux jusqu’à l’obsession. Alors que le PS va mal, les frottements entre Elio Di Rupo et son successeur annoncé au Boulevard de l’Empereur n’échappent ni aux acteurs ni aux observateurs.

Or, Elio Di Rupo n’a pas qu’un seul successeur annoncé. Celui voué à prendre sa suite à l’hôtel de ville de Mons, celui qui a pris la parole avant lui sous ce chapiteau moite, n’est pas plus docile que celui appelé à occuper son bureau du Boulevard de l’Empereur. Il est seulement plus poli. Nicolas Martin, comme Paul Magnette, sont incontournables chacun dans leur arène, locale pour le premier, régionale pour le second. Et les deux embêtent Elio Di Rupo.

Ce 1er mai à Baudour, personne ne prête grande attention au discours de Nicolas Martin. Ce n’est pas seulement parce qu’il est d’une très classique facture – ce régionaliste qui était FDF puis candidat d’ouverture avant d’entrer pleinement au PS et qui goûte peu le fétichisme ouvriériste s’est même, suprême effort, permis de féliciter la présence et l’action de la FGTB. C’est aussi parce que la stratégie de conquête de Nicolas Martin s’appuie sur d’autres atouts que celle de Paul Magnette. La sienne est patiente et tout sauf médiatique. Il ne briguera pas explicitement le mayorat avant 2014. Là où Magnette s’affirme en penseur de gauche à qui le destin a confié des leviers politiques, Martin se pose en gestionnaire consciencieux gauchisé par son régionalisme. Mais Nicolas Martin dispose, à l’échelle locale, de probablement plus de soutiens que Paul Magnette n’en a à l’échelle nationale : c’est contre l’avis d’Elio Di Rupo qu’il est devenu président de la fédération de Mons-Borinage, tandis que Paul Magnette n’a encore rien obtenu contre la volonté du bourgmestre de Mons. Lui prendra-t-il un jour de force la présidence nationale ? Le Carolorégien s’entend en tout cas très bien avec Willy Demeyer. La Fédération de Liège pourrait lui être acquise. Qu’une partie notable de celle du Borinage se ralliât au Carolo, et l’alliance du successeur local et de son homologue national ferait basculer le siège du prédécesseur.

La dévolution socialiste s’est-elle du coup jouée sous un chapiteau tiède, un 1er mai qui avait pourtant semblé comme les autres?

Mardi 31 mai, midi : Charles Michel est pendu sur la Grand-Place de Mons

A Mons, il pleuvine encore sur le printemps social. Sur la Grand-Place, le ciel est si bas qu’un Premier ministre est pendu sous la fenêtre ou presque d’un ancien Premier ministre abattu. Lui qui misait si gros sur l’Action commune socialiste. Lui qui avait cru, à l’automne 2014, qu’une contestation syndicale inédite ces dernières années allait renverser une coalition dominée comme jamais par la droite flamande. Lui qui a vu, à la manifestation nationale du 24 mai dernier tout autant qu’aux précédentes, des syndicalistes rancuniers lui lancer des insultes avec des pétards. Lui qui en avait entendu d’autres le huer.

Lui, Elio Di Rupo, qui en deux ans et demi d’opposition fédérale a constaté combien le monde du travail s’était éloigné de son parti, est inquiet.

Cette journée d’action de la CGSP, dont les militants hennuyers décident de pendre symboliquement une effigie de Charles Michel, marionnette de la N-VA, ne l’arrange pas. Pas du tout. L’opinion, même francophone, même lorsqu’elle s’oppose aux mesures économiques du gouvernement fédéral, n’embraie pas sur la contestation syndicale. Et l’actuel Premier ministre pas moins que ses camarades de parti, mais beaucoup moins que ses partenaires flamands qui en profitent pour tenir le président du Parti socialiste pour responsable à la fois de ces mesures – soit que sa coalition Papillon en avait adopté des similaires, soit que son action, son inaction, voire les deux, aient rendu les nouvelles inévitables – et des protestations qu’elles provoquent.

C’est imparable, insécable, insoluble. Elio Di Rupo est coincé comme jamais, responsable de tout et victime de rien. Il doit, tout en partageant l’indignation de la population, et donc des syndicats, se départir des actions des syndicats qui indignent une partie de la population, donc des électeurs de son parti. C’est ainsi que, comme jamais dans l’histoire du socialisme belge, un président du Parti conteste, à la radio, l’épithète de socialiste au syndicat frère. C’est ainsi que, partout où il le peut, un bourgmestre de Mons accuse le PTB de noyauter, de contaminer, d’exciter des centrales à l’en croire si paisibles naguère. C’est ainsi qu’un vice-président de l’Internationale socialiste considère, à la télévision, « inacceptable » que l’on pende une marionnette en forme de Premier ministre libéral d’un gouvernement de droite si minoritaire en Wallonie qu’il n’est pas soutenu par le quart de l’électorat.

Charles Michel, qui a la carapace d’un mastodonte jurassique, se donne l’air d’être touché par la mise en scène. Parce qu’il sent que les syndicats sont impopulaires – sinon jamais il ne se serait permis ce provocateur « Au travail ! » d’après la grande manifestation du 24 mai. Parce que la potence s’est dressée à Mons. Parce qu’il sait que l’on associe tant Mons à Elio Di Rupo que l’un et l’autre sont presque synonymes désormais. Parce qu’il a compris qu’Elio Di Rupo allait devoir se désolidariser de cette pendaison montoise s’il voulait continuer à incarner un Mons admissible.

Et lorsqu’au lendemain de l’exécution, une partie de la régionale de Mons-Borinage de la CGSP entame un mouvement de grève, la même prise enserre toujours plus le premier montois. A Mons, les poubelles ne sont plus ramassées. A Mons, certaines écoles sont fermées. A Mons, l’administration communale, elle-même, se met en grève. Et alors qu’une partie des administrés d’Elio Di Rupo lui demande de débloquer la situation, certains syndicalistes l’accusent, avec la gauche de la gauche, de brider leur liberté en voulant débloquer la situation tandis que la droite et la Flandre lui reprochent de ne pas brider la liberté de certains syndicalistes en ne voulant pas débloquer la situation. Cette situation imparable, insécable, insoluble, c’est celle d’un homme d’un naturel inquiet, Elio Di Rupo, qui se voit se suicider en se tirant une balle dans le pied tout en sciant la branche sur laquelle il est assis alors qu’il doit cracher dans la soupe. Et c’est à Mons que ça se passe. La rupture du président du Parti socialiste avec la gauche syndicale s’est-elle de la sorte consommée là, dans cette anodine pendaison de carnaval ?

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