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Des secondes sess’ alourdies en raison d’un flou juridique

La Fédération des Etudiants francophones (FEF) a dénoncé jeudi les effets d’une disposition du décret « Paysage » qui contraint des étudiants à présenter plus d’examens en seconde session qu’attendu.

D’application depuis le 1er septembre, ce décret voté sous la législature précédente réorganise le paysage de l’enseignement supérieur en Fédération Wallonie-Bruxelles. Il prévoit également la réorganisation des études en unités d’enseignement regroupant plusieurs activités d’apprentissage (cours, stages, travaux personnels, etc.). Une unité d’enseignement implique donc plusieurs examens.

Si l’étudiant réussit toutes les activités d’apprentissage, il réussi l’unité. S’il en rate certaines, la situation se complique. Le décret prévoit que les activités d’apprentissage peuvent faire l’objet d’une évaluation ou d’une valorisation distinctes mais rien n’oblige les jurys à procéder de la sorte. En fonction des établissements, les étudiants peuvent donc être traités différemment: ne représenter que les activités dans lesquelles ils ont échoué ou l’ensemble de l’unité. Pour trois échecs, un étudiant pourrait être contraint de passer six examens.

« Les établissements ont la liberté d’interpréter le décret comme bon leur semble! L’étudiant n’a plus qu’à espérer s’être inscrit dans un établissement qui privilégie la cohérence et l’intérêt des étudiants », déplore la FEF.

La Fédération reçoit de nombreux appels d’étudiants désemparés, indique-t-elle. Les seules voies de recours ouvertes pour le moment sont soit un recours interne dans l’établissement, soit un recours auprès du commissaire du gouvernement.

La FEF regrette cette situation. Elle a déjà pointé du doigt ce « flou juridique » et proposé un amendement lors de l’examen parlementaire du décret mais n’a pas obtenu satisfaction.

« Un problème auquel le ministre (Jean-Claude) Marcourt (en charge de l’enseignement supérieur en Fédération Wallonie-Bruxelles) et la majorité ont préféré faire la sourde oreille, dans un jeu de conflits avec l’opposition, au lieu de penser à la situation désastreuse d’un étudiant confronté à une seconde session colossale pour un nombre minime d’examens ratés », a-t-elle souligné.

Interrogé en commission du parlement wallon par la député Véronique Waroux (cdH) à propos de cas rencontrés à la Haute école Condorcet de Saint-Ghislain, M. Marcourt a précisé l’interprétation à donner au décret, qui va dans le sens préconisé par la FEF. Des étudiants de cet établissement de la région montoise doivent représenter des unités entières pour un, deux ou trois échecs, quand parfois ils ont obtenu de très bonnes cotes dans certaines activités.

« C’est par erreur que la Haute école Condorcet indique qu’il faut repasser toutes les activités d’apprentissage si l’on n’a pas réussi l’unité d’enseignement », a-t-il expliqué.

Le ministre a demandé au commissaire du gouvernement de rappeler aux Hautes écoles que l’objectif « était d’aider à la réussite et non d’appliquer de manière cumulative de nouvelles dispositions ».

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