© Image Globe

Bug électoral : le rapport d’experts conclut au cafouillage général

Thierry Denoël
Thierry Denoël Journaliste au Vif

Le collège d’experts chargés de contrôler le vote électronique a rendu un premier rapport sur l’important bug du 25 mai. Constat : bricolage, pression, zones d’ombre…Et 57 bureaux concernés. Pas 27.

Comme à chaque élection, un collège d’experts désignés par les différentes assemblées parlementaires était chargé de vérifier le bon déroulement du vote et du dépouillement automatisés, le 25 mai. Après l’énorme bug électronique qui a entaché le scrutin, leur rapport est très attendu… Ils viennent de remettre un rapport provisoire qu’un vent favorable a fait parvenir au Vif/L’Express.

Verdict : le SPF Intérieur et Stésud, la société privée conceptrice du logiciel, ont cafouillé jusqu’au 5 juin pour calculer définitivement l’impact du bug sur les résultats.

Le 25 mai, vers 16 heures, le programme de Stésud, censé valider et totaliser les résultats, a affiché des messages d’erreurs à Schaerbeek, Eupen et Ixelles. La première conclusion des informaticiens de Stésud était que, dans ces bureaux, « les votes de préférence avaient été perdus pour une raison encore inconnue mais que les votes de liste avaient bien été sauvés ». Le SPF Intérieur a décidé de publier les résultats, sans tenir compte des votes de préférence.

Le 26 mai, une équipe de la société Civadis est appelée en renfort pour mieux cerner la nature du bug. Il apparaît que le problème se situe également au niveau des listes et pas uniquement des voix de préférence, souligne le rapport du collège, ce qui peut être gênant pour l’attribution de sièges… L’Intérieur demande alors à Stésud d’évaluer le nombre de votes concernés. Conclusion, selon la société privée qui a écrit en urgence un logiciel de calcul à cet effet : 0,06 % des suffrages, soit 2 250 votes, ont « buggé » au niveau de 27 urnes électroniques.

Le 27 mai, considérant qu’il n’y a pas d’impact sur la répartition des sièges, le SPF présente un tableau des votes non valides aux présidents des bureaux de circonscription concernés et leur propose de les annuler. Ce que ceux-ci acceptent de faire, tout en veillant à préciser que le contrôle qu’ils ont pu exercer sur la fiabilité des résultats est « très marginal ». Ils émettent, par ailleurs, la réserve que les explications et documents transmis par l’Intérieur soient confirmés.

Or, comme le note le rapport, le SPF a évalué, selon un scénario « pire des cas », l’impact des votes annulés sur la répartition des sièges entre listes. Ce calcul, qui attribue, par bureau, la totalité des votes invalides à chaque liste, montre qu’au parlement germanophone, Vivant aurait pu obtenir un siège de plus au détriment de la liste CSP. Un même calcul « pire des cas » sur la répartition des sièges entre candidats d’une même liste n’a « pas été fait de manière exhaustive » par le SPF, selon le collège des experts. Lesquels expliquent pourtant : « En cas de proximité du nombre de voix de préférence entre candidats d’une même liste, un siège peut passer de l’un à l’autre. » Et de constater que c’était le cas pour la liste PS de la Région de Bruxelles, où l’attribution d’un siège s’est jouée à dix voix près.

Le 30 mai, les contrôles effectués ensuite par le collège (dont les informaticiens ont écrit leur propre logiciel) font apparaître que les tableaux de correction pour Bruxelles, présentés par Stésud et validés par le SPF, sont incorrects… Les numéros de listes ont été confondus. Et ce ne sont pas 27 bureaux qui sont concernés, mais 57 ! Bref, ces erreurs n’ont pu être corrigées au niveau des circonscriptions, les PV des présidents étant définitifs.

Le rapport conclut : « Finalement, après quelques ajustements (Ndlr : lesquels ? le collège ne le dit pas), les votes invalides ont tous été identifiés le 5 juin. » Avec ces chiffres corrigés, le SPF Intérieur a établi une même absence d’impact sur la répartition des sièges entre listes et le collège a validé ces nouveaux calculs, constate le rapport de manière assez laconique. Le malaise subsiste, pourtant.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire