Pierre Havaux

Budget : Di Rupo et le PS n’ont pas d’allergie au mot effort

Pierre Havaux Journaliste au Vif

526 millions à dénicher pour 2013 ! 3,5 milliards à trouver pour 2014 ! Le gouvernement Di Rupo se retrouve au pied du mur budgétaire dressé par l’Europe. Le PS ressort les violons : dramatisation, indignation, lamentations. Soumission.

Allez, encore un effort. Toujours un effort. Cela commence par 526 millions d’euros à trouver d’urgence pour boucler dignement le budget 2013. Cela se poursuivra rapidement par 3,5 milliards d’euros à chercher pour confectionner un budget 2014 tout aussi présentable que le précédent.

Les exercices budgétaires se suivent et se ressemblent. Douloureux, exaspérants. Lassants. Le gouvernement Di Rupo I en est à son sixième effort budgétaire en un an et demi.

L’affaire vire à la routine ? Que l’on se détrompe. « L’effort sera gigantesque. Les chiffres font froid dans le dos », a prévenu Laurette Onkelinx, vice-Premier ministre socialiste, avant d’entamer les préliminaires des discussions budgétaires, ce week-end.

Et bien sûr, le gouvernement fédéral n’y est pour rien. Ou pour pas grand-chose. La Commission européenne a ses désirs qui sont des ordres. La Belgique est d’ailleurs tenue à l’oeil : elle vient d’échapper de justesse à une lourde amende pour mauvais comportement budgétaire. Elle a néanmoins écopé d’un gros doigt en guise d’avertissement. Pas question de faire joujou avec ça.

Ouh, vilaine et intouchable Commission !, peste pourtant le partenaire PS. Il y a quinze jours, une de ses députées, Christiane Vienne, s’en disait profondément désolée: « Comment est-il possible qu’après un effort budgétaire sans précédent (20 milliards d’économies ), la Commission puisse prétendre que notre pays n’a pas pris d’actions suivies pour corriger son déficit excessif ? Comment peut-elle prétendre que les objectifs de sa stratégie UE 2020 restent atteignables dans le carcan imposé ? »

Il fallait que ça sorte. C’est toujours bon pour faire baisser la tension. Mais six mois auparavant, à la même tribune de la Chambre, le bon docteur Di Rupo, socialiste lui aussi, avait rappelé le régime que son gouvernement fédéral entend appliquer avec une discipline de fer : « Le plus important est de poursuivre le travail sérieux que nous avons réalisé sur le plan budgétaire. Nous devons absolument sortir de la procédure de déficit excessif de la Commission européenne. Nous devons poursuivre en répondant à notre engagement de réduction du déficit à 2,15% du PIB en 2013. »

Ce n’est pas le moment de se remettre à dos les marchés financiers. « Le maintien de la crédibilité sur les marchés financiers constitue un pilier stratégique très important », martelait le Premier ministre.

Socialiste ou pas, inutile de songer à relâcher la formule de rigueur ou d’austérité. Ni de chercher, à un an des élections, à faire preuve d’originalité dans la énième potion que Di Rupo va administrer au contribuable. Pêle-mêle, on en reparle, sans certitude avant la fumée blanche de l’actuel conclave budgétaire : taxer le diesel et les voitures de société, hausser la TVA, taxer l’épargne, remettre fumeurs et buveurs d’alcool à contribution. Voire, ressusciter ce « bon vieil » impôt de crise de 3% que le gouvernement Dehaene avait imaginé en 1993, aux heures les plus sombres de sa crise d’austérité.

1993-2013 : vingt ans de spirale. Tout cela a-t-il un sens ? Là n’est pas le sujet.

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