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Blackout : les producteurs et fournisseurs ne s’estiment pas responsables

Les représentants des fournisseurs et producteurs d’énergie n’ont pas voulu assumer de responsabilité en cas de délestage électrique cet hiver. La mise en oeuvre de ce plan ne dépend pas d’eux, ont fait remarquer les dirigeants de la Fédération Belge des Entreprises Électriques et Gazières (Febeg) devant les Commissions de l’Intérieur et de l’Économie de la Chambre.

« Les fournisseurs subissent le délestage autant que les particuliers », a souligné le président de la fédération, John Peuteman. Il s’est montré très prudent sur la question de la responsabilité que le secteur pourrait assumer si des coupures d’électricité devaient se produire cet hiver et qu’un dommage en résultait pour un client.

Tous les clients ont conclu un contrat avec leurs fournisseurs et certains ont parfois souscrit des assurances, a-t-il expliqué. « C’est le droit commun qui est d’application, a-t-il ajouté, et toute discussion peut prendre une tournure juridique. Il n’est pas possible, ici et maintenant, d’apporter une réponse précise et concrète. Et chaque dossier devra faire l’objet d’une analyse individuelle. Il est donc préférable ne pas donner une réponse générale ».

Plusieurs parlementaires ont exprimé leur étonnement devant cette prise de position qui leur a semblé être une façon d’esquiver toute responsabilité. « C’est l’hôpital qui se moque de la charité. Si le plan de délestage doit être activé, c’est parce que le marché ne fonctionne pas de manière optimale », s’est insurgée Vanessa Matz (cdH). « Vous êtes les producteurs et fournisseurs censés honorer les contrats avec vos clients. On a l’impression que vous mettez les mains devant les yeux en disant: c’est les autres », a regretté Karine Lalieux (PS).

Interrogée après la Febeg, Electrabel a adopté le même point de vue. « Nous ne prenons aucun engagement en matière de responsabilité. Nous pouvons seulement faire en sorte qu’un maximum de capacité soit disponible », a lancé la responsable des Affaires publiques de l’opérateur, Griet Heyvaert. Étonnement identique chez plusieurs parlementaires: « Vous portez une responsabilité très importante. Le point de départ, c’est votre incapacité », a répondu Jean-Marc Nollet (Ecolo).

L’un des problèmes qui se posent est l’insuffisance de capacité issue de centrales au gaz en Belgique. Les fournisseurs ont déploré un handicap concurrentiel avec les pays voisins, en particulier le tarif d’injection réclamé par Elia. « De manière structurelle, ces installations sont déficitaires », a ajouté M. Peuteman, suscitant à nouveau l’irritation de plusieurs parlementaires. Le PTB y a vu l’aveu de la faillite d’un marché libéralisé.

La Febeg a appelé à l’élaboration d’un plan de communication dans ce dossier, associant tous les acteurs. Elle attend une initiative de la secrétaire d’État à l’Énergie. « Si chacun fait sa propre communication, on ne sera pas très clairs ni cohérents à l’égard des clients », a averti l’administrateur Frank Schoonacker.

Pour éviter le délestage, la Fédération plaide par ailleurs pour un relèvement du plafond de capacité d’importation d’électricité, qui se situe actuellement à 3.500 MW.

Furlan insiste sur la bonne information des bourgmestres

Le ministre wallon de l’Énergie et des Pouvoirs locaux Paul Furlan a insisté mardi, à l’issue d’une réunion des ministres de l’Énergie sur le plan de délestage en cas de pénurie d’électricité, sur la bonne information des bourgmestres, qui sont à ses yeux les « meilleurs relais » vers la population.

Les trois ministres régionaux de l’Énergie, Annemie Turtelboom (Flandre), Paul Furlan (Wallonie) et Céline Fremault (Bruxelles), se sont rendus pour la première fois ce mardi à une réunion sur le sujet avec la secrétaire d’Etat à l’Énergie Catherine Fonck (plan de délestage) et le ministre de l’Intérieur Melchior Wathelet (gestion de crise).

Ils devaient s’entretenir des efforts à coordonner pour éviter tout délestage d’électricité en cas de pénurie cet hiver. Une rencontre « plutôt positive et apaisante », selon M. Furlan (PS), « très constructive », selon les cabinets de Mme Fonck et M. Wathelet. Toutefois, le degré d’information des bourgmestres, via les gouverneurs, reste relativement faible, a estimé le ministre wallon.

Il voit pourtant dans les mayeurs les meilleurs relais vers la population pour communiquer les bons comportements qui permettraient d’éviter tout délestage. « Par exemple pour communiquer à la population, à J -7, de ne pas utiliser ensemble machine à laver, fer à repasser, etc, pendant les pics journaliers de consommation d’électricité, entre 6 et 8 heures du soir ». A ses yeux, la réunion a aussi eu le mérite « de rappeler à certains nationalistes que la solidarité ne va pas que du nord vers le sud », concernant un plan pour lequel la Wallonie, moins densément peuplée que la Flandre, pourrait être davantage touchée.

« Je n’ai aucun souci à jouer la solidarité avec la Flandre et Bruxelles », a ajouté Paul Furlan. Les ministres régionaux ont aussi été éclairés sur les possibilités de reprise du réacteur de Doel ou sur les capacités d’importation de courant. Une nouvelle réunion devrait avoir lieu la semaine prochaine pour poursuivre la mise au point des outils de communication.

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