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Bert Anciaux : « Avec la N-VA, ce sera la Flandre sans Bruxelles »

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

L’ancien président de la Volksunie, aujourd’hui chef de groupe sp.a au Sénat, Bert Anciaux, dénonce l’évolution récente de la N-VA, devenue revancharde. Et prône en guise de riposte le « pluralisme actif » et la société interculturelle. Interview.

Le Vif/L’Express : Comment voyez-vous, plus de dix ans après, l’envol de la N-VA qui est née de l’explosion de la Volksunie ?

C’est un parti de droite conservatrice. Ce n’était pas le cas en 2009 : lors de leur première grande victoire électorale, ils avaient un programme social conservateur assez modéré. Depuis 2010, Bart De Wever a porté ce parti très à droite.

Par opportunisme ?

C’est sa conviction forte. Il agit par opportunisme aussi : il sait que la vague dominante en Flandre se situe à droite. Dans son discours, toute la cohésion sociale de la société a disparu. Dit de façon crue : c’est le pouvoir des puissants. C’est ce qui me dérange profondément dans ce qu’est devenu le nationalisme. Mener un tel combat dans la Flandre d’aujourd’hui, alors qu’elle a pratiquement tous les pouvoirs entre les mains, économiques, financiers, sociaux… c’est une façon de faire payer aux autres ce que l’on a subit dans sa jeunesse.

Vous avez longtemps été l’homme politique le plus populaire de Flandre. Aujourd’hui, c’est De Wever avec un tout autre style et un tout autre discours…

C’est une très forte personnalité. Mais son message est vraiment angoissant. Il va à l’encontre de ma conviction de la justice et de la solidarité. Il m’offusque aussi en raison de ma situation à Bruxelles. Où est la place de ma ville dans un tel discours ? Avec la N-VA, ce sera la Flandre sans Bruxelles, j’en suis convaincu. Peut-être même sans un certain nombre de communes à facilités parce que dirait la communauté internationale en cas de référendum à Crainhem où 70 % de la population se prononcerait en faveur du rattachement à Bruxelles ?

Vous êtes toujours partisan du confédéralisme. C’est-à-dire ?

C’est le maintien d’un nombre limité de compétences au niveau fédéral, essentiellement au niveau de la solidarité et de la sécurité sociale ! La Flandre doit se rendre compte que c’est dans son intérêt aussi : qui sait où l’on en sera en matière de pensions en de soins de santé d’ici dix ou quinze ans ? Je ne suis pas sûr que ce sera en faveur de la Flandre…

Nous devons nous battre ensemble pour les soins de santé encore beaucoup plus accessibles à tous, et Laurette Onkelinx fait déjà beaucoup pour cela. A Bruxelles, le fossé est énorme : plus les gens sont pauvres, moins ils consomment de médicament, c’est inacceptable. La stupidité de la N-VA et du Vlaams Belang, c’est de croire qu’ils pourront préserver une Flandre riche à côté d’un cimetière social où vivent un million de personnes, surtout des jeunes. C’est un non-sens.

Une construction à deux ou à trois ?

Bruxelles doit être la capitale de tout le pays, une plus-value. Je suis favorable à un modèle mixte : une ville dont les communes seraient fusionnées, qui aurait les compétences de la Région avec les dotations liées, mais qui demanderait les moyens financiers aux deux Communautés pour les compétences communautaires, culturelles etc. Si Bruxelles veut être une vraie capitale, elle doit garder des liens forts avec les autres Régions.

Avec une solidarité fédérale et une vraie capitale pour tous, alors, je crois que la Belgique a un avenir.

L’intégralité de l’entretien dans Le Vif/L’Express de cette semaine.

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