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Arrêt de Doel 4: « Un temps plus froid pourrait causer une pénurie d’électricité »

Le Vif

La centrale Doel 4, à l’arrêt depuis le 5 août dernier, ne sera « certainement pas disponible » avant le 31 décembre prochain, a indiqué jeudi Electrabel, propriétaire de la centrale. Le gestionnaire du réseau haute-tension, a qualifié, jeudi, la situation de « sérieuse » quant à l’approvisionnement en énergie en Belgique.

« Après ouverture du corps haute-pression du turbogénérateur, les premiers résultats disponibles aujourd’hui indiquent des dégâts importants au niveau de la turbine de haute pression », précise Electrabel. Dès lors, estime Electrable, l’unité Doel 4 ne sera certainement pas disponible avant le 31 décembre prochain.

La centrale Doel 4 a été mise à l’arrêt le 5 août dernier après une perte d’huile de la turbine à vapeur dans la partie non-nucléaire de la centrale. Après analyse, il s’est avéré que l’incident provenait d’une intervention manuelle volontaire sur la vanne de décharge du réservoir d’huile. L’hypothèse d’un sabotage n’est pas écartée et le parquet fédéral a été chargé d’enquêter.

« Une fois que les parties basse pression du turbogénérateur auront pu être ouvertes et examinées, une estimation plus complète des délais de réparation sera établie. Electrabel pourra alors mettre à jour si nécessaire la date de disponibilité de Doel 4 conformément à ses obligations en matière de transparence et aux attentes du marché », indique encore le fournisseur d’énergie.

Electrabel a indiqué qu’elle n’avait pas encore dû prendre de mesures supplémentaires pour assurer l’équilibre entre l’offre et la demande. Le fournisseur d’énergie n’a pour l’instant aucun problème à livrer de l’électricité à ses clients. « Si nécessaire, nous prendrons des mesures. Nous verrons ensuite s’il faut importer de l’électricité ou redémarrer des centrales à gaz ou encore demander à nos importants clients de se passer d’une partie des livraisons », explique la porte-parole, Geetha Keyaert.

Certaines de ces mesures ont déjà été prises la semaine dernière lorsque Doel 4 a dû être arrêtée. Doel 3 et Tihange 2 sont actuellement aussi à l’arrêt et à la fin du mois, le réacteur de Tihange 1 devrait être arrêté pour un entretien prévu. Mais actuellement, l’équilibre est atteint entre l’offre et la demande. « Le temps est raisonnablement doux et c’est encore les vacances. La demande reste faible », souligne la porte-parole. Il est encore difficile pour la société d’estimer le dommage lié à cette baisse de production. Electrabel a souligné que sa priorité était de réparer les dégâts à Doel 4. « Il est encore trop tôt pour savoir quels seront les dommages subis », a conclu Mme Keyaert.

« La situation est sérieuse »

Elia, le gestionnaire du réseau haute-tension, a qualifié, jeudi, la situation de « sérieuse » quant à l’approvisionnement en énergie en Belgique. « A court terme, nous ne prévoyons pas de problèmes », a expliqué Barbara Verhaegen. Mais, un temps plus froid pourrait causer une pénurie d’électricité. La porte-parole d’Elia réagissait à la fermeture de la centrale Doel 4 jusqu’à la fin de l’année. Actuellement, la moitié du parc nucléaire belge est à l’arrêt. « Des problèmes menacent à partir de la fin octobre, début novembre », a-t-elle ajouté. Si la situation est prise au sérieux, ce n’est pas un sentiment de panique qui prévaut chez le gestionnaire du réseau haute tension. « Elia va se concerter avec les différentes autorités impliquées sur les étapes à venir », a encore souligné Mme Verhaegen. Selon elle, certaines mesures peuvent être prises pour optimaliser le réseau, « par exemple en retardant des entretiens ».

« Attendons de voir ce qu’il va advenir de Doel 3 et de Tihange 2 », a-t-elle poursuivi. Les deux réacteurs d’une capacité d’environ 2.000 MW, sont à l’arrêt depuis le printemps en raison d’une enquête approfondie sur des micro-fissures. Une nouvelle évaluation doit être effectuée en automne.

Une extension du parc de production belge n’est pas possible à court terme, selon Elia. On travaille toutefois à élaborer une réserve stratégique qui ne pourra pas être utilisée avant le 1er novembre. « Il s’agit de 850 MW », a indiqué la porte-parole.

Une sensibilisation du public pourrait aussi faire partie des mesures mises en place pour faire baisser la consommation électrique. En cas extrême, un plan de délestage pourrait aussi être appliqué. Mais Elia n’a donné aucun détails sur ce type de mesure « qui relève du gouvernement ».

« La situation est tendue et va se compliquer »

Après l’annonce par Electrabel de la mise à l’arrêt du réacteur de Doel 4 et sa probable indisponibilité jusqu’au 31 décembre 2014, « la situation est tendue et va se compliquer au fur et à mesure que l’hiver approche et que les températures baissent », a réagi jeudi la secrétaire d’Etat à l’Energie Catherine Fonck, renvoyant l’origine du risque en matière de sécurité d’approvisionnement à des causes imprévisibles.

La concertation entre les acteurs concernés, entamée en raison des risques d’approvisionnement connus jusqu’ici, se poursuivra sur cette nouvelle base. En effet, l’annonce d’Electrabel affecte « la sécurité d’approvisionnement de la Belgique, en particulier pour cet hiver », a confirmé la secrétaire d’Etat. « La Belgique est donc privée de 25% de sa capacité de production : n’importe quel pays serait en difficulté dans ce genre de circonstances », a souligné Mme Fonck, précisant que « si un risque en matière de sécurité d’approvisionnement existe pour cet hiver, ce n’est pas la conséquence de l’absence de politique énergétique du gouvernement actuel mais bien la conjonction de deux éléments majeurs et imprévisibles ».

Le travail de concertation entamé à la suite de la mise à l’arrêt de Doel 3 et Tihange 2 se poursuit et va, sur la base de l’annonce de la mise à l’arrêt prolongée de Doel 4, être amplifié entre l’administration de l’Energie, Elia, le Centre de crise et les GRDs (Synergrid).

Dans l’immédiat, Elia effectuera un monitoring permanent de la sécurité d’approvisionnement. L’administration finalise les mesures de « réduction de la consommation » pour éviter le recours au plan de délestage en cas pénurie d’électricité. « Ce travail doit maintenant inclure cette nouvelle indisponibilité de Doel 4 et sera prêt dans les prochaines semaines », a promis la secrétaire d’Etat.

Selon Catherine Fonck cependant, « jamais autant n’a été fait par un gouvernement en termes de plan d’urgence électricité: mise en place d’une réserve stratégique, mise en place d’un monitoring et d’une procédure en cas de risque de pénurie, élaboration d’un plan de mesures de réduction de la demande et planification du délestage ». Elle a fait observer que ce travail est reconnu par l’AIE ( Agence Internationale de l’Energie) qui souligne dans son ‘review’ de ce mois de juin 2014 que la Belgique a développé tout un dispositif de planification d’urgence.

Ce point de vue n’est pas partagé par l’opposition écologiste qui exige une réunion des Commissions ad hoc de la Chambre.

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