© Debby Termonia pour Le Vif/L'Express

Anderlecht : « si je marchande avec le Sporting, je suis politiquement mort »

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Le bourgmestre d’Anderlecht fulmine. Eric Tomas (PS) veut se battre pour garder le club de foot dans sa commune. Malgré les pressions pour l’attirer dans le futur stade national.

Le club de football belge numéro un pourrait quitter sa commune historique d’Anderlecht. A l’étroit dans son stade actuel, le Sporting est courtisé pour occuper le futur stade national, qui devrait être construit dans la perspective de l’Euro 2020 sur le parking C du Heysel, à Grimbergen. Les discussions en cours ont stoppé les perspectives d’agrandissement de l’arène Constant Vanden Stock. Le bourgmestre d’Anderlecht Eric Tomas (PS) enrage.

Le Vif/L’Express : Le Sporting reste demandeur d’un agrandissement du stade actuel sur le territoire d’Anderlecht tout en étant à l’écoute des sirènes du futur stade national. Vous vous battrez pour garder le club ?

Eric Tomas : C’est important pour nous d’avoir ce club sur le territoire de la commune, oui. Et nous avons tout fait pour le conserver. Le Sporting avait déjà exprimé, en 2005, la volonté d’avoir un stade avec une capacité plus grande, aux normes Uefa, multifonctionnel pour y organiser des événements, des concerts… Huit ans plus tard, il n’y a toujours rien. Notre idée, c’est toujours de garder le stade actuel agrandi. La balle est dans le camp du Sporting ! Les dirigeants me disent avoir toujours l’intention de déposer les plans pour l’extension du stade. J’attends… Le projet de stade national est venu perturber un projet qui avait toutes les chances d’être exécuté rapidement !

Pour le grand stade, on parle de 2020…

Oui. Or, Roger Vanden Stock (NDLR : président du club) disait espérer pouvoir bénéficier de son nouveau stade pour la saison 2015/2016. Pour cela, il faut commencer les travaux en 2014. A Anderlecht, c’est faisable. Avec un coût qui est identifié, de l’ordre de 40 millions. Tout compris : la démolition, la reconstruction et le parking. Je refuse de parler du futur. Mais si les dirigeants du Sporting abandonnent le projet, qu’ils me le disent rapidement ! Parce que nous n’investissons plus un euro dans la salle de sports appelée à être démolie. Si nous n’en construisons pas une nouvelle, je dois réinvestir 10 millions pour la remettre aux normes. En outre, s’ils partent, ils seront toujours propriétaires du stade actuel pour lequel ils ont un bail emphytéotique jusqu’en 2050. J’imagine que le propriétaire d’un bien valant 150 ou 200 millions d’euros en fera quelque chose.

Y a-t-il une échéance pour cette décision ?

Non. Si j’ai bien compris, le financement du grand stade doit être bouclé d’ici avril 2014…

Vous ne pouvez pas fixer une date-butoir ?

Je me méfie d’un double piège. En étant trop dur et en exigeant les plans, je risquerais de faire capoter l’affaire. Mais je ne veux pas non plus courir derrière le Sporting d’Anderlecht parce qu’il pourrait demander que l’on diminue nos exigences. Son avantage, ici, c’est qu’il est propriétaire de ses installations et qu’il contrôle tout : les matchs, le catering, le Centre de Congrès… L’avis de la commune est partagé sans failles au sein de ma majorité. Je ne vais pas entrer dans un marchandage. Si j’accepte d’adoucir les conditions, politiquement, je suis mort.

Le Sporting pourrait considérer que l’agrandissement tel qu’il est prévu ne correspond pas à ses ambitions…

C’est bien d’avoir de l’ambition. J’entends qu’il pourrait y avoir 45 000 personnes dans un stade… Peut-être, mais maintenant, même pour un match en Champion’s League, ils ne sont pas 20 000. En championnat, à part lors des grands matchs contre le Standard ou Bruges, ce n’est pas rempli. Passer de la capacité actuelle à 28 500 places, ce n’est déjà pas si mal : c’est 30 % en plus. Les plans initiaux prévoyaient une capacité de 40 000. Mais ce n’est plus le même public, ce n’est plus le même engouement local.

A votre connaissance, la pression est forte pour faire venir Anderlecht au grand stade ?

Ce que je constate, c’est que tous ceux qui se penchent sur son financement disent que la seule façon de le rendre rentable, c’est de faire venir un grand club. Cela signifie bien que cela n’est pas très rentable. Un grand club, ce n’est jamais qu’une vingtaine d’événements par an. Un grand stade pour quoi, alors ? C’est un peu comme le Stade de France : il n’est pas occupé tous les jours… Il y a un grand point d’interrogation sur le montage financier et sur le coût de ce stade. Franchement, je ne suis pas sûr qu’il verra le jour.

L’intégralité de l’entretien dans Le Vif/L’Express de cette semaine

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