Adieu chômage, pension et allocations familiales ?

Dans « L’Argent des Français – les chiffres et les mythes » (Perrin) le regretté Jacques Marseille, économiste français, proposait une allocation universelle de 700 euros par mois, de la naissance à la mort. Sans condition.

Libre d’en disposer à sa guise, le citoyen peut l’utiliser comme salaire d’appoint ou épargne différée, complément de pension transmissible à ses héritiers.

Trends-Tendance en a fait son « une » la semaine du 15 octobre sous la plume de Christophe De Caevel, proposant plutôt 500 euros selon le modèle conceptualisé chez nous par le philosophe Philippe Van Parijs (UCL).

La somme importe peu (même si 700 euros nous paraissent plus réalistes), le principe davantage : l’allocation universelle serait une véritable révolution sociale, mentale et culturelle.

Financée à raison de 60 milliards d’euros par les cotisations sociales, l’Allocation universelle remplacerait la pension, les allocations de chômage et d’invalidité et les allocations familiales. Seule subsisterait au titre de sécurité sociale, la partie soins de santé.

Finie la stigmatisation des chômeurs et leur expulsion du système… Chaque citoyen, quelle que soit sa fortune ou sa mauvaise fortune, dispose d’un bas de laine mensuel, véritable arme de négociation. Souhaite-t-il travailler à mi-temps ? Il peut l’envisager aisément. Travailler plus ? Il épargne alors son allocation pour ses vieux jours, se constitue une alléchante pension complémentaire ou achète un appartement à crédit.

On voit immédiatement l’oxygène que cette mesure introduirait dans notre système social pesant et complexe. Finis les calculs savants du montant des allocations, les niches sociales de toute sorte, les carrousels entre assurance maladie et chômage, les pièges à l’emploi et la fraude sociale (à moins d’avoir le don d’ubiquité). En outre, l’allocation universelle n’est pas, comme les allocations sociales actuelles, un incitant à l’oisiveté. Elle pourrait servir également à l’avenir aux travailleurs remplacés par des algorithmes.

Bien sûr, le concept fait peur. Il fâche les syndicats qui, se sentant tout à coup bien inutiles, se demandent pourquoi chacun, riche ou pauvre, devrait toucher la même somme, mais aussi les employeurs, inquiétés par des travailleurs d’autant plus revendicatifs qu’ils disposent d’un filet de sécurité pour négocier leur salaire, leur condition de travail ou leur départ…

D’autres s’inquiètent d’une rente distribuée sans aucune condition. Mais les allocations familiales ne sont-elles pas aujourd’hui distribuées quelle que soit la fortune du bénéficiaire, même millionnaire ?

Certes, la mise en place, forcément progressive eu égard aux retraités actuels, d’un tel concept est complexe. Et si l’idée fait très modestement son chemin à l’étranger et en Belgique, le Premier ministre qui aura l’audace d’implémenter dans notre pays un tel bouleversement sociétal n’est pas encore né…

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