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A Grimbergen, il faut dénoncer les commerçants qui parlent français

L’administration communale de Grimbergen, dans le Brabant flamand, demande à ses citoyens de dénoncer les commerçants qui emploieraient une autre langue que le néerlandais. Cet appel à la délation provoque peu de remous.

A Grimbergen, l’administration communale invite ses habitants à lui communiquer les plaintes concernant l’emploi d’une autre langue que le néerlandais par les commerçants de la commune. Documents et dépliants rédigés en français sont ainsi visés, mais également les commerçants qui adressent la parole à leurs clients en français. La bourgmestre Marleen Martens a expliqué que dès réception d’une telle plainte, la commune envoie au commerçant une lettre « amicale » afin d’attirer son attention sur le fait que Grimbergen est une commune flamande et lui demande d’utiliser dorénavant le néerlandais comme langue véhiculaire. Située à la limite de Bruxelles, la commune accueille sans cesse davantage de nouveaux habitants ne connaissant pas ou peu le néerlandais. Un phénomène que la commune et son bourgmestre Martens veulent combattre.

Peu de remous, mais beaucoup de perplexité
Ce point de contact, qui rassemblerait toutes les velléités délétères des habitants, laisse tout de même perplexe. Même en Flandre. Auteur et réalisateur, le sénateur Groen, Luckas Vander Taelen a réagi vertement dans les colonnes du Standaard. Pour lui cette  » kliklijn », ligne de mouchards, vient ternir davantage l’image de la Flandre. L’administration communale de Grimbergen ne semble pas au fait de la législation européenne qui défend le libre choix de la langue dans le domaine privé. Christine Mattheeuws, la présidente du SNI, le syndicat neutre des indépendants a, elle aussi, été choquée par cette mesure : « seules les personnes de l’administration sont tenues à une langue. Les personnes privées peuvent choisir la langue dans laquelle elles s’expriment ». Pour cette dernière, ce point de contact est d’ailleurs une véritable honte. « La richesse d’un commerçant est justement son multilinguisme. De toute façon, il est plus judicieux pour un commerçant de s’adresser au client dans la langue de ce dernier « .

Tout cela sans parler du climat de délation nauséabond que cela risque d’introduire. Un point qui pousse Luckas Vander Taelen à s’interroger sur la question suivante  » Dans quel autre pays incite-t-on les habitants à s’espionner les uns et les autres dans l’unique but de savoir si, à tout hasard, une autre langue n’était pas utilisée dans la rue et dans les commerces ? « .

LeVif.be

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