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Fumer rend-il les hommes plus bêtes ?

La gent masculine serait plus exposée aux démences que les non-fumeurs en vieillissant, selon une étude britannique. Les chercheurs ignorent pour l’instant pourquoi les femmes sont moins concernées.

Fumer rend-il bête ? Une étude britannique publiée lundi dans la revue américaine Archives of General Psychiatry, révèle que la consommation de tabac se traduit à long terme par des pertes de mémoire et du mal à utiliser des connaissances passées pour agir au moment présent. « Notre étude montre un lien entre le fait de fumer et la détérioration des capacités intellectuelles surtout à des âges avancés », souligne Severine Sabia de l’University College de Londres, principal auteur de ce rapport.

Selon elle, « ce lien est sous-estimé, ce qui présente un risque plus élevé de mortalité parmi les fumeurs vieillissants ». Les raisons de la différence entre les deux sexes ne sont pas très claires, relèvent les auteurs de la recherche. Ils avancent comme facteurs parmi d’autres le fait que les hommes fument souvent davantage et que leurs travaux ont porté sur deux fois moins de femmes.

Cette recherche a été menée sur des fonctionnaires britanniques, 5099 hommes et 2137 femmes. L’âge médian des participants au moment de la première évaluation des capacités mentales était 56 ans, avec une période de suivi de 25 ans. Ces chercheurs ont examiné le lien entre le nombre d’années de tabagisme et le déclin mental dans la période de transition chez des personnes d’âge moyen jusqu’à la vieillesse.

10 ans après l’arrêt du tabac, les risques sont encore élevés

Ils ont analysé les données en utilisant six critères pour déterminer le degré de tabagisme sur 25 ans et trois mesures des capacités mentales pendant plus de dix ans. Ils sont parvenus à quatre conclusions-clé, dont le fait que les fumeurs masculins connaissent un déclin de leurs capacités mentales plus rapide que les non-fumeurs. Ceux qui ont continué à fumer durant la période de suivi ont eu de mauvais résultats à tous les tests.
De plus, les hommes ayant cessé de fumer dans les 10 ans précédant les premiers tests courraient encore un risque plus élevé de déclin mental, surtout dans diverses fonctions complexes nécessaires pour parvenir à un but. Les anciens fumeurs ayant renoncé à la cigarette depuis plus longtemps n’ont pas montré de recul aussi net de leurs capacités mentales dans les tests, précisent les auteurs de l’étude.

Le tabac est « mauvais pour le cerveau »

« Cette étude montre que le tabac est mauvais pour le cerveau », a commenté le Dr Marc Gordon, chef du service de neurologie à l’hôpital Zucker Hillside Hospital de l’Etat de New York, qui n’a pas participé à cette recherche. « Le tabagisme à un âge moyen est un risque évitable qui correspond grosso modo à un vieillissement prématuré de dix ans sur l’échelle du déclin intellectuel », selon lui.
Cette étude met en lumière un facteur de risque de plus pour la démence dans une population vieillissante. Le nombre de cas de démence était estimé à 36 millions en 2010 et continue à fortement augmenter, avec un doublement attendu tous les vingt ans, soulignent les auteurs de l’étude. Voilà une raison supplémentaire de tenter d’arrêter la cigarette.

Le Vif.be, avec L’Express.fr

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