Les théories scientifiques évoluent dans un sens ou dans un autre selon les époques. Bien que les méthodes des chercheurs répondent à une rigoureuse méthodologie (observation-expérimentation-résultat), chaque découverte de nouveaux facteurs de développement d’une maladie remet en cause ceux évoqués jusqu’à lors.
Le recours aux nouvelles technologies dont l’ADN rendent plus stable l’identification de ces derniers. Cependant, il reste très difficile de dissocier les causes génétiques de celles environnementales puisque les gènes de l’Homme subissent une modification au cours de son évolution.
Les fossiles, matériau de référence
C’est pourquoi les recherches effectuées sur les dépouilles des hommes les plus anciens demeurent si précieuses pour les scientifiques. Cette discipline se nomme « paléopathologie » (l’étude des maladies anciennes). Dans la pratique, elle part du postulat d’un lien existant entre les pathologies anciennes et celles dont nous contemporains, souffrons. Plus nombreux que les momies, les fossiles ont fait l’objet de milliers d’études. Et certaines ont permis à la science de découvrir que nos ancêtres ont souffert de maladies fortement similaires aux nôtres. L’ère du Paléolithique (qui couvre toute la période antérieure à 12000 ans) ne nous a malheureusement laissé que de rares ossements.
En revanche, beaucoup plus nombreux sont ceux du Néolithique, car les sépultures volontaires étaient plus fréquentes et donc la conservation des corps de bien meilleure qualité. Les chercheurs ont ainsi pu retrouver des traces de maladies infectieuses toujours existantes de nos jours comme la tuberculose, la variole, le choléra…
En outre, d’anciens écrits certifient qu’il en a été de même pour la peste (évoquée à plusieurs reprises dans l’Ancien Testament) et la lèpre (citée dans les pages de traités de médecine indienne datant du 7e siècle avant Jésus-Christ).
Dans ces temps-là, les causes de ces pathologies étaient généralement attribuées à une malédiction jetée par les Dieux ou les démons sur les hommes. Les religions expliquaient ces maladies selon la même logique. Dans la Bible, la lèpre notamment est assimilée au péché.
Les momies, matériau précieux
Contrairement aux squelettes, certaines momies conservent les parties molles (peau, poils, muscles, organes) du corps. Leur avantage est donc considérable pour les recherches médicales.
Prenons l’exemple des maladies coronariennes. Une étude présentée dimanche à l’occasion d’un important symposium de cardiologie à la Nouvelle-Orléans, a révélé le plus ancien cas d’athérosclérose diagnostiqué. Les chercheurs ont réalisé des images par tomographie aux rayons X de 52 momies égyptiennes pour déterminer la présence éventuelle d’athérosclérose. Sur les 44 dont ils ont pu étudier les vaisseaux sanguins et le coeur, près de la moitié présentaient une accumulation de calcium dans les parois des vaisseaux .
La conclusion des chercheurs est sans appel : « Malgré un régime alimentaire plus léger, comportant notamment peu de viande et malgré le fait qu’ils ne fumaient pas de cigarettes, les anciens Egyptiens avaient des problèmes de santé comparables à ceux de nos contemporains ».
Le professeur David fait part de sa certitude : « Une fois de plus, des données considérables sur l’ancienne Egypte, ainsi que des données sur plusieurs millénaires, lancent à la société moderne un message clair – le cancer est fabriqué par l’homme et est quelque chose auquel nous pouvons et devons répondre ».
Baisse de notre tension artérielle, de notre taux de mauvais cholestérol ou encore traitements médicamenteux ne seraient-ils donc pas les bons remèdes… ?
Mathilde Perrin