satellite météo Metop-SGA1
Metop-SGA1, de son petit nom, doit permettre d’améliorer les prévisions des phénomènes météorologiques extrêmes.

Des prévisions météo bientôt plus fiables? Le nouveau satellite sur lequel compte l’IRM

Thomas Bernard
Thomas Bernard Journaliste et éditeur multimédia au Vif

Metop-SGA1 est un satellite de nouvelle génération, entièrement dédié à l’observation météorologique. Ses observations plus fines visent notamment à mieux prévoir les phénomènes extrêmes. Il vient de prendre la direction du ciel, mais un long travail débute avant de pouvoir réellement l’utiliser.

Décollage réussi, cette nuit, pour le lanceur européen Ariane 6. A 2h37, heure belge, la fusée a décollé de Kourou, en Guyane française, emportant avec elle un nouveau satellite de quatre tonnes, baptisé Metop-SGA1. Celui-ci fait partie d’une nouvelle génération de satellites météorologiques polaires. Il doit améliorer la précision des prévisions météo et la compréhension du climat.

«C’était une première pour moi et cela reste un moment saisissant, confie Cathy Clerbaux, professeure en sciences de l’atmosphère et du climat à l’ULB, qui a suivi le lancement depuis Kourou. Un élément marquant sur place, c’est le son: nous étions situés assez loin de la base de lancement, le grondement du décollage nous est parvenu seulement lorsque la fusée avait déjà pris de l’altitude

Ce moment fort, d’autres l’ont vécu en Belgique, à l’Institut Royal Météorologique (IRM). Celui-ci a participé à la validation de certains outils à bord du satellite. «J’ai évidemment suivi le lancement, via le flux vidéo en direct. C’est une étape importante, qui concrétise quelque chose. Il faut bien réaliser que sans satellite météo, nous serions démunis pour analyser le climat et produire des modèles météorologiques», expose le professeur Andy Delcloo, scientifique à l’IRM.

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Une finesse accrue pour les modèles météo

L’impact du satellite Metop de seconde génération s’annonce important. Il doit permettre d’obtenir de nouveaux flux de données et d’augmenter la résolution des modèles. Une précision accrue, offrant plus de détails, donc une meilleure compréhension globale des phénomènes climatiques. «Grâce aux pixels plus petits, il sera possible de produire des modèles plus fiables. Cela permettra aussi de mieux voir entre les nuages, ce qui est parfois plus compliqué aujourd’hui. Tout cela nous donnera beaucoup plus d’informations», détaille le scientifique.

«C’est une plate-forme qui est ici entièrement dédiée à la météorologie, complète Cathy Clerbaux. Tous les gains exacts par rapport aux anciens satellites restent à quantifier, mais l’amélioration de la résolution des données devrait indéniablement enrichir les prévisions. En Belgique, nous disposons de nombreux outils au sol, mais sans satellite, nous serions bien dépourvus. L’Europe est d’ailleurs devenue leader dans ce domaine, les Etats-Unis s’appuyant encore sur des satellites météorologiques vieillissants.»

Sauver des vies

Via ce nouveau satellite, l’Organisation européenne pour l’exploitation des satellites météorologiques (Eumetsat) espère «offrir des outils plus précis pour sauver des vies, protéger les biens et renforcer la résilience face à la crise climatique», écrit-elle. Un impératif, alors que les phénomènes météorologiques extrêmes ont coûté à l’Europe «des dizaines de milliers de vies et des centaines de milliards d’euros au cours des 40 dernières années», poursuit l’organisation.

Ce gain technique permettra-t-il de mieux anticiper des phénomènes extrêmes, comme ceux qui ont provoqué les inondations de juillet 2021 en Belgique? «Nous en sommes convaincus, affirme Andy Delcloo. La multiplication des informations et l’amélioration de la résolution doivent nous rapprocher de cet objectif.»

«Faire de meilleures prévisions, c’est bien, mais pas suffisant. Pour éviter les drames, il faut aussi que la chaîne de décision fonctionne», nuance Cathy Clerbaux, qui rappelle que l’alerte avait bel et bien été donnée, avant que les pluies torrentielles ne sèment la mort il y a quatre ans.

Le début des tests avant l’utilisation réelle

Pour atteindre ces objectifs, il faudra aussi implémenter les nouvelles données de Metop-SGA1 dans les modèles, ce qui prendra du temps. Le lancement réussi du satellite cette nuit a provoqué un soulagement, mais il ne s’agit que d’une phase dans un long processus. Une période de test s’ouvre désormais.

«Il y a maintenant un travail de validation des instruments qui débute. Cela concernera beaucoup d’institutions scientifiques, dans les jours et les semaines à venir. L’implémentation de ce qui est reçu pourrait ensuite aller vite. Le plus important, c’est la continuité dans les flux de données qui sont transmis, afin de ne pas perdre ce que nous avons déjà», explique Andy Delcloo.

«Les satellites de l’ancienne génération embarquent de vieux instruments, certains conçus dans les années 1990.»

Metop-SGA1 doit également être accompagné, dans un an, d’un second satellite. Cette paire viendra d’abord compléter les données reçues des anciens satellites, avant de les remplacer à terme. «Les satellites de l’ancienne génération Metop, lancés entre 2006 et 2018, embarquent de vieux instruments, certains conçus dans les années 1990, détaille Cathy Clerbaux. Ils poursuivront leur mission le temps nécessaire. Il faut que le raccord entre les deux générations soit parfait, pour assurer le passage de témoin. Nous recevrons probablement les premières données de test dans six mois, puis dans un an –nous espérons même dans neuf mois–, la distribution systématique commencera.»

Gagner encore une journée de prévision

Les progrès enregistrés dans le domaine météorologique font gagner environ une journée de prévision tous les 10 ans. Ce nouveau satellite doit permettre de continuer ce mouvement. «Lorsque l’on regarde le passé, la moitié des progrès vient des meilleurs instruments et l’autre moitié des calculateurs, qui sont de plus en plus puissants et rapides. On ne va pas gagner une journée de prévision d’ici l’an prochain avec Metop-SGA1, mais à long terme, cela doit continuer d’améliorer les prédictions», anticipe l’experte de l’ULB.

Le satellite offrira aussi d’autres observations, comme la détection de gaz dans l’atmosphère ou encore la possibilité de voir comment voyage la pollution.

Via ses nombreux outils embarqués, Metop-SGA1 doit jouer un rôle central en tant que principale source d’observations météorologiques, jusqu’au milieu des années 2040. Un investissement dans la capacité à anticiper les caprices du climat, grâce à ce qui se voit seulement depuis tout là-haut.

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