Ozempic chat traitement obésité
brown fat cat sleeping on her back on beige couch © Getty Images

De l’Ozempic pour… chat obèse: «Une révolution, mais à quel prix?»

Une société américaine est en train de développer une sorte d’Ozempic pour chat obèse. Si le traitement était un jour commercialisé, il s’agirait d’une révolution dans le domaine vétérinaire. Mais avant d’envisager les injections, de nouvelles habitudes peuvent être adoptées pour empêcher son animal de compagnie de prendre trop de poids.

En quelques mois, il est devenu le pape des réseaux sociaux, le roi des régimes minceur. Lui, c’est le GLP-1, plus connu sous ses appellations commerciales Ozempic, Wegovy ou Mounjaro. Si le médicament a été conçu pour traiter le diabète de type 2, son usage a été largement détourné pour ses effets coupe-faim.

Entre les effets secondaires, les pénuries de traitements pour les malades du diabète et l’émergence d’un marché noir, l’utilisation du GLP-1 par les non-diabétiques est aujourd’hui controversée et fait régulièrement les gros titres des médias. Polémiques qui n’empêchent en rien la société américaine Okava Pharmaceuticals de développer, en ce moment, un nouveau médicament injectable… destiné aux chats.

Cet «Ozempic pour chat» prendrait la forme d’implants à placer sous la peau de l’animal, qui libéreraient des microdoses de GLP-1 sur une période de six mois. Une étude, appelée MOEW-1, est en cours pour tester l’efficacité du traitement. Si ces tests sont concluants, la compagnie pharmaceutique envisage de les poursuivre sur les chiens.

Une révolution vétérinaire

Si un Ozempic pour chat était un jour commercialisé, il s’agirait d’une révolution, s’enthousiasme Gaëlle Schils, vétérinaire spécialisée en médecine interne des animaux de compagnie au sein de la faculté de médecine vétérinaire de l’université de Liège (ULiège). «Plusieurs autres études ont été menées, notamment sur l’exénatide, un analogue de l’incrétine (GLP-1) présent naturellement dans le corps. Mais il ne s’agissait jamais de traitements spécifiquement développés pour le chat, plutôt d’exénatide utilisé chez l’homme», détaille-t-elle savoir.

Pour l’heure, les recherches en sont encore à leurs balbutiements, il n’y a donc pas lieu de s’enflammer. D’autant plus que le moyen d’administration est toujours un peu flou. «Sera-t-il facile à installer? Est-ce qu’il sera toléré par l’animal?, s’interroge Gaëlle Schils. Et puis, à quel prix?» Pour l’homme, le coût mensuel de l’Ozempic est d’environ 104 euros, contre près de 145 euros pour le Wegovy, selon Testachats. Si les tarifs sont identiques pour les félins, une part des propriétaires pourrait faire l’impasse sur un traitement qui «serait pourtant bénéfique».

Parce que dans les faits, il est difficile de faire perdre du poids à un chat domestique. Sauf exceptions, il ne s’emmène pas en promenade comme un chien. Même s’il a accès à un jardin et qu’il peut sortir quand bon lui semble, il ne bouge jamais autant qu’un chat sauvage. «Dans la nature, ceux-ci se dépensent pour se nourrir, tandis que les félins domestiques peuvent se contenter des croquettes sans rien faire», commente la vétérinaire.

Beaucoup trop de chats obèses

Il est question d’obésité féline lorsque le poids de corps de l’animal dépasse d’au moins 30% le poids de forme. Ces valeurs restent floues, alors concrètement, un chat est considéré comme obèse si:

– à la palpation, ses côtes sont imperceptibles;

– sa taille n’est pas marquée;

– son ventre pend;

– s’il a un profil «bombé».

Aussi mignons soient-ils dans leur petit corps potelé, les félins atteints d’obésité ne sont pas en bonne santé. Leur espérance de vie en est même diminuée, en raison, principalement, des comorbidités comme le diabète ou les troubles ostéo-articulaires, respiratoires ou cardiovasculaires. «Il y a un peu plus de dix ans, nous avons mesuré que 30% des chats et des chiens souffraient d’obésité en Belgique. Aux Etats-Unis, ce chiffre grimpe à 50%», indique Marianne Diez, spécialiste de l’alimentation des animaux de compagnie à la faculté vétérinaire de l’ULiège. A titre de comparaison, 18% des Belges souffrent d’obésité.

Ce poids excédentaire est dû à plusieurs facteurs: la stérilisation, la sédentarité et l’alimentation. «Pour des tas de raisons, certains propriétaires ne laissent plus leur chat sortir, alors que ces sorties sont pour eux autant d’occasions de se dépenser, regrette la spécialiste de l’alimentation animale. Ils sont aussi nombreux à leur donner des croquettes ad libitum. Certains félins plus gourmands ne se réfrènent pas, et dans les cas de cohabitation avec un congénère, peuvent manger bien plus que nécessaire.»

Finies les croquettes à volonté

Marianne Diez préconise de rationner l’alimentation en petites portions étalées sur la journée. «En moyenne, on compte 50 grammes journaliers de croquettes allégées pour chat stérilisé sédentaire. Or, une étude britannique a montré que les chats disposent bien souvent de trois fois cette quantité dans leur gamelle», note l’experte. Elle conseille, par exemple, de donner dix fois cinq grammes de croquettes. Ce qui peut très vite devenir contraignant, voire inconciliable avec un emploi du temps chargé. Le distributeur de croquettes automatique et programmable peut donc être une solution.

Si le chat est vraiment très gourmand, il est aussi possible de lui servir des légumes bouillis ou cuits à la vapeur, comme des courgettes. «A partir du moment où ses besoins protéiques sont couverts, on peut donner des légumes, suggère la nutritionniste animale. Composés à 95% d’eau et d’un peu de fibres, ils sont utiles pour amener une sensation de satiété. Voire une occupation, parce que finalement les chats ne vivent pas très bien à l’intérieur.»

«Quoi qu’il en soit, la seule prévention valable, c’est de ne pas laisser son chat devenir obèse. C’est un discours facile à tenir, mais beaucoup plus difficile à faire comprendre aux propriétaires de chats. Il faut dire que le chat obèse a une image sympathique», conclut Marianne Diez.

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