© PHOTONEWS

Jack Hendry, un leader écossais à Bruges: « J’ai emprunté des chemins un peu tortueux, mais j’ai quand même progressé. »

C’est précisément contre Ostende que Jack Hendry (26 ans) entamera un nouveau chapitre de sa carrière. L’Écossais a toujours été très ambitieux, mais le chemin qu’il a suivi pour atteindre le sommet a souvent été tortueux. Reconstruction.

La régularité des prestations de Jack Hendry, leader de la défense ostendaise la saison dernière, est apparue en fin de phase classique, au moment où l’Écossais de 26 ans a devancé Junya Ito au ranking des moyennes accordées par votre magazine préféré. Une récompense pour sa belle saison qui a vu Ostende échouer aux portes des play-offs 1 et presque battre son record de victoires au sein de l’élite. Des résultats qui ont valu à Arthur Theate un transfert vers Bologne et un contrat au Club Bruges à Hendry. Signé le dernier jour du mercato.

J’ai emprunté des chemins un peu tortueux, mais j’ai quand même progressé. » JACK HENDRY

C’était l’épilogue d’un été agité. Ostende avait levé l’option d’achat auprès du Celtic, mais Hendry ne fermait aucune porte. Il l’avait déjà annoncé début août, lorsque John Walker l’avait interviewé pour sa série Scottish footballers abroad (les footballeurs écossais à l’étranger, en VF). Oui, il était le capitaine d’Ostende au début de la nouvelle saison, mais ça ne signifiait pas nécessairement qu’il allait y rester. La réponse n’allait intervenir que début septembre. Hendry habitait déjà à Bruges, il y jouera désormais au football.

La bougeotte

Le Club a engagé un garçon solide, doté d’un bon pied droit. Polyvalent, aussi, comme on a déjà pu le constater, lorsqu’il a occupé le poste de défenseur droit dans une ligne arrière à trois, alors qu’à Ostende, il évoluait dans l’axe. Un gagnant, comme on l’a découvert dans une vidéo montrant une vive discussion avec Ari Skulasson dans le vestiaire du KVO, après avoir encaissé un but en toute fin de match. « Je savais qu’un documentaire était en train d’être réalisé, mais ce n’est que plus tard qu’on nous a dit: Ah oui, à propos, il y a aussi des caméras dans le vestiaire« , expliquera le joueur après coup.

Un leader, voilà ce qu’est Hendry, repéré très jeune par le Celtic, avant de déménager à Glasgow à quinze ans. « Je suis devenu très vite indépendant », déclare le joueur. En plus de s’entraîner, il devait nettoyer les vestiaires, les ballons. Loin du strass et des paillettes du foot professionnel.

Très prometteur jusque-là, Hendry n’a toutefois pas progressé comme il le voulait. La faute à son corps, qui n’a pas suivi. Durant sa croissance, tout lui faisait mal. Le Celtic l’a finalement libéré. Le club ne lui voyait pas d’avenir au plus haut niveau. Baladé à tous les postes, en défense et au milieu de terrain, Jack était systématiquement jugé trop léger. Lors de ses passages à Peterborough United et à Dundee FC, un nouveau coup dur l’a assommé: la fièvre glandulaire, une maladie qui prive celui qui en souffre de toute énergie. Le défenseur est resté cloué plusieurs mois au lit! Dundee l’a également laissé tomber, et ce n’est qu’à Partick Thistle, qu’il est devenu plus fort physiquement. Et que de nouvelles perspectives se sont offertes à lui.

Cap sur la League One

Au cours d’une carrière en dents de scie, Hendry a souvent changé de crèmerie. Ses bonnes prestations avec Partick Thistle ont suscité de l’intérêt en Angleterre. Everton le voulait, Wigan aussi. Si le joueur avait Everton en tête, son agent, lui, a viré vers Manchester, et non Liverpool. « Il pensait que Wigan serait une meilleure option », explique Hendry. Une erreur. Après Wigan, Hendry a filé à Shrewsbury Town, puis aux MK Dons, s’éloignant de plus en plus du haut niveau anglais.

Lors d’une interview accordée à Sport/Foot Magazine en 2020, il a expliqué que ces détours l’ont quand même fait progresser. « Avec le recul, je dois admettre que je m’étais un peu surestimé à l’époque », avouait Hendry. « Physiquement, je n’étais pas prêt à effectuer le pas vers l’Angleterre. J’avais la Premier League en tête. Les deux grands d’Écosse, le Celtic et les Rangers, ne s’intéressaient pas à moi. Wigan m’a regardé, évalué et m’a prêté. Ce fut une bonne école. En tant que défenseur central, j’ai été confronté à des attaquants très costauds. Lorsqu’on est fort mentalement, on considère ce passage comme une occasion d’acquérir de l’expérience. Il ne faut pas perdre confiance dans ces moments-là. Le football, c’est aussi une question d’interprétation personnelle. Un coach trouve que vous êtes mauvais, un autre que vous êtes bon. Il faut simplement tomber sur un gars qui croit en vous. Plus tard, j’ai encore disputé des grands matches, mais si vous me demandez aujourd’hui quels ont été mes matches les plus difficiles, je vous répondrai ceux disputés en League One (la D3 anglaise). Parce que j’avais encore beaucoup à apprendre à l’époque. J’étais encore jeune et pas assez fort pour Wigan, pas assez solide dans les duels. J’ai emprunté des chemins un peu tortueux, mais j’ai quand même progressé. »

Enfin un grand club

Finalement, il a quand même abouti dans un grand club. « Les jeunes attaquants, ou les jeunes joueurs offensifs de façon plus générale, reçoivent plus souvent leur chance, car ils disposent d’un filet de protection, ce qui n’est pas le cas d’un défenseur pour qui chaque erreur se paie cash », analyse-t-il. De retour à Dundee, Hendry n’a pas quitté l’équipe à la première erreur, et il s’est si bien débrouillé que le Celtic l’a récupéré après six mois, pour un montant record dans l’histoire des Dark Blues. Lui qui avait été banni est donc rentré chez lui par la grande porte.

Malheureusement, pas pour longtemps. Ce deuxième volet de l’aventure au Celtic n’a pas débouché sur davantage de succès. Hendry a continué à apprendre dans l’ombre, de Dedryck Boyata notamment. « Je voulais peut-être trop bien faire », explique-t-il dans la série de John Walker. Déçu, il a forcé pour tenter de récupérer sa place dans l’équipe de Brendan Rodgers. Au point d’accumuler les blessures, de prendre des anti-douleurs et d’en payer les conséquences.

Après un petit détour par l’Australie, où il s’est gravement blessé au genou dès le deuxième match, c’est Ostende qui lui a offert une porte de sortie l’été dernier. Il y a repris confiance et a retrouvé le rythme. Et a été épargné par les blessures, ce qui était sa crainte. Cerise sur le gâteau de cette belle saison à la Côte? Une sélection pour l’EURO et cette arrivée à Bruges ». J’ai déjà 26 ans, mais avec tout ce que j’ai déjà vécu, je suis encore un jeune homme », affirme Hendry. « Je sens que je peux avoir une longue carrière, et jouer bien au-delà des trente ans. »

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire