En dépensant dans l’ensemble moitié moins que l’an dernier avec un mercato pourtant deux fois plus long, les clubs de Pro League ont plus subi la crise qu’animé le marché. Le tout avec des fortunes bien diverses. Bilan.
CHARLEROI – 8/10 : l’appétit vient en mangeant
La semaine délicate écoulée n’a pas fait perdre le nord à la direction zébrée. Privé de Coupe d’Europe, Charleroi a fait une croix sur un nom plus ronflant à l’arrière droit pour palier le départ de Maxime Busi à Parme, mais a frappé fort devant en voyant arriver en prêt Lukasz Teodorczyk (Udinese) et Saido Berahino (Zulte Waregem). Avec une option d’achat pour le second. Jules Van Cleemput est moins connu que ses deux nouveaux coéquipiers, mais a tout de la bonne pioche. Doublé par Issa Kaboré depuis l’arrivée du Burkinabé à Malines en janvier dernier, Van Cleemput était l’un des points forts de Malines en D1B lors de la saison 2018-2019. Arrivé contre un chèque d’un million d’euros (plus bonus) et âgé de seulement 23 ans, il coche toute les cases d’une potentielle bonne affaire à la revente.
Les 7,5 millions d’euros touchés pour la revente de Maxime Busi ont en partie été réinvestis dans les salaires important de Teodorczyk et Berahino. La polyvalence de Berahino, aussi bien capable d’évoluer sur un flanc que derrière l’attaquant, offre une alternative et Shamar Nicholson et fera vite oublier David Henen, parti à Grenoble, en Ligue 2, dans les dernières minutes du mercato. Quant à Teodroczyk, il constitue un véritable pari après deux années compliquées. Dans le meilleur de cas, il doit venir concurrencer Kaveh Rezaei, à nouveau prêté par Bruges, devant. Après Guillaume Gillet, Amine Benchaib, Lucas Ribeiro Costa et Ivan Goranov, Charleroi ponctue là le mercato le plus ambitieux du club depuis bien longtemps.
LA GANTOISE – 7/10 : une hyperactivité contrôlée
À première vue, Michel Louwagie et Ivan De Witte ont bien travaillé. Tous les postes sont doublés et Gand paraît armé pour lutter sur les trois fronts jusqu’à l’hiver. On savait Jonathan David irremplaçable et le Canadien n’a, en effet, pas été remplacé. À la place, les Buffalos ont misé sur le choix du nombre, même si c’est possiblement en conservant Roman Yaremchuk que le dernier vice-champion de Belgique a peut-être réalisé son plus bel effort.
Niklas Dorsch, Sinan Bolat et Núrio Fortuna font déjà partie des cadres de l’équipe. Ce n’est par contre pas encore le cas de Tim Kleindienst et on voit mal Dino Arslanagic se faire une place au soleil. D’autant que, convoité par le Standard, Andreas Hanche-Olsen vient encore renforcer un secteur défensif désormais bien armé, mais auquel il manque toujours un défenseur central gaucher capable de s’imposer dans le onze de base.
Si la doublette directionnelle gantoise n’avait pas licencié prématurément Jess Thorup, on dirait les Buffalos bien partis pour une saison ambitieuse, malgré un été compliqué. Les remous des dernières semaines remettent, à ce stade, beaucoup de choses en questions.
STANDARD – 6,5/ 10 : avec les moyens du bord
L’offre de douze millions d’euros refusée pour Samuel Bastien dans la dernière ligne droite du mercato en provenance de West Ham dit beaucoup de l’ambition liégeoise. Et de l’argent frais ramené cet été par François Fornieri dans les caisses mosanes. En n’étant plus obligé de vendre pour survivre, les Rouches ont assuré l’essentiel en ne touchant pas aux cadres du noyau, à l’exception de Mërgim Vojvoda, parti au Torino. Derrière toujours, les puristes s’interrogeront toutefois sur les départs surprises d’Arthur Theate, excellent depuis le début de saison à Ostende, et Dimitri Lavalée, remplaçant à Mayence, mais ces dossiers-là ne sont pas neufs.
Dimanche soir, après la victoire dans le choc wallon, Philippe Montanier s’était montré serein au moment d’évoquer les dossiers chauds du moment, s’exprimant notamment sur le départ probable de Konstantinos Laifis. Le Français avait raison de faire confiance à sa direction, vu que le Chypriote n’est finalement pas parti à la Sampdoria. Pas plus que Gojko Cimirot, lui aussi un temps convoité par des clubs de Série A. Plus tôt dans le mercato, West Ham qui avait décidément bien envie de transférer en Pro League après avoir déjà dragué Hans Vanaken, était déjà venu aux nouvelles pour Selim Amallah, sans succès encore une fois.
Au final, les Rouches n’auront dépensé que 2,5 millions d’euros cet été. Soit le mercato le moins gourmand des Liégeois depuis douze ans. Aucun nom ronflant dans le sens des arrivées, de Laurent Henkinet à Abdoul Tapsoba, en passant par Moussa Sissako, Jakson Muleka et, ce lundi 5 octobre, Laurent Jans et Eddy Sylvestre. Dans le tas, un seul titulaire, mais une preuve de plus que le Standard 2.0 compte plus que jamais sur son académie pour faire la différence.
BRUGES – 6/10 : le calme plat
Le club le plus riche du Royaume n’a pas dépensé le moindre euro cet été. Une performance en soi qui dit tout de l’assurance brugeoise. Philippe Clement est sûr de ses hommes et n’aura ajouté au noyau existant que le seul Noa Lang. Arrivé de l’Ajax, on dit de ce jeune talent qu’il est aussi imprévisible sur le pré qu’en dehors. Le Club se donne une saison pour le jauger et lever, ou non, l’option d’achat estimée à six millions d’euros.
En laissant partir Lois Openda et une fois de plus Kaveh Rezaei en prêt, Philippe Clement adoube en quelque sorte le mercato hivernal du Club, qui avait vu les arrivées de Michael Krmencik et Youssouph Badji. Les récentes performances du champion en titre lui donne raison. Le régime du Tchèque l’a transformé et le potentiel du Sénégalais est réel. Reste maintenant à savoir si la profondeur de noyau de la bande à Bart Verhaeghe est suffisante pour se défendre avec succès sur les trois fronts. Et une nouvelle fois passer l’hiver au chaud.
GENK – 5,5/10 : quatre paris, deux clashes et un coach
En refusant les dix briques offertes à l’OM pour Joakim Maehle, le Racing Genk a opté pour la solution du bras de fer avec son arrière droit danois. Celui-ci ne rejoindra finalement pas la Canebière, où un contrat de cinq ans l’attendait, et cela ne restera pas sans conséquence. Le canal de communication choisi par Maehle ce mardi matin pour exprimer toute sa frustration ne disait d’ailleurs pas autre chose. « No words », publiait le Danois ce matin sur Twitter. L’autre rescapé du titre de champion de Belgique de 2018, Sébastien Dewaest, n’a pas beaucoup plus à dire, lui qui est toujours coincé dans le noyau B.
Derrière ces deux cas explosifs, les Limbourgeois ont ratissé large, mais payé le prix fort pour des joueurs qui ont encore beaucoup à prouver. De Daniel Muñoz (4,5 millions, débarqué du Mexique) à Gerardo Arteaga (3,5 briques, débarqué de Colombie), en passant par Bastien Toma (3,7 millions, du FC Sion, en Suisse) et Eboué Kouassi (1,5 million, du Celtic Glasgow, en Écosse), il s’agit déjà tous de titulaires. Mais le meilleur transfert des Limbourgeois pourrait pourtant bien être un certain Jess Thorup.
ANDERLECHT – 5/10 : un tour d’Europe des datas
Quarante millions d’euros de dépenses dans le sens des arrivées, 24 millions de plus dans le sens des départs, c’est peu dire que Wouter Vandenhaute, le président des Mauves, a fait le ménage. Au total, Vincent Kompany a vu arriver dix nouvelles têtes et presque autant d’inconnus. Seul Percy Tau et le très jeune Ilyas Takidine viennent de Pro League. Les autres arrivent du Danemark (Mustapha Bundu), d’Ukraine (Bogdan Mykhaylichenko), d’Angleterre (Josh Cullen, Matt Miazga et Lukas Nmecha), des Pays Bas (les gardiens Bart Verbruggen et Timon Willenreuther) et de Turquie (Paul Mukairu). Un tour d’Europe des datas qu’il faudra juger sur pièce et une véritable Tour de Babel qui devra maintenant trouver des automatismes.
De tous ceux-là, le joueur le plus attendu sera peut-être Josh Cullen. L’ancien de West Ham apparaît comme la seule solution crédible dans les nouveaux venus pour palier au nouveau forfait d’Adrien Trebel, dont la nouvelle opération au genou le privera de compétition pour les prochains mois. Une absence qui promet bien des misères à Vincent Kompany. Bien plus encore que le transfert sur le gong de Jérémy Doku, difficilement refusable vu l’état des finances maisons.
ANTWERP – 4/10 : des fortes têtes et quelques coups
Luciano D’Onofrio avait promis à Ivan Leko une équipe capable de lutter pour le titre. En début d’été, on évoquait encore Edmilson Jr ou Cyle Larin. Hier encore, on a fait saliver le Croate en lui soumettant l’ancien Diable rouge Moussa Dembele. Finalement, Leko devra se satisfaire de Pieter Gerkens, Jordan Lukaku ou Nana Ampomah. Ce n’est pas tout. L’Antwerp a brassé très large. Jusqu’en Égypte, où il s’est offert son plus beau coup du mercato avec le retour sous nos latitudes de Cristian Benavente. L’ancien Carolo doit apporter de la concurrence à Lior Refaelov dans le coeur du jeu.
Mais le candidat à la succession de Dieumerci Mbokani n’est lui toujours pas connu. Arrivé blessé du Cercle, Guy Mbenza, n’entrera pas de suite en ligne de compte. Les autres joueurs débarqués en dernière minute répondent à d’autres profils. Et promettent une chaude ambiance dans le vestiaire. Ampomah est réputé aussi ingérable que Didier Lamkel Zé. Et Jordan Lukaku a son caractère. De son côté, Jérémy Gelin, de Rennes, ressemble à une bonne pioche. À 23 ans, il compte près de septante matches en Ligue 1 avec les Bretons. Il doit apporter la stabilité nécessaire à une défense trop friable depuis le début de saison malgré l’arrivée de l’excellent Jean Butez.