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Diego Moreira sera un Diable rouge. © PRESSE SPORTS

Rêve de Ronaldo le 1er mai, Diable rouge le 20: comment expliquer la volte-face de Diego Moreira

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Diego Moreira est l’unique nouvelle tête de la liste de Rudi Garcia. Une surprise, tant sa décision de représenter le Portugal semblait encore ferme il y a peu. Explications d’un changement de direction.

On dit de Diego Moreira qu’il maîtrise l’art du dribble. Sur les pelouses de la Ligue 1 française, cette saison, il fait même partie des spécialistes en la matière. Le quotidien L’Equipe le détaille d’ailleurs dans un article qui passe sa saison à la lumière des statistiques, évoquant sa sixième position dans le classement particulier des dribbles réussis par 90 minutes jouées dans le sillage de spécialistes comme Désiré Doué (PSG), Rayan Cherki (Lyon) ou Ousmane Dembélé (PSG).

C’est pourtant dans la foulée de la dernière journée du championnat français que le dynamiteur des flancs de Strasbourg réussit son plus beau contre-pied. Parce que, quand le média Instant Foot diffuse à l’aube du mois de mai une vidéo de lui évoquant son amour inconditionnel pour Cristiano Ronaldo et son rêve de disputer une Coupe du monde à ses côtés, personne n’imagine Diego Moreira sortir de la bouche de Rudi Garcia moins de trois semaines plus tard, au cœur de la liste des Diables rouges sur le chemin du Mondial 2026.

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La surprise est d’autant plus grande que depuis son intronisation à la tête de la Belgique, le sélectionneur français ne cesse de répéter l’importance qu’il accorde à ce qu’il nomme «la fibre patriotique». En marge de l’annonce de sa première liste, de laquelle était absente le talentueux Konstantinos Karetsas (qui a choisi la Grèce), Rudi Garcia expliquait ainsi que: «Vous devez venir en courant ou à pied», parce que «c’est une fierté de pouvoir jouer pour son pays». C’est d’ailleurs cet amour du maillot national qu’il a identifié comme l’un de ses chantiers majeurs à l’heure de relever le défi diabolique.

Une porte ouverte par Roberto Martinez

C’est précisément en mars, au moment des revers belges dans les dossiers Karetsas et Talbi (l’ailier belgo-marocain de Bruges), que la porte s’entrouvre. Au Portugal, il se dit que Diego Moreira vit alors assez mal son absence de la liste de Roberto Martinez. Il faut dire que Strasbourg, où le Belgo-Portugais est devenu un incontournable titulaire, est alors en pleine bourre: les Alsaciens ne connaissent qu’une seule fois la défaite en treize rencontres, éparpillées entre novembre et mars, et jouent les premiers rôles en Ligue 1. Les suiveurs du championnat français –dont fait évidemment partie Rudi Garcia– se prennent alors de passion pour ce gaucher qui arpente le flanc à du 2.000 à l’heure, faisant frissonner adversaires et tribunes à chacune de ses prises de balle. Des prestations visiblement insuffisantes aux yeux de Roberto Martinez, qui lui préfère l’exceptionnel Nuno Mendes (PSG) et le fantasque Nuno Tavares (Lazio). Diego Moreira doit se contenter de deux rencontres avec les U21.

Vincent Mannaert flaire l’opportunité. Le directeur technique de la Fédération belge rencontre le joueur et son entourage. Peut-être joue-t-il sur la fibre belge de ce gamin dont le père a fait vibrer les tribunes du Standard, des années après que son grand-père Helmut Graf a mené les Dogues de l’Olympic carolo vers une remontée en première division. A moins qu’il ne lui fasse subtilement comprendre que la concurrence sur les côtés, point fort historique des sélections portugaises, sera forcément moins importante sur le sol noir-jaune-rouge. Toujours est-il que quelques semaines plus tard, quand il passe devant les micros de RTL, sa position nationale est bien moins affirmée. Diego Moreira dit alors qu’il n’a «fermé aucune porte», rouvrant ostensiblement celle de la Belgique que beaucoup pensaient bouclée à double tour.

Les raisons d’une exception

Pourtant mis en vitrine par l’agence Gestifute, gérée par l’agent portugais Jorge Mendes, Diego Moreira ne bénéficie pas du même «traitement de faveur» que beaucoup au Portugal prêtent aux joueurs sortis de ce portefeuille aux yeux de Roberto Martinez. Dans le courant du mois de mai, il donne alors son feu vert pour un changement de nationalité sportive, rebroussant chemin après avoir quitté le giron des équipes d’âge de la Belgique dès les U16 pour porter les couleurs portugaises chères à son père. La FIFA acte le dribble quelques heures avant le rendez-vous fixé entre Rudi Garcia et la presse nationale pour annoncer la sélection des premières rencontres sur la route du Mondial 2026.

La blessure de Timothy Castagne, aligné à l’arrière gauche au coup d’envoi du match retour des barrages de Ligue des Nations contre l’Ukraine en mars, sert alors de prétexte à l’un des rares changements survenus entre les deux listes livrées par Rudi Garcia à deux mois d’intervalle. Tant pis si la case «défenseurs» dans laquelle se retrouve Moreira fait tiquer de nombreux suiveurs de la Ligue 1, qui le considèrent encore bien plus offensif qu’un Maxim De Cuyper qui a parfois du mal à surveiller ses arrières.

Comme pour Jorthy Mokio, à nouveau présent dans la sélection malgré une fin de saison très délicate avec l’Ajax, les joyaux à double passeport qui sont dans le viseur de la Belgique semblent bénéficier de privilèges à l’heure de recevoir un billet pour Tubize. Dans le cas de Diego Moreira, Rudi Garcia assure avoir obtenu toutes les garanties sur ce sentiment national qui lui tient tant à cœur à l’heure de dessiner son groupe.

Tous ceux qui ont vu jouer le gaucher l’assurent: les supporters aussi ne devraient pas tarder à être séduits.

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