Lois Openda n’est pas parvenu à marquer sous le maillot des Diables depuis l’entrée en fonction de Rudi Garcia. © Getty Images

Qualifiés, mais…: les 5 chiffres inquiétants des Diables rouges en vue du Mondial 2026

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Les Diables rouges traverseront l’Atlantique pour jouer la prochaine Coupe du monde. Les hommes de Rudi Garcia n’ont pourtant pas écarté tous les doutes. La preuve.

Il n’aura même pas fallu 200 secondes à Hans Vanaken pour mettre fin au faux suspense qui planait sur Sclessin, au coup d’envoi du dernier duel de la campagne contre le Liechtenstein. L’adversaire le plus modeste du groupe, qui quitte les qualifications sans le moindre but marqué, a rapidement craqué sur un centre de Youri Tielemans dévié, échoué sur le front libérateur de Vanaken. Une heure et demie et sept buts plus tard, les Diables rouges se qualifient pour leur quatrième Coupe du monde consécutive.

Heureux et soulagé, Rudi Garcia sort les couteaux face aux micros: «On s’inquiètera le jour où on ne procurera plus de possibilités. Il faut parfois se détacher du résultat pour s’attacher au contenu. Moi c’est mon job donc c’est facile, pour certains ça parait juste impossible. Peut-être parce qu’ils n’en ont pas les capacités, je n’en sais rien.»

La rancoeur du sélectionneur français n’échappe pourtant pas à quelques vérités statistiques qui noircissent le tableau d’une qualification belge presque trop tardive au vu de l’opposition, dans un groupe qualificatif complété par quatre concurrents qui n’ont jamais remporté un seul match en Coupe du monde.

1. Une défense des Diables plus perméable que celles de l’Albanie et du Kosovo

Repartie de Sclessin sans le moindre but encaissé, la Belgique a signé sa quatrième clean-sheet de la campagne contre le Liechtenstein. Rarement contrariés à domicile, où ils sont parvenus à garder le zéro derrière à trois reprises lors de leurs quatre rencontres, les Diables ont par contre encaissé partout à l’extérieur, à l’exception du déplacement chez les modestes Principautaires.

Un but à Skopje, deux à Cardiff, et encore un à Astana. Préoccupant, tant les adversaires n’alignaient jamais des cadors offensifs dignes de ceux que la Belgique risque de croiser l’été prochain. Avec 0,88 but encaissé de moyenne par rencontre, les hommes de Rudi Garcia n’affichent ainsi que la douzième meilleure défense des éliminatoires européens, en compagnie de la Pologne ou de la Bosnie et derrière des équipes qui n’ont pas obtenu leur qualification directe comme l’Albanie ou le Kosovo.

Sept buts encaissés, c’est plus que lors de n’importe quelle campagne qualificative menée par la Belgique depuis celle qui les avait envoyés à la Coupe du monde 2014.

2. De trop rares incontestables

Rudi Garcia s’est directement attaché à créer un groupe restreint et homogène, limitant sciemment les tests pour renforcer l’esprit collectif de Diables désenchantés après l’épisode Tedesco. Pourtant, les Belges sont trop rares à avoir passé une majorité du temps des huit rencontres qualificatives sur le terrain. Bien sûr, les blessures des ténors que sont Romelu Lukaku (seulement deux matchs joués) et Kevin De Bruyne (absent des deux derniers rassemblements) ont privé l’équipe d’une bonne partie de ses tauliers, tout comme la prudence de Thibaut Courtois avec sa santé lors de chaque fenêtre internationale.

Au décompte final, ils ne sont donc que quatre à compter plus de deux tiers du temps de jeu possible lors de cette campagne. Nouveau leader de la sélection, Jérémy Doku a disputé 645 des 720 minutes diaboliques depuis le mois de juin. L’ailier dynamiteur devance la nouvelle charnière centrale, composée d’Arthur Theate (588 minutes) et Zeno Debast (540), au milieu d’un quatuor complété par Nicolas Raskin (534), la trouvaille de Garcia lors de ces éliminatoires. Pas idéal pour affiner les automatismes en conditions réelles.

3. Les latéraux plus dangereux que les attaquants

Au sommet de la pyramide tactique encore en travaux du sélectionneur français, les attaquants des Diables n’ont donc pas été à la fête sur la route de l’Amérique. Romelu Lukaku n’a marqué qu’une fois, sur penalty, avant de voir sa campagne s’arrêter après deux des huit rendez-vous de l’année. En quête d’un remplaçant capable d’alimenter le marquoir, Rudi Garcia a d’abord fait confiance à Lois Openda, mais le véloce attaquant passé à la Juventus n’a pas trouvé une seule fois le chemin des filets lors des 149 minutes mises à sa disposition, pas même contre le très abordable Liechtenstein. Il aura d’ailleurs fallu attendre ce dernier adversaire pour voir Charles De Ketelaere, solution alternative choisie à la pointe de l’attaque, débloquer son compteur avec un doublé.

Trois buts pour les attaquants, assortis des deux passes décisives de Charles De Ketelaere contre le Kazakhstan en septembre, cela fait seulement cinq actions décisives pour les numéros 9 des Diables rouges en huit sorties. Bien moins que les défenseurs latéraux: à eux trois, Maxim De Cuyper, Thomas Meunier et Timothy Castagne ont réparti quatre buts et six passes décisives sur la campagne qualificative.

4. Les Diables et la domination stérile

Résultat: on a beaucoup parlé de problèmes offensifs au sein d’une campagne qualificative que la Belgique a pourtant conclue avec une moyenne de 3,6 buts par match seulement surpassée par la Norvège. Il faut dire que les treize buts inscrits contre le Liechtenstein n’y sont pas pour rien, tout en rappelant que les Diables ont également marqué huit fois en deux rencontres face à leur ancienne bête noire galloise.

Pourquoi donc cette sensation de gâchis offensif? Sans doute parce que les trois partages contre la Macédoine du Nord (à deux reprises) et le Kazakhstan ont marqué les esprits. Sur ces trois rencontres, la Belgique n’a marqué que deux fois malgré 62 tentatives vers le but adverse, dont 17 cadrées. Surtout, la sélection s’est installée sans partage dans le camp de son adversaire, touchant 193 ballons dans le rectangle offensif en 270 minutes. Au bout de ces éliminatoires, les 490 ballons touchés dans la surface adverse par les Diables sont d’ailleurs la référence européenne incontestable, avec plus de 100 touches d’avance sur la Croatie, son plus proche poursuivant. Sans pour autant faire exploser systématiquement un feu d’artifice offensif, et surtout sans la garantie de ramener les trois points à chaque fois.

5. 75% des points, une qualif minimaliste

Jamais, depuis leur retour dans le giron des grandes compétitions internationales en 2014, les Diables n’avaient égaré autant de points sur le chemin des qualifications. Toujours invaincus depuis une décennie, les Belges ont toutefois réalisé trois matchs nuls qui ne leur ont permis de prendre que 75% des points mis en jeu sur la route américaine.

Parmi les onze autres qualifiés européens, seuls l’Ecosse (versée dans le même groupe que le coriace Danemark) et le Portugal ont fait moins bien. Ce contenu chiffré-là n’est sans doute pas le préféré de Rudi Garcia, mais il indique que les Diables ne sont probablement pas encore prêts pour lutter avec les grandes nations de leur continent sur le chemin sinueux d’une Coupe du monde.

L’avantage, c’est que la Coupe du monde ne commence que dans sept mois.

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