La romance entre Obbi Oulare et le Standard va bientôt prendre fin, après deux ans et demi. Pourtant, le robuste attaquant commençait à refaire surface, physiquement et mentalement.
Le 30 août 2018, le Standard ne pouvait dissimuler sa joie en présentant Obbi Oulare à la presse et au public, après trois mois de négociations. L’arrivée d’Oulare, prêté par Watford pour une saison avec option d’achat, était le point final d’un plan prestigieux, élaboré par le nouvel entraîneur, Michel Preud’homme. Avec Mehdi Carcela, Luis Pedro Cavanda, Zinho Vanheusden, Senna Miangue, Orlando Sá, Samuel Bastien et Maxime Lestienne, le Standard était suffisamment armé pour convoiter le titre, pour la première fois depuis 2009.
Deux ans et demi après ce coup d’éclat, le Standard compte ses sous. Dans sa quête de stabilité sportive et financière, la direction a décidé de sacrifier Oulare, entre autres. Alors qu’il y a quelques mois, les Rouches avaient refusé de laisser partir Bastien, tout le monde peut désormais s’en aller en cas de bonne offre. Vendre ce qui est négociable est devenu la devise de Sclessin. Dans le cas d’Oulare, ce n’est pas seulement une question d’argent: en coulisses, on raconte qu’il ne s’entend plus avec Bruno Venanzi depuis un certain temps. Les Liégeois affirment en outre qu’Oulare n’a pas répondu aux attentes placées en lui. Les statistiques semblent donner raison à Venanzi et Cie. L’attaquant n’a disputé que 42 matches, alors qu’il en est à sa troisième saison. Il n’a disputé que dix rencontres en Europa League et n’est pas entré en action en Coupe de Belgique. Et il n’a inscrit que cinq buts.
Leye était convaincu de pouvoir exploiter à fond le potentiel d’Oulare.
Indépendamment de ces chiffres, Mbaye Leye était un fan d’Oulare, et était convaincu de pouvoir exploiter à fond le potentiel de l’avant de 25 ans, mais le nouvel entraîneur a été dribblé par ses patrons, qui veulent mettre un terme définitif à leur collaboration avec le joueur. Pourtant, même la direction doit reconnaître que les choix tactiques de Philippe Montanier n’ont pas servi Oulare. Il s’épanouit quand il est associé à un joueur rapide et qu’il est constamment approvisionné. Or, ces deux aspects ont fait défaut depuis le début de la saison. Ici et là, on raconte que le manque de clarté tactique a paralysé les joueurs. Le fait que ni Felipe Avenatti, ni Duje Cop, ni Jackson Muleka n’aient pu s’imposer en attaque démontre qu’Oulare n’est pas la seule origine du problème.
Oulare connaît son sort. Bien que Montanier lui ait offert peu de temps de jeu, qu’il ait été blessé et renvoyé dans le noyau B, il gère tranquillement sa situation. Par exemple, il n’a pas fait de vagues quand le Français a posté en pointe des ailiers et des médians offensifs comme Selim Amallah, Maxime Lestienne, Michel-Ange Balikwisha ou Abdoul Tapsoba. « Dans ces conditions, n’importe quel attaquant douterait de lui-même », déclare un membre de l’entourage d’Oulare. « Mais contrairement à avant, il est désormais ouvert à toute critique constructive. »
Cette saison, Oulare s’est défait de la fragilité qui le gênait depuis son arrivée à Liège. Le 20 décembre, il a dû être remplacé contre Mouscron. C’était sa première blessure en cinq mois. Oulare a pris un nouveau départ en août et a rectifié une série de détails qui l’empêchaient d’être performant chaque semaine. L’attaquant a subi une transformation impressionnante: il a changé de bureau de management, a modifié son régime alimentaire – un chef lui livre des repas à domicile deux fois par semaine – et il consacre plus de temps au renforcement musculaire. Fait étrange, ces dernières années, ses employeurs ne l’ont jamais poussé à adapter son comportement. Oulare a compris juste à temps qu’il devait changer, mais ses efforts n’ont finalement pas été suffisants pour lui permettre de rester plus longtemps à Sclessin.